Que se passe-t-il dans un cerveau qui apprend (et comment motiver les élèves ?)

Interviewé par le magazine Kaizen, Daniel Favre, professeur honoraire en sciences de l’éducation à l’université de Montpellier et auteur de « Cessons de démotiver les élèves« , partagent avec nous le fonctionnement du processus d’apprentissage. C’est très interessant, tant sur le plan purement méthodologique que dans le psychologie de l’enfant.  Ce sont là des informations essentielles pour les parents enseignants qui sauront y trouver les outils pour mieux accompagner les enfants.

En voici les 3 étapes :

  1. « Je ne sais pas que je ne sais pas » 
    Je reste dans du « connu » et m’y sens en sécurité. Je suis dans ma zone de confort. Puis l’apprentissage démarre.
  2. « Je ne sais pas »
    Je suis maintenant conscient que je ne sais pas et donc je doute. La sensation de confort laisse la place à de la frustration et de l’anxiété pas forcément forte mais obligatoire. Je me pose des questions : « Vais-je y arriver ? » « Que diront les autres si je rate ? » « Si je me trompe, va-t-on encore m’aimer ? » . Cette peur, c’est le prix biologique à payer devant toute situation nouvelle. Si l’on parvient à traverser cette phase sans être trop perturbé émotionnellement, et qu’on continue à chercher sur un plan cognitif, au bout d’un moment, on comprend ! Lorsqu’on bloque sur un apprentissage, ce n’est pas pour une raison cognitive mais parce que, sur un plan émotionnel, on ne supporte pas cette phase.
  3. « Je m’accroche, je réussis, je comprends et c’est très agréable ! »
    Cette phase de compréhension suite aux efforts est une source d’émotions agréables. Je n’ai pas besoin d’être félicité ou d’avoir une bonne note pour ce que je viens de réaliser car la récompense est endogène. Face à une réussite, le cerveau produit de la dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans les circuits du plaisir et de la récompense. À cette étape, on n’est motivé par l’innovation qui est le moteur de l’être humain. C’est elle qui nous rend curieux.

 

Dans la suite de l’entretien, Daniel Favre nous explique que cette motivation pour l’innovation peut être en berne… La cause en est le système de « bâton et carotte » trop largement pratiqué à l’école (ou dans les familles).

L’enfant perd la motivation intrinsèque d’apprendre, pourtant initialement naturelle, pour se reporter sur la conformité aux normes extérieures. Tu respectes les normes (tu as de « bonnes notes »), tu es récompensé. Tu ne respectes pas les normes, tu es puni avec un risque d’exclusion sociale. Cette externalisation du processus a une autre conséquence : la déresponsabilisation. On ne prend alors plus la responsabilité d’une erreur (qui est stigmatisée) mais on l’incombe à la maitresse, à un événement particulier, aux voisins de classe qui nous distraient,…Du coup, difficile de se motiver et de travailler pour soi…et facile de rejeter la faute sur autrui.

 

Afin de restaurer la motivation pour l’innovation, il est essentiel de créer un climat de sécurité :

  • on encourage,
  • on ne fait pas de contrôle surprise,
  • il est impliqué dans le processus d’évaluation,
  • on lui laisse le temps de se tromper et de recommencer sans le juger.

Sans cela, l’élève peut devenir accro à l’idée qu’il ne peut pas réussir, qu’il est nul, et s’accrocher au plaisir, souvent inconscient, d’être exempté d’efforts.

 

La suite est à lire sur Kaizen Magazine actuellement en kiosque.

 

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