Parents hélicoptères : quand la surprotection entrave le développement et le bonheur de l’enfant
|Le terme « parent hélicoptère » désigne un parent qui « plane » au-dessus de son enfant pour le diriger vers le « meilleur » avenir qui soit, ou encore qui vole à son secours dès qu’un problème se présente. (via)
Comme vous le savez, je n’aime pas les étiquettes de ce type car elles « figent » un état mais il me semblait important de décrypter cette appellation imagée et surtout d’en décrire les actions éducatives qui la constituent car les conséquences ne sont pas négligeables.
Cette « surprotection » de chaque instant poserait en effet plusieurs problèmes de développement pour les enfants :
- retard dans l’autonomie
- estime de soi dégradée
- peu de résistance à la frustration
- faible capacité à décider, résoudre des problèmes et à prendre des initiatives
- intelligence relationnelle peu développée
- créativité en berne
- peur de l’échec paralysante
Ces facteurs augmentent les risques de comportements déviants, de dépression, et d’échec scolaire en grandissant.
Heureusement, nous pouvons ajuster le curseur sans tomber dans le laxisme (aussi dommageable que la surprotection).
Madeline Levine, psychologue et auteure de « The price of privilege » explique qu’il y a 3 attitudes à adopter pour favoriser l’autonomie et éviter des dommages sur le long terme :
- ne pas se substituer à l’enfant lorsqu’il sait faire par lui-même
- ne pas se substituer à l’enfant lorsqu’il sait presque faire par lui-même
- prendre conscience et désamorcer les comportements parentaux dictés par l’ego
Développons et complétons ces 3 conseils :
Les 6 réflexes du lâcher-prise parental
Le premier réflexe de lâcher-prise est de ne pas se substituer à un enfant lorsqu’il est capable de faire quelque chose.
Ainsi, nous sommes nombreux à prendre la parole à la place de nos enfants quand quelqu’un leur pose une question. Je l’ai encore constaté aujourd’hui. Une personne âgée demandait à un garçon qui devait avoir 7 ou 8 ans si la reprise scolaire s’était bien passée, si les vacances avaient été bonnes, etc. A chaque fois, la mère du garçons répondait si bien que l’enfant finit par se désintéresser de l’échange, visiblement frustré.
La mère avait probablement peur que son fils s’exprime mal, ou bafouille,…elle se serait alors senti honteuse face au possible jugement de la personne âgée.
Comment cet enfant pourra-t-il s’améliorer si on lui ôte des occasions de s’exercer ?
Ce premier réflexe se résume avec cette citation de Haim Ginott :
On les aide davantage en ne les aidant pas.
Le deuxième réflexe de lâcher-prise est de questionner l’enfant qui nous interroge : « Je mets quoi demain pour m’habiller ? » « Comment je pourrais faire pour résoudre ce problème de math ? »
A cela, il est important de demander à l’enfant son avis : « qu’en penses-tu ? » « selon toi, quelle est la meilleure solution ? ».
Je comprends que ce ne soit pas évident pour nous, adultes expérimentés, surtout si nous avons la réponse à la question, cette réponse qui permettrait de gagner tellement de temps et d’efforts !
Quand nous répondons par une question à une question, on permet à l’enfant de réfléchir, d’écouter ses émotions, de prendre une décision, de tester et de recommencer, jusqu’à trouver une solution. Ce cheminement contribue à renforcer l’estime de soi.
Ce sont les échecs qui apportent le plus dans la vie.
Le troisième réflexe est d’encourager et de rappeler les réussites passées : « je te fais confiance pour trouver une solution. », « Tu n’as pas encore réussi et je vois qu’il te reste encore de l’énergie et des idées pour y arriver. », « tu as rencontré les mêmes difficultés lors de ta dernière épreuve et tu as quand même réussi. » « Tes efforts vont porter leur fruit. »
Une autre façon de procéder pour encourager est de tenir avec l’enfant un cahier des réussites où vous pourrez même noter les stratégies et astuces employées.
Le quatrième réflexe est de travailler sur l’intelligence émotionnelle de votre enfant. Pourquoi ? Car l’enfant doit avoir confiance en ce qu’il ressent. Les émotions sont des guides. Je vous invite à vous servir des outils présents ici et de lire cet article à ce sujet.
Le cinquième réflexe est de déléguer des tâches du quotidien à nos enfants : car ils aiment être et se sentir utiles. Ces tâches ne sont pas dévalorisantes. Ce sont des expériences valorisantes car vous leur faites confiance et ces tâches contribuent au bon fonctionnement de la maison. Exemple : mettre la table, laver les vitres, aider à ranger, essuyer la vaisselle, plier le linge,… Tout cela renforce l’autonomie et la confiance en soi de l’enfant et le fait se sentir « grand ».
Le sixième réflexe est d’apprendre à se relaxer et à maitriser nos ruminations mentales. Cliquez sur les liens pour vous y entrainer.
Sources :
wikipedia : parent hélicoptère
« Parents épanouis, enfants épanouis » d’Adele Faber et Elaine Mazlish.
Kids of helicopter parents are sputtering out (slate)
Mes parents sont comme ça. A leurs yeux, j’ai l’impression d’être une pauvre petite chose qui ne sait rien faire elle-même. D’un côté, j’ai une petite voix -et certaines personnes- qui me disent qu’ils sont si gentils, qu’ils font tout pour moi (comment pourrais-je donc leur reprocher quoi que ce soit, n’est-ce pas…). Et quand on est pris là-dedans depuis tout petit, c’est dur d’en sortir, parce que oui, effectivement, ils ne sont pas agressifs ni rien, c’est parfois difficile de voir qu’ils sont encore en train de faire à ma place. Surtout mon père, j’ai beau lui dire, lui répéter que je préfère faire telle chose moi-même, à chaque fois que je le vois, il recommence. Si ça tombe dans un moment où je n’ai pas la force de répondre, je laisse faire et je me sens encore plus mal, parce que je trouve ça très intrusif et doucement violent : c’est comme si il venait à ma place, comme s’il était moi et que je n’existais plus.
« L’enfer est pavé de bonnes intentions », dit-on.
Je ne parle que de mon expérience ici, mais ça résonnait tellement que je voulais la partager, de mon point de vue de jeune adulte…
J’ai vécu l’inverse de toi avec mon père.
Lui, me laissait me gérer entièrement seule, peut importe la difficulté de la tâche ou mon jeune âge.
Globalement ça aurait pu aller sauf qu’à cela s’ajoutait sa continuelle insatisfaction…
Je devais toujours décider seule et d’après lui je faisais toujours le mauvais choix… Et il ne m’aidait/aiguillait/indiquait jamais rien pour autant … C’est comme jouer à un jeu sans les règles ou faire des maths sans savoir compter !
C’est frustrant, dévalorisant et humiliant… Je n’ai encore aujourd’hui (24 ans) que très peu de confiance en moi, en mes capacités et j’ai une grande peur de l’échec (ayant le sentiment de l’avoir vécu en continue pendant mon enfance)…
On peut voir ici, à la différence de nos témoignages et pourtant à la similitude du ressenti qu’ils nous ont donné, que l’important dans l’éducation d’un enfant c’est de l’écouter… Parfois l’enfant sait, mieux que n’importe qui, ce dont il a besoin: toi, avec tes parents: de l’autonomie et moi avec mon père: de l’aide.
Je fais de l’équitation depuis mon plus que j’ai 3 ans. En début d’adolescence j’allais déjà en concours nationaux et certaines fois cela durait un week end entier. Il m’emmenait, me déposait, me donnait de l’argent et repartait. Me laissant, seul avec les parents des autres enfants gérer mes réservations d’hôtel ou de gite ainsi que le box, la nourriture et les soins du cheval (en plus du stress de la compétition). Comme j’avais l’habitude de décevoir mon père, d’être « nulle », un fardeau, j’ai vite pris l’habitude de ne jamais demander d’aide, à personne, sous aucun prétexte, quitte à rester bloquée sur un problème pendant des heures/jours/semaines/mois: attitude très handicapante mais encrée en moi comme un réflexe de survie …
Bref…
Que je gagne ou non les concours il y avait toujours des impairs de ma part mais quand je ne gagnais pas les retours étaient les heures de route les plus longues de ma vie… Cumulant fatigue, descente de stress, déceptions et reproches … Dur dur quand on a 12 ans ou à peine plus.
A côté de cela je ne pouvais parler de mon mal être à personne … Et oui, qui oserait se plaindre en ayant des box, des prés, des chevaux et en sortant régulièrement en compétition de haut niveau ?
A ce niveau nos expériences se rejoignent: toi qui ne peux te plaindre car « tes parents font pour toi » et moi qui ne peux me plaindre car « j’ai trop de la chance que mon père me paye tout ça » …
Le sentiment qui ressors de tout ça, pour ma part, c’est de la culpabilité.
J’ai longtemps culpabilisé d’être qui je suis et d’être comme je suis. J’ai longtemps eu honte d’exister ne comprenant pas quel mérite j’avais pour être en vie (comme ci il fallait mériter sa place ici avant même d’avoir entrepris quoi que ce soit dans la vie ><).
Parallèlement à cela j'ai eu la chance d'avoir une mère exceptionnelle (ils ont divorcés quand j'avais 3 ou 4 ans) qui "faisait contrepoids" en étant toujours très positive (surement pour cela que je m'en sors pas si mal au final XD) mais une mère est une mère et un père est un père et l'impact qu'ils ont dépend de bcp de chose (et notamment du sexe de l'enfant), alors j'ai quand même de grosses séquelles de cette continuelle humiliation qu'était la relation que j'avais avec mon père.
Je ne sais actuellement toujours pas comment me comporter avec mon propre père, craignant toujours les reproches et les méprises … A force d'introspections et de réflexions j'en suis arrivée à la triste conclusion que je ne serais jamais libérée de lui … Car que j'agisse selon les réflexes auquels il m'a conditionné ou en opposition à ceux ci, je reste dans une réaction en rapport direct avec SA vision des choses à lui et non la mienne …
En plus de cela, j'ai très peur de la façon dont je vais pouvoir gérer le deuil quand il "partira" …
Désolée pour le "pavé" mais ton commentaire m'a aussi donné envie de partager. Si cela peut aider certains à comprendre des choses, c'est du bonus =)
Waouh, merci pour ce partage. C’est vraiment très intéressant de voir que les extrêmes produisent in fine les mêmes sentiments, les mêmes blocages et les mêmes émotions.
Je voulais rebondir sur certains passages. Quand tu dis : « A force d’introspections et de réflexions j’en suis arrivée à la triste conclusion que je ne serais jamais libérée de lui … Car que j’agisse selon les réflexes auquels il m’a conditionné ou en opposition à ceux ci, je reste dans une réaction en rapport direct avec SA vision des choses à lui et non la mienne « , je comprends tout à fait. Cette impression que, quoique l’on fasse, c’est toujours par rapport à eux – lui. « Je décide d’être comme ça, parce qu’eux ne l’étaient pas. » « Ah tiens je remarque que je réagis comme eux/parce que eux ont agi comme ça avec moi. ». Je me sens tellement impuissante et triste, avec un sentiment de fatalité dans ces cas-là. Maintenant, je pense, contrairement à ta conclusion, qu’on peut s’en libérer. Avec force temps et patience. Il s’agit de trouver sa propre vision des choses, justement. Sa voix. Alors, bien sûr, on ne peut se défaire totalement de ce qu’on a vécu, il y aura probablement toujours des choses qui gêneront, mais je suis persuadée qu’on peut se trouver soi. Être ce parent bienveillant et qui écoute l’enfant intérieur, l’enfant que nous étions… nous donner ce qu’on aurait aimé recevoir… Je viens de tomber sur cette citation : « Soyez à vous-mêmes votre propre lumière. Soyez à vous-mêmes votre propre refuge. » – Bouddha. Et probablement se positionner clairement, dire stop, exprimer ce qu’on ressent et/ou se protéger en mettant de la distance… C’est un chemin difficile, parsemé de montagnes russes mais je refuse la fatalité de l’enchaînement perpétuel :).
J’ai comme vous eu une mère omniprésente, très gentille, qui s’imposait dans ma vie en voulant m’aider. Elle était veuve, elle a donc tout reporté sur ses enfants. Quand je suis devenue mère, elle imposait sa vision du monde à mes enfants et s’incrustait dans mon couple sous prétexte d’aider.
A l’âge de 40 ans, et suite à une fibromyalgie, j’ai fait une thérapie et ai pris conscience de cette relation toxique. D’autant plus difficile à identifier que les gens autours trouve ce genre de personne gentille et disent la « chance » d’avoir une telle maman.
Ayant pris conscience de la situation, j’ai tenté de faire bouger les choses, mais j’avais à faire à un mur. La seule solution que j’ai trouvé c’est de couper les relations avec ma mère et une grande partie de ma famille. Après mon divorce, elle a tenté de s’incruster chez mon ex-mari pour « aider » auprès des enfants. Il a essayé de lui faire comprendre qu’elle prenait trop de place, et a dû lui aussi la mettre à la porte. Pas facile de trouver une solution moins radicale quand la personne toxique refuse toute remise en question. Depuis que j’ai coupé les ponts, je revis et j’apprends à prendre confiance en moi. Pas facile. Il y a un gros décalage entre mon âge sur le papier et mon immaturité au niveau relationnel et décisionnel. Comme vous, des gens autour de moi m’aident. Il n’y a pas d’âge pour aller mieux, vivre et être heureux. 🙂
Excellent article !
Merci