Méditer au lieu de punir : une idée efficace pour cultiver la bienveillance et le vivre-ensemble
|Nous l’avons vu dans de nombreux articles, les punitions sont nocives pour les enfants. À l’image des récompenses, elles les rendent dépendants (voir cette vidéo). De plus, les punitions alimentent l’idée binaire et fausse que la vie est basée sur un rapport de force constant entre celui qui punit et celui qui est puni, un dominant omnipotent contre un dominé entravé.
Autre inconvénient de taille des punitions : elles sont dirigées vers les conséquences et non vers les causes.
En effet, lorsqu’un enfant commet une « erreur » ou adopte un comportement désapprouvé, il est plus interessant et constructif de chercher l’origine du comportement que de sanctionner la finalité.
Car à partir des origines possibles, nous pouvons l’aider à agir différemment, ce qui signifie qu’il va créer un nouveau chemin (neuronal et réel) qui n’aboutira plus au comportement désapprouvé. Et il sera motivé intrinsèquement pour emprunter ce chemin car il se sentira responsabilisé et valorisé. Il sera alors dans une phase d’apprentissage consciente et non dans une phase de conditionnement par la peur (réflexes archaïques d’attaque/défense/immobilisme face à une menace).
L’absence de punition n’est pas du laxisme. C’est plutôt une approche qui laisse place à des gestes empathiques et humains qui permettent au cerveau des enfants de garder leurs capacités de raisonnement et donc d’apprentissage (concentration, mémorisation).
Ce constat est valable pour un ou plusieurs enfants. Nous avons pu récemment l’observer avec l’expérience menée dans l’école primaire Coleman à Baltimore aux USA. Cette école est située dans un quartier défavorisé de la ville.
Le projet mis en place a consisté à remplacer les punitions par des temps de respiration et de méditation.
Une salle de méditation a donc été aménagée. Lorsqu’un enfant perturbe la classe ou se montre agressif, on lui demande d’aller dans cette salle pendant 20 minutes pour évacuer son stress et se détendre. Quand il est calmé, il réintègre la classe.
Depuis la mise en place de ce système, les suspensions d’élèves se sont arrêtées et le climat en classe est beaucoup plus apaisé.
Certains élèves s’appuient sur ce lieu pour réparer leur état émotionnel par rapport à des expériences vécues à la maison comme le prouve ce témoignage d’une élève :
« Ce matin, j’étais en colère contre mon père. Mais je me suis souvenue qu’il suffisait que je respire et je n’ai pas crié ».
Il est évident qu’il ne suffit pas d’ouvrir une salle avec la mention « salle de méditation » sur la porte pour que cette démarche ait des effets positifs. Il est essentiel d’accompagner les enfants en leur faisant pratiquer des exercices de respiration ou de verbalisation émotionnelle en classe (avec comme outil une roue des émotions par exemple).
Lorsqu’une crise se déclenche, l’adulte doit se mettre au niveau de l’enfant, montrer de la compassion en décrivant ce qu’il voit sans juger et garder lui-même son calme en rappelant les règles. Car les émotions submergent l’enfant et il a besoin de l’adulte pour l’aider à reconnecter son « cerveau qui réfléchit » en posant des mots sur ce qu’il ressent notamment.
La salle de méditation (ou tout autre lieu de retour au calme) n’est pas un isolement forcé de l’enfant. Cela peut prendre la forme d’un choix :
- soit respirer à sa place en classe
- soit intégrer cette pièce (ce qui est aussi l’occasion de s’éloigner de la source potentielle de la perturbation pour retrouver ses esprits)
Petit-à-petit, ce lieu refuge peuplera l’imaginaire des enfants qui pourront y avoir recours quand ils le souhaitent en s’imaginant à l’intérieur.
Quelques idées pour décorer et meubler ce lieu :
- un pouf pour se reposer
- un tapis de yoga/gym
- un coussin de méditation
- des photos de paysages apaisants
- une affiche de météo intérieure
- de la musique douce
- des crayons et du papier
- de l’eau pour s’hydrater
- des jouets ou statues souriants ou inspirants
Inspiration : « J’apaise mon enfant en 5 minutes » de Lila Rhiyourhi