La sécurité émotionnelle (et la théorie de l’attachement)

Dans un monde où tout s’accélère, où les écrans captent notre attention et où les liens se distendent, Anne Raynaud-Postel — médecin psychiatre et fondatrice de l’Institut de la Parentalité — nous rappelle une évidence trop souvent oubliée : nous avons besoin les uns des autres pour grandir, nous développer et rester en bonne santé psychique.

Lors de sa conférence TEDxBordeaux, elle pose un constat fort : le lien humain est le socle de notre bien-être individuel et collectif.

Le lien, besoin vital dès la naissance

Dès la naissance, l’être humain est vulnérable et dépendant. Il a besoin d’une figure de soin qui réponde à ses besoins physiques, affectifs et émotionnels.
Ce besoin d’attachement est universel. Lorsqu’il est comblé de manière stable et cohérente, il offre à l’enfant un sentiment de sécurité émotionnelle indispensable pour explorer le monde, apprendre, s’ouvrir aux autres et développer sa confiance en lui.

À l’inverse, un lien instable ou insécurisant peut laisser des traces profondes et durables : anxiété, méfiance, difficultés relationnelles, voire troubles psychiques.

La sécurité émotionnelle, base de l’épanouissement

Anne Raynaud-Postel souligne que ce n’est pas la quantité de liens qui compte, mais la qualité des liens :

• une présence véritable,

• une attention sincère,

• une écoute bienveillante,

• une cohérence dans les réponses affectives.

Se sentir en sécurité dans la relation est la condition pour oser être soi, prendre des risques, apprendre, et même pour réguler son stress.

Un enjeu pour toute la société

Protéger ces liens ne relève pas seulement de la sphère familiale : c’est un défi collectif.
Dans une société marquée par l’individualisme et l’isolement, nous avons à recréer des chaînes de confiance autour des plus vulnérables : les enfants, mais aussi les personnes isolées, fragilisées, ou en souffrance.

Cela suppose de :

• former les professionnels de l’enfance, de la santé et de l’éducation à l’importance de la sécurité affective,

• soutenir les parents dans leur rôle relationnel,

• encourager des environnements bienveillants dans les crèches, les écoles, les quartiers, les entreprises.

Prendre soin du lien, c’est prendre soin de l’avenir

Prendre soin du lien, c’est investir dans la prévention : plus les enfants grandissent entourés de relations stables, sécurisantes et bienveillantes, plus ils deviennent des adultes confiants, empathiques et résilients.

Anne Raynaud-Postel nous invite à voir chaque geste de soin, chaque écoute, chaque regard attentif comme une brique dans l’édifice de notre humanité commune.

 

À lire : « La sécurité émotionnelle de l’enfant » de Dr Anne Raynaud