Éducation : quand la joie nous montre le chemin
|Isabelle Filliozat a consacré le sixième chapitre de son livre « les chemins de la joie » à l’éducation.
Elle nous indique de quelle façon nous pouvons orienter nos choix et nos comportements autour de cette fabuleuse émotion. J’adore !
Les enfants sont naturellement joyeux. Une tendance que nous avons oubliée, nous les adultes… Cette joie s’exprime d’abord dans le mouvement.
Un besoin d’espace et de liberté
Isabelle Filliozat évoque l’énergie inépuisable des enfants, ce besoin de jouer, de courir, de sauter…cette soif de liberté ! Elle cite le jardin d’enfant conçu par l’architecte Takaharu Tezuka à Tokyo. A ce sujet, je vous invite à regarder ce Tedx (sous-titré en français). Génial !
Faire tout seul
L’auteure continue à nous invitant à accorder plus de confiance aux enfants, à les laisser faire leur expérience (dans un cadre néanmoins sécurisé) sans les sur-protéger ou se substituer à eux afin qu’ils gagnent en autonomie. Eloge de la motricité libre et de la prise de risque mesurée !
« Lorsqu’un petit d’un an réussit à faire quelques pas sans mettre fesse à terre, il rayonne ! Peu à peu, l’enfant apprend à maitriser ses gestes, il affine sa motricité fine, développe ses muscles, son équilibre…chaque fois qu’il réussit quelques chose qu’il ne savait pas faire avant, il est fier, lumineux ! »
L’attachement sécure : une base de l’estime et de la confiance en soi
Le tout-petit se lancera dans des explorations extérieures uniquement s’il a une sécurité intérieure. Celle-ci se construit par l’attachement avec une figure bienveillante. Si ce lien est déficient, difficile pour lui de se développer harmonieusement. L’attachement s’établit grâce à des contacts, de l’empathie, de l’écoute, de l’amour, de l’attention. (voir cet article)
Communiquer et fabriquer des souvenirs
Il n’y a pas de joie sans réelle communication. Celle-ci consiste à se poser, ralentir, écouter et partager des émotions. Cette communication est guidée par des questions telles que « Qu’est-ce que tu as préféré dans ta journée ? » plutôt que « Qu’est-ce que tu as fait à l’école aujourd’hui ? » ou en s’appuyant sur l’imaginaire et la créativité. Chacun peut ainsi montrer l’exemple, lors du diner, en pratiquant un rituel de gratitude par exemple. Et, n’oublions pas d’évoquer les émotions plus désagréables pour s’en libérer. Prenons conscience que la qualité des instants passés ensemble prime et nourrit les souvenirs auxquels le futur adulte se réfèrera tout au long de sa vie. Parmi ces moments, le jeu en famille occupe une place importante. Le jeu est même le travail de l’enfant comme dirait Lawrence Cohen cité par Isabelle Filliozat pour son livre « qui veut jouer avec moi ». Alors, rentrons à notre tour dans leur monde. Amusons-nous en quittant notre masque de « grand » !
Accueillir la joie des enfants
La joie des enfants est parfois difficile à entendre par des adultes qui réagissent alors par une forme de répression. Peut-être parce que cette joie parait trop incontrôlable…ou peut-être que nous sommes trop engoncés dans un tissu de jugements entendus, reproduits et transformés en croyances limitantes.
Oublions ces jugements pour nous reposer sur nos sens et partager nos émotions dans l’ici et maintenant. Préférons décrire ce que nous les voyons réaliser en leur montrant ainsi notre attention et témoignons à la premiere personne (je) de ce que nous ressentons pour ne pas les influencer. (voir cet article)
Les récompenses sont des punitions
Parmi les parasites de la joie, Isabelle Filliozat cite les récompenses. Car les récompenses font que les enfants ne font plus selon leur volonté, mais dans l’attente de quelque chose. Les récompenses génèrent une motivation extrinsèque qui tue la motivation intrinsèque et crée de la dépendance.
« Les récompenses sont efficaces pour obtenir de l’obéissance, pas pour enseigner un comportement. »
La joie d’apprendre…loin de l’école conventionnelle ?
Et si on changeait le vocabulaire autour de l’apprentissage pour retrouver la joie d’apprendre et balayer la notion de contrainte ?
« Devoirs » « Problèmes » « tâches » « programmes »…
Et si nous bannissions aussi les notes et le stress qu’elles provoquent en plus de l’esprit de compétition qu’elle alimente ?
« Notre cerveau est une machine à apprendre, tout humain est naturellement curieux. »
Isabelle Filliozat évoque le film « être et devenir » en guise d’exemple de non-scolarisation et d’autonomie d’apprentissage :
« Pour retrouver la joie d’apprendre, nous avons tout d’abord à retrouver la liberté. »
Le réservoir d’amour de tous
Si les besoins en amour de tous ne sont pas remplis au sein de la famille, il est impossible de trouver une harmonie.
Pour conclure :
« L’éducation à la joie, c’est beaucoup de rires et de moments de partage et un maximum de liberté de mouvement, d’apprentissage, d’essai et de permission de faire des erreurs, de jeu, de liberté de choix, de décision, de responsabilité et d’accomplissement. »
Exercice
Isabelle Filliozat propose un exercice pour cultiver la joie :
Qu’est-ce qui est le plus important dans ma vie ?
Est-ce que mon agenda reflète cela ?
Je consacre du temps de rires, de jeux et de joie aux gens que j’aime.
Je considère chaque instant comme unique.
Je m’émerveille.
Et je partage mon émerveillement avec les enfants.
« Les chemins de la joie » d’Isabelle Filliozat est disponible sur :
Bonus :
Merci pour cet article. Je n’ai pas lu ce livre, et je trouve très intéressant le fait que Filliozat rapproche l’autonomie du tout petit de la joie. C’est évident qu’on y pense !
En tout cas, ce thème de joie est justement l’une de mes préoccupations du moment, alors ton article tombe bien..
https://les6doigtsdelamain.com/la-joie-comme-intention/