Education : pourquoi j’ai remplacé l’expression « je suis fier de toi »
|« Je suis fier de toi » est une expression commune qui peut avoir certains effets désagréables chez les enfants et aussi chez les adultes.
En effet, la notion de fierté est tout-de-même très ego-friendly. J’entends par là qu’il s’agit d’un jugement sur la personne (soi-même) et j’y vois donc un premier inconvénient : un jugement sur la personne à l’instant t. Le « soi » d’ici et maintenant est digne de fierté. Quid du « soi » de demain ou d’hier ? Qu’est-ce qui constitue un « soi » digne de fierté ?
Deuxième inconvénient : le « je suis fier de toi » peut être compris et réclamé comme une récompense. « Es-tu fier de moi ? ». Or, on sait que les récompenses ne permettent pas de cultiver de motivation intrinsèque, celle qui permet de progresser et de s’épanouir sans attendre le jugement d’autrui. Les enfants qui n’ont pas leur preuve de fierté parentale sur leur personne pourraient donc ressentir de la tristesse, du découragement et être en baisse d’estime.
Ces deux inconvénients se résument donc ainsi.
- la notion de fierté parle à l’égo, qu’elle nourrit, figeant un « être » plutôt qu’un « faire »
- elle encourage à attendre un jugement extérieur positif en guise de récompense, annihilant la motivation intrinsèque
« Je suis fier de toi » est donc un bonbon pour l’ego, qui, si on lui laisse trop de pouvoir, peut devenir un vrai tyran dans la vie.
Alors par quoi remplacer « je suis fier de toi » ?
J’y vois une première alternative : « je suis fier de ce que tu fais » suivi d’une description de ce que l’enfant a fait.
Cet angle d’analyse est top pour les enfants car :
- il donne la preuve de notre attention
- il les encourage à faire pour être (tout est mouvement, on peut progresser)
- il les invite à mémoriser ce qu’ils ont fait car on leur décrit d’un point de vue extérieur (renforcement positif favorisé)
Défaut : on a encore la notion de fierté/ego. Passons à la suite.
Deuxième alternative : supprimer la notion de fierté pour se recentrer sur l’émotion.
Plutôt que de parler de « fierté » (tête), évoquons nos émotions (coeur) par ce type de phrase :
« j’aime te regarder faire ceci »
ou encore :
« je suis heureux quand je vois … »
Cette approche est sympathique car elle aide aussi les enfants à développer leur propre intelligence émotionnelle.
Troisième alternative : la gratitude
La gratitude rend heureux. Au lieu de dire « je suis fier de toi », disons « merci pour ce que tu as fait ».
Et si vraiment nous souhaitons tenir un discours inconditionnel et affectueux sur l' »être », utilisons « je t’aime » qui vaut toutes les autres démonstrations. 🙂
Faut-il préciser, un « Je t’aime » tout court 😉 et pas un « Je t’aime car tu as fait ci ou ça », qui supposerait que l’amour est subordonné à un acte, alors qu’on parle bien d’amour inconditionnel, quel que soit l’acte (apprécié, acceptable ou pas)
Le « merci pour ce que tu as fait » me dérange d’avantage que le « j’aime te voir faire… ». Notre bonheur ne doit pas dépendre de la capacité de notre enfant à »faire ». De mon banal point de vue de jeune maman, j’aime voir ma fille « faire de nouvelles choses » sans pour autant la souhaiter plus précoce que d’autres dans tel ou tel apprentissage. J’ai la chance d’avoir une enfant qui se développe »dans la norme » et ne recherche rien de plus. J’aime la voir grandir, apprendre, mais ne souhaite pas la remercier… ce n’est pas pour moi qu’elle soit grandir mais pour elle….
Et pourquoi pas rendre à César ce qui lui appartient? En remplaçant le « je suis fièr(e) de toi » par « tu dois être fier(e) de toi?
Je me disais la même chose. Car je trouve que l’on retombe tout de même dans le même système de récompense.
Ma fille me demande souvent si je suis fière d’elle, alors que ce n’est pas un terme que j’utilise. Ça m’embête, mais ça me donne l’occasion d’argumenter.
En accord total avec cet article, mais il dépasse largement le cadre d’une éducation…. quand une femme dit à son mari – et pire encore devant temoin – «je suis fière de mon mari», cela a pour effet aussi de faire dépendre le jugement qu’il a sur lui même de l’oeil de sa femme, et donc de se l’attacher en le manipulant. Ni amour (qui doit etre effectivement inconditionnel) ni désintéressement, mais possession et dependance affective. Je conseillerais plutôt «tu peux etre foier de toi» qui va renforcer la confiance intrinsèque de la personne…. quitte ensuite à ce qu’il prenne son envol… enfant ou mari, aimer c’est laisser le libre choix
Cette phrase « Je suis fière de toi »
Pour moi à tout à fait sa place !!!
Elle ma aidé et a aidé mes enfants à prendre de l’assurance !!
En effet entendre cette phrase veut aussi dire : tu as réussi bravo ! Ou tu as vaincu ta peur ! Etc…
Et cela aide l’enfant ou la personne à se donner la force de faire les choses et de ne pas hésiter à se faire confiance !!!
D’accord, mais alors Bories, pourquoi pas «tu peux être fier de toi» ? Cela aidera aussi la personne à prendre de l’assurance. Bizarre que l’on cherche à ce que la personne prenne son assurance dans le regard d’autrui… n’est il pas plus fort et plein de véritable amour de lui dire : avec ou sans moi pour le valider, tu peux être fier de toi… ou même «il y a de quoi être fier de toi»… car sinon même à l’age adulte vous continuerez à guetter l’approbation d’autrui… et ce que vous aurez recu ce n’aura pas été de l’amour. Mais peut être est il bon d’en conserver l’illusion pour se protéger et continuer à vivre. Si c’est plus simple alors, ne changeons rien. Et que ceux qui connaissent la différence en bénéficient
Je ne dis jamais « Je suis fier de toi » mais « Je t’admire ». En revanche, je peux parfois être fière de moi.
Article très intéressant ! Merci ! Et pourquoi ne pas employer astucieusement le mot « fierté » de cette façon : » tu peux être fier(e) de toi, de ton engagement, de ta réussite ? » Et d’ajouter que je partage ton bonheur / réussite, je me réjouis avec toi ? Aussi, cela permet de recentrer la valeur sur la personne elle-même, sans dépendre du regard d’autrui, ce qui me semble être parfaitement équilibré et valorisant, sans prétention.
En lisant, je m’attendais à lire: comment te sens-tu?
Fier ? Content? Fier d’avoir fait des efforts? Tu trouves que ça vaut la peine de faire ces efforts?
Je ne sais pas trop quoi d’autres.