12 conseils pour une transition réussie vers une parentalité zen et positive

12 conseils pour une transition réussie vers une parentalité zen et positive

[« 12 Tips to Transition to Peaceful Parenting » traduit par Magali avec l’aimable autorisation de Laura Markham]

Témoignage d’une lectrice : « J’ai récemment découvert le blog Aha ! Parenting et je fais tout mon possible pour changer les choses à la maison, mais mes enfants semblent plus difficiles que jamais. Du coup, il m’arrive encore d’exploser, et je culpabilise énormément à cause du passé. Je ne sais plus quoi faire. »

« Pour moi, ce type de parentalité est un choix quotidien. Chaque matin, je dois prendre l’engagement de ne pas crier, de rester calme, de choisir l’amour… Et je trouve que cela a quelque chose de très valorisant. Je m’excuse auprès de mes enfants quand je fais des erreurs, et quand je dérape. D’ailleurs, je vois bien que lorsqu’ils acceptent mes excuses, ils se sentent valorisés et bons. Cela a un impact sur la façon dont ils se comportent les uns avec les autres, il y a entre eux davantage de mots et de gestes gentils, plus de « je suis désolé » et de « ne t’inquiète pas, ce n’était pas ta faute » qu’avant. Il y a des jours difficiles, mais j’ai le sentiment qu’un véritable changement est en train de s’opérer. J’ai le sentiment que, quand nous choisissons l’amour, cela nous rapproche. De même, quand en pleine crise de colère je serre mon enfant dans mes bras en lui disant que j’entends sa douleur, je sens que cela l’aide à traverser ce moment difficile. »

Réponse de Dr Laura Markham : Choisir une autre façon d’accompagner ses enfants est un énorme changement, et pendant l’apprentissage par votre famille de nouveaux modes de fonctionnement, il est normal qu’il y ait des heurts. Cela ne signifie pas que vous vous y prenez mal. En réalité, vous être en train de guérir de vieilles blessures afin qu’elles cessent de provoquer des comportements nocifs. Quand il se conduit mal, votre enfant vous montre des ressentis appartenant au passé. Ce sont des réminiscences de ces moments où vous le punissiez ou lui hurliez dessus et où il se sentait seul et incompris. Cela va exiger de vous un surplus de compassion, mais une réponse bienveillante soignera ces blessures et vous permettra à tous d’aller de l’avant.

Alors, débarrassez-vous de cette culpabilité. Après tout, vous subissez les conséquences de ces erreurs et vous être en train de vous racheter en aidant votre enfant à guérir de ces blessures. Par ailleurs, avoir une mauvaise image de vous ne vous aidera pas à « bien agir », pas plus que cela n’aidera votre enfant. Voici un plan détaillé étape par étape. Allez-y progressivement.

  1. Commencez par vous-même. La « sérénité » du parentage serein vient de vous, et en particulier de votre engagement à réguler vos propres émotions. Quand vous sentez que la colère monte, arrêtez tout, laissez (provisoirement) tomber le planning et respirez. Mettez-vous à l’écoute de vos sensations physiques, cela aide à se recentrer et à ne pas se laisser déborder par la colère. Refusez de réagir sous l’impulsion du réflexe de « lutte ou fuite » qui donne à votre enfant l’apparence de l’ennemi. Chaque fois que cela est possible, retardez le moment d’agir jusqu’à ce que vous ayez recouvré votre calme. Cela demande de la pratique, tant sur le moment, avec votre enfant, que de manière plus générale. Vous deviendrez de plus en plus conscient(e) de vos propres pensées et de vos émotions. Ce n’est pas facile. Au contraire, c’est même extrêmement difficile. Mais, chaque fois que vous le faites, votre cerveau fabrique de la matière grise qui permet de mieux contrôler les impulsions. Par ailleurs, vous apprenez à reconnaître les détonateurs et à les désamorcer, de sorte que les explosions se fassent plus rares. Le résultat ? Plus de bonheur, plus d’empathie, plus de sérénité, moins de conflits. (Et puis, vous devenez un meilleur exemple pour votre enfant.)
  2. Concentrezvous sur la connexion. Le parentage positif ne fonctionne pas sans connexion, car sans cela, vous gaspillez votre meilleur atout et vous vous retrouvez contraint d’avoir recours aux menaces (ce qui détruit la confiance entre vous et votre enfant et déclenche chez lui des comportements négatifs). Alors avant de changer quoi que ce soit avec votre enfant, consolidez le lien qui vous unit. Sans cela, vous abandonnerez les punitions, mais votre enfant ne se sentira pas motivé pour « bien faire » et continuera à vous tester. Commencez par passer tous les jours quinze minutes en tête à tête avec chaque enfant en lui laissant les rênes et en l’abreuvant d’amour. Vous serez surpris de la différence dans la façon dont il répondra à vos demandes.
  3. Expliquez ce qui se passe. Une fois que vous constaterez davantage de connexion et de coopération, initiez une discussion. « Tu te souviens comme j’avais l’habitude de te crier dessus et de t’envoyer dans ta chambre quand tu désobéissais aux règles ? As-tu remarqué que je crie beaucoup moins depuis quelque temps ? Je suis désolé(e) d’avoir autant crié. Je t’aime de tout mon cœur, et je sais que tu essayes de faire de ton mieux. Mais de toute façon, tu ne mérites pas de te faire crier dessus. Quand tu es contrarié, je veux t’aider à gérer ces émotions et à régler le problème qui t’a mis dans cet état. Je pense que tu apprendras davantage en réparant tes bêtises qu’en étant puni. Tu ne crois pas ? Je te propose que nous travaillions ensemble à résoudre les problèmes qui surviendront. Ça te va ? » 
  4. Demandez-lui de coopérer. « Les règles sont toujours les mêmes. La règle la plus importante dans cette maison est de se comporter avec bienveillance les uns envers les autres. Je vais faire un gros travail sur moi pour moins crier, mieux écouter et être bienveillant(e. Penses-tu pouvoir travailler là-dessus, toi aussi, et être bienveillant avec ta sœur ? » Attendez-vous à voir parfois votre enfant s’énerver et enfreindre la règle de bienveillance. Résistez alors à la tentation de vous servir de cet écart pour justifier vos propres cris. Après tout, c’est à vous de donner l’exemple.
  5. Offrez du soutien et des exemples de solutions gagnant-gagnant. « Je sais que ta petite sœur t’énerve parfois et qu’elle veut toujours jouer avec tes affaires. Ça t’agace vraiment beaucoup. Tu veux que tes trésors soient en sécurité. Mais il n’est pas acceptable que tu cries sur ta sœur ou que tu la frappes. Nous pourrions chercher, pour ranger tes trésors, un endroit qu’elle ne peut pas atteindre ? Et si elle commence à t’énerver, que pourrais-tu faire au lieu de crier ? »
  6. Établissez des limites. Vous devenez plus souple en voyant plus souvent les choses du point de vue de votre enfant, et c’est très bien. Mais il est quand même nécessaire de poser des limites. La clé est de poser ces limites AVANT d’être en colère, quand vous avez encore le sens de l’humour et la capacité de vous mettre à sa place. « Tu aimerais ne jamais arrêter de jouer et ne pas avoir à te préparer pour aller au lit, n’est-ce pas ? Je parie que, quand tu seras adulte, tu joueras toute la nuit, toutes les nuits. Je me trompe ? En attendant, là, tout de suite, c’est l’heure de prendre ton bain. » Reconnaître le ressenti de l’enfant aide à gagner sa coopération.
  7. Préparez-vous à accueillir ses émotions. Quand les enfants ont été punis, ils ont appris que ces émotions fortes qui les poussent à mal se conduire leur attirent des ennuis. C’est pourquoi ils essayent de garder pour eux toutes ces « mauvaises » émotions. Bien entendu, cela ne fonctionne pas. Leur jalousie, leurs frustrations et leurs besoins sont toujours là, ils pèsent dans leur sac à dos émotionnel et surgissent à la moindre provocation. S’ils continuent à les réprimer, c’est uniquement parce qu’ils ont peur. Aussi, quand vous cessez de punir, ces émotions remontent naturellement à la surface pour être soignées. Les mauvais comportements de votre enfant ne sont pas dirigés contre vous. Quand votre enfant se conduit mal, il exprime des émotions qu’il ne peut pas exprimer par des mots. Par exemple : « Toutes ces fois où tu m’as crié dessus, j’avais peur… Je faisais comme si ce n’était pas grave, mais intérieurement j’étais terrifié… Cette peur est encore en moi et elle me ronge, c’est affreux… C’est pour ça que je fais n’importe quoi… pour garder ces émotions à un niveau supportable. » Comme aucun enfant ne pourrait vous dire ça, il se conduit mal. Entraînez-vous à voir ces comportements comme des appels à l’aide. Ce ne sont jamais les émotions, le problème : les humains ressentiront toujours des émotions puissantes. Évidemment, cela ne donne pas le droit à votre enfant de blesser qui que ce soit. La clé est d’aider votre enfant à travailler sur les blessures et les craintes qui ont engendré sa colère afin qu’elles ne conditionnent pas son comportement. Comment s’y prendre ? En passant par la connexion, le rire et les larmes. Pour plus de conseils, voir sur le site de l’auteur l’article en anglais « Maintenance préventive ».
  8. Soyez sécurisant. Quand votre enfant vous montre qu’il est contrarié, gardez votre calme. Ne le prenez pas personnellement. Plus vous ferez preuve de compassion et de tolérance, plus il se sentira en sécurité et osera vous montrer la douleur qui motive sa colère. (La colère n’est que la réaction de défense du corps pour lutter contre ces terrifiantes émotions.) Exprimer ces peines et ces craintes permet de les guérir. Une fois qu’il les aura partagées avec vous – sans même avoir besoin de connaître leur origine ou d’avoir recours à des mots – ces émotions disparaîtront, et il n’aura plus besoin de chercher la bagarre pour se protéger.
    S’il est bloqué dans sa colère, rendez son environnement encore plus sécurisant en faisant preuve de la plus grande compassion vis-à-vis de ce qui le contrarie. Si l’aider à pleurer n’est pas suffisant et que la colère persiste, cela indique qu’il a besoin de davantage d’empathie au quotidien et de plus de rires avec vous. L’un et l’autre consolident la confiance.
  9. Aidez votre enfant à donner du sens à son expérience en lui racontant ce passé comme une histoire. « Quand tu étais petit, j’ai eu un passage difficile… Je criais beaucoup… Je ne savais pas comment faire autrement… Tu avais peur… Alors parfois tu te mettais très, très en colère… Maintenant, je fais beaucoup d’efforts pour être bienveillante et ne plus crier… pour que tu n’aies plus peur… Et tu apprends d’autres façons de me faire comprendre que tu es inquiet ou en colère… Nous travaillons ensemble pour résoudre les problèmes au sein de notre famille… Il arrive à tout le monde de se mettre en colère de temps en temps… Nous essayons d’être à l’écoute les uns des autres, et d’être gentils les uns envers les autres… Et nous nous parlons toujours pour réparer le mal qui a pu être fait… Il y a toujours plus d’amour. »  Les mots et les histoires font du bien à tous les enfants en les aidant à comprendre leur histoire émotionnelle. Mais prenez garde à faire preuve d’empathie sans analyser, afin que l’enfant se sente compris et qu’il n’ait pas l’impression que vous cherchez à entrer dans sa tête ou à lui faire la leçon.
  10. Apprenez-lui à réparer. Si vous aviez l’habitude de punir, vous aurez l’impression de rater quelque chose si vous ne sanctionnez pas votre enfant lorsqu’il enfreint une règle. Entraînez-vous donc à penser plutôt en termes de réparation. Une fois que tout le monde est calmé et se sent à nouveau connecté, ayez une conversation privée avec votre enfant au sujet de ce qui s’est passé. Écoutez son point de vue, et faites preuve d’empathie. « Tu étais vraiment en colère quand il a fait ça… Je comprends. »
    Une fois que sa colère est retombée, montrez-lui les dégâts. Attention à ne pas culpabiliser ni accuser. « Quand tu as dit ça à ton frère, il s’est senti blessé… Je me demande si, du coup, il ne s’est pas senti moins proche de toi. » Demandez à votre enfant ce qu’il pourrait faire pour réparer les dégâts. « Je me demande ce que tu pourrais faire pour arranger les choses avec ton frère. » Résistez à la tentation de punir ou de le forcer à présenter des excuses. Au lieu de ça, donnez la possibilité à votre enfant de voir qu’il peut réparer ses erreurs. « Tu as vu, si l’un de nous fait une bêtise, il nettoie après ; et bien là, c’est une autre sorte de bêtise, un peu comme du lait renversé… Je sais que tu trouveras un moyen d’arranger les choses avec ton frère… Je suis impatient(e) de voir comment tu vas t’y prendre» Tout comme avec le lait renversé, le fait de réparer ses erreurs lui enseignera qu’il ne veut pas faire de mal. Mais n’oubliez pas qu’il ne s’agit pas d’une punition. Ce doit être un choix. Si l’enfant oppose une résistance, cela signifie qu’il a besoin de plus d’aide pour gérer sa colère avant de passer à l’étape suivante.
  11. Donnez l’exemple. Ne forcez pas votre enfant à présenter des excuses, car cela engendrera du ressentiment. Mais si vous-même présentez des excuses lorsque vous faites des erreurs, votre enfant apprendra à faire de même. Quand une situation dégénère, assumez votre part de responsabilité, et montrez ainsi l’exemple. « Je vois deux enfants en colère… Je suis désolé(e) de ne pas avoir été là pour vous aider à résoudre ce conflit avant que vous en veniez aux mains… Et quand j’ai vu ça, j’ai eu tellement peur que quelqu’un soit blessé que je me suis mis(e) à crier… Je suis vraiment désolé(e)… Et si on se donnait une seconde chance ? Je sais que vous ne voulez pas vous taper dessus, ça fait mal… Et je vois à quel point vous êtes en colère… Essayons de reprendre depuis le début, tous ensemble, afin que chacun puisse dire ce dont il a besoin sans attaquer l’autre. » Vous voyez qu’il n’y a là ni accusation ni culpabilisation. Il est ainsi plus facile pour toutes les personnes impliquées de réfléchir à leur part de responsabilité dans le problème, et la reconnaître.
  12. Attendez-vous à des régressions. Vous êtes humain, par conséquent vous n’êtes pas parfait. Le secret pour réussir cette transition est de faire preuve de compassion et de bienveillance envers vous-même, comme vous le faites pour votre enfant. Attendez-vous à faire des erreurs. Attendez-vous à connaître des jours pénibles. Être parent est difficile, et ce genre d’accompagnement bienveillant l’est encore plus au début. Mais cela s’arrange avec le temps. Et même dans les moments difficiles, vous soignez les vieilles blessures de votre enfant, ainsi que les vôtres, et la différence est là. Pour faire simple, il y a moins de conflits et plus d’amour.

Vous êtes à présent sur le chemin qui mène à une famille plus heureuse et plus sereine. Deux pas en avant, un pas en arrière, vous mèneront malgré tout là où vous voulez aller. Très bientôt vous découvrirez de nouveaux horizons. Profitez du voyage.

Source : 12 Tips to Transition to Peaceful Parenting

Magali BeiramarMagali : « Je suis maman d’un jeune garçon en IEF, convaincue par la communication non violente, et plus particulièrement la parentalité positive. C’est en faisant qu’on apprend, aussi j’essaye de pratiquer autant que possible, et d’avancer dans mes réflexions grâce à ceux qui ont écrit sur le sujet. À ceux déjà cités par Jeff, j’ajouterais Lawrence J.Cohen, Laura Markham, Thomas Gordon, Catherine Dumonteil-Kremer et John Holt (pour sa réflexion sur l’apprentissage), sans oublier tous ceux qui partagent leur expérience via le net. Je gagne ma vie en étant traductrice, aussi quoi de plus naturel que d’utiliser mes compétences pour permettre à d’autres personnes de découvrir les écrits des anglophones sur le sujet. »

 

Dr Laura Markham est l’auteure de « Peaceful Parent, Happy Kids », un livre qui mériterait une traduction française !

Peaceful parent

 

 

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