Suggestions de phrases à dire à un enfant qui tape (ou fait preuve d’agressivité)
|Comment remplacer la violence par des mots ? Je vous invite aujourd’hui à découvrir des phrases pour aider les enfants à transformer leur agressivité en mots afin qu’un dialogue s’établisse avec les personnes capables de répondre aux besoins qui font défaut.
Notons que l’exemplarité de l’environnement joue un très grand rôle dans la réussite. En effet, si l’enfant assiste régulièrement à des scènes violentes ou humiliantes, il y a de grands risques qu’il reproduise et intègre ces gestes de manière inconsciente dans son comportement. Ne négligeons pas non plus l’impact des médias, d’internet et de la TV.
Ces phrases s’appuient sur mon expérience et mes lectures dont les principaux auteurs sont :
Isabelle Filliozat (parentalité positive), Marshall B. Rosenberg (CNV), Richard Bandler (Programmation Neuro-Linguistique), Christophe André (pleine conscience).
- « Stop. Regarde ce que tu es en train de faire. Ta main est sur le point de frapper pour faire mal. Que décides-tu ? Poursuivre ton geste ou le remplacer par des mots ? Que va-t-il se passer si tu continues ton geste ? »
- « Regarde, ta main est levée. Préfères-tu la laisser faire ce qu’elle a envie ou vas-tu reprendre le contrôle ? Quel est ton choix ? »
- « Lorsque tu penses que des camarades se moquent de toi, prends une longue inspiration et rigole avec eux. Entraine-toi à le faire sans réfléchir, tu sera étonné des effets de cette stratégie. »
- D’après toi, est-il possible de décider de ne pas accepter de se sentir vexé par des moqueries ?
- « Te sens-tu soulagé quand tes actes déclenchent des pleurs ? Est-ce que les pleurs que tu vois ne sont pas aussi les tiens ? Qu’est-ce qui te rend triste ? »
- « Quand tu ressens l’envie de taper, essaye de localiser l’endroit de ton corps où tu ressens une grosse sensation. Et apaise-le en soufflant mentalement dessus. Ferme les yeux s’il le faut. Le fait se sourire t’aidera aussi à retrouver le calme. »
- « As-tu besoin que je fasse attention à toi ? Que quelqu’un te regarde et t’écoute ? Si c’est le cas, demande simplement. «
- « As-tu besoin de te défouler ? Propose une course ou une partie de foot à la personne qui est en face de toi. »
- « As-tu besoin que la personne en face de toi cesse de faire ce qu’elle est en train de faire ? Dans ce cas, demande lui sans hurler en lui disant que tu n’aimes pas cela. »
- « As-tu besoin de libérer une émotion comme la peur, la tristesse, la colère ? Si c’est le cas, dis ce que tu ressens. Je t’écoute. »
- « Que dirais-tu à quelqu’un qui serait sur le point de te frapper ? Que dirais-tu à un enfant qui serait souvent violent pour l’aider à l’être moins ? Que dirais-tu à ses parents ? «
- « Sais-tu que la colère te fait perdre le contrôle de ton cerveau. Tu es alors incapable de réfléchir et c’est pour cette raison que tu cherches à te défendre, parfois en attaquant. »
- « Notre cerveau a tendance à reproduire ce qu’on observe et entend. Ainsi si tu as assisté à une scène de violence (orale ou physique) à plusieurs reprises, tu seras susceptible de la reproduire inconsciemment. Pour éviter cela, il suffit que tu te rendes compte de ce que tu es en train de faire et que ce n’est pas vraiment toi. »
- « Quelle image ou pensée as-tu au moment où tu commences à être en colère ? Quelle couleur a-t-elle ? Quelle est sa dimension ? Peux-tu me la dessiner ? »
- « Je t’écoute. »
- « Je t’aime. »
Une fois l’acte commis, donnez-lui l’occasion de réparer :
- « Ta soeur/ton frère pleure. Tu as la possibilités de réparer ton geste en t’excusant. »
Les jeux pour sensibiliser à la non-violence et favoriser l’expression :
En pratiquant des jeux de rôle, il sera possible d’apprendre à l’enfant à développer son empathie et à exprimer ses propres émotions.
« Quelle émotion ressent ce personnage selon toi ? Que lui dirait cet autre personnage pour le convaincre de parler plutôt que de te taper ? »
Quelques idées supplémentaires :
- Proposez-lui d’utiliser un mot qui l’apaise. Il l’aura choisi et sera d’autant plus efficace sur lui. Tout est expliqué dans cette vidéo.
- Limitez fortement l’exposition à la TV et aux jeux video violents. Les programmes « pour enfants » banalisent déjà la violence avec de nombreux combats (le dernier Max et Lili est parfait pour en discuter).
- Régulez le sucre dans l’alimentation. Cela excite (voir cette vidéo)!
- Lui proposer de pratiquer l’aïkido ou un art martial quelconque où les enfants, en plus de bouger, apprennent l’éthique et le respect.
- Encouragez les efforts. Dès qu’un enfant a réussi à dominer son impulsion de frapper, décrivez ce que vous avez vu afin qu’il puisse visualiser de quelle manière il s’y est pris. Il pourra ainsi plus facilement le reproduire car ce film mental sera stocké dans sa mémoire.
- De manière générale, accordez le plus possible d’attention à votre enfant. Ecoutez-le sans juger. C’est là une preuve d’amour dont nous avons tous besoin. En être privé, c’est s’exposer au risque de l’obtenir par tous les moyens.
- Confiez-lui des tâches et apprenez-lui à faire de nouvelles choses afin qu’il se sente utile et renforce sa confiance en lui.
- Les lego sont une excellente activité pour canaliser la violence et discerner la notion de construction/destruction/réparation.
- Montrez les bénéfices de l’altruisme et de la non-violence en montrant l’exemple par des actes de générosité et d’assistance.
- Votre enfant dort-il assez ? Si ce n’est pas le cas, il y a de fortes chances que le manque de sommeil provoque déprime et perte de contrôle. Voici les recommandations de temps de sommeil.
- Apprenez avec votre enfant la communication non-violente (voir cet article).
- les punitions sont aussi inefficaces que les cris pour modifier le comportement de l’enfant (voir cet article sur les punitions et cet article sur les cris).
- Aidez-le à se faire des amis (voir cet article). L’intégration sociale est essentielle pour le bien-être des enfants. Vous pouvez lui proposer d’inviter ses copains à jouer chez vous ou l’inscrire dans un club de sport.
- Utilisez le dragon de la colère pour lui apprendre à maitriser sa colère.
- Je partage avec vous cet extrait du livre « Il me cherche » d’Isabelle Filliozat dont je vous recommande la lecture.
Conseils lectures adulte :
Il me cherche d’Isabelle Filliozat
Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) de Marshall B. Rosenberg
Un cerveau pour changer de Richard Bandler
Méditer jour après jour de Christophe André
Conseils lectures enfants :
Bonjour
Merci pour cet article ! Je me permets 2 commentaires : il me paraît important de prendre en compte l’âge et le développement émotionnel de l’enfant ( cf Catherine Gueguen) et de pouvoir soi même dire ce qui ne nous convient pas (écoute et s’affirmer) pour garder un bon équilibre et faire grandir la relation avec son enfant (cf Thomas Gordon « parents efficaces » – Les Ateliers Gordon)
Quelque chose m’étonne :
« D’après toi, est-il possible de décider de ne pas accepter de se sentir vexé par des moqueries ? »
C’est normal d’être vexé par des moqueries, l’enfant a le droit de ressentir ça. Chercher à ne pas ressentir une émotion légitime me paraît très néfaste pour le bien-être de l’enfant. On peut lui apprendre à l’exprimer de manière canalisée, mais pas à mon sens à rire et accepter la malveillance à son égard.
Bonjour Céline,
Un principe fondamental de la communication non violente est de considérer que nous sommes responsables de nos émotions qui sont déclenchées par des stimuli (mots ou actes des autres par exemple). Pour preuve on peut observer que chacun a sa propre façon de réagir au même événement (ce qui me vexe ne va pas forcément te vexer, mon sentiment est donc propre à moi et c’est en moi qu’il naît et est fabriqué ).
Autre grand principe : différencier les interprétations des faits. Vexé est déjà une interprétation de la situation et est un « faux sentiment » qui nous entraîne à mettre la faite sur l’autre. Reprendre le pouvoir consiste à repérer ça et à identifier le « vrai » sentiment sous jacent : je suis peut être triste d’entendre ces paroles, et aussi en colère ?
Le sens de la proposition est de se dire qu’on a toujours le choix d’entendre un message contre soi ou non. Et ça n’a rien à voir avec le fait de se laisser faire. Ça amène juste à reprendre le contrôle et à nourrir mes besoins qui sont peut être la de respect. Et la aussi attention au piège de croire que c’est à maître de nourrir mes besoins. C’est moi qui vais pouvoir nourrir ce besoin de respect en m’affirmant face aux comportements qui me dérangent…
J’espère avoir contribué à lever une ambiguïté que je rencontre souvent dans mes accompagnements auprès de parents.
Bonjour, le principe me convient parfaitement mais les phrases me paraissent trop longues pour être utilisées sur le fait. Elles sont intéressantes en mode « debrief ». A mon petit gars de 4 ans (qui est peu « frappeur »), je lui dis : « Au lieu de frapper, parle. ». Cela lui rappelle que je lui dis souvent que « ceux qui tapent ou qui utilisent des armes sont ceux n’ont pas de mots »?
Comment expliqué à un enfant de 13mois le fait de ne pas taper? J’essaye de lui montrer le geste du câlin avec la main avant qu’il ne le fasse ou lui expliquer quand il a taper que de faire une caresse cest mieux mais il y a t il d’autres conseils de votre part?
Merci par avance 😉
L’article interessant 🙂
On oublie un peu de parler de l’âge de l’enfant (il nous faut nous adapter à ce facteur). Dans cet article les astuces font appel au rationnel, c’est pour les « grands » enfants. Un petit (avant 5ans) est dans l’émotionnel.
Il est crucial aussi de s’interesser à la cause avant tout 🙂
Comportement agressif = besoin non satisfait (besoin d’attention ? d’amour? de temps de qualité avec l’adulte? de temps calme? etc..)
Puis l’aider a reconnaitre son émotion, la nommer, lui proposer une autre solution que faire mal aux autres (crier coussin, courrir, sauter, etc)