Punir votre enfant est inutile (et nuisible) : l’avis du Dr Catherine Gueguen
|« Une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne. » « Il faut bien leur montrer qui commande. » Ces phrases, nous les avons tous entendues, et peut-être même prononcées. Dans notre culture, la punition est souvent vue comme un outil éducatif indispensable. Et si cette croyance était non seulement fausse, mais scientifiquement contre-productive ?
C’est le combat que mène le Dr Catherine Gueguen, pédiatre et auteure, armée des dernières découvertes en neurosciences. Son message, exposé dans le podcast « Les adultes de demain« , est un véritable pavé dans la mare : pour le bien de nos enfants et de la société, nous devons opérer une « révolution éducative ».
Le Mythe de la Punition « Efficace »
Pourquoi punissons-nous ? Pour qu’un enfant comprenne qu’il a mal agi et ne recommence pas. Logique, non ? Pas pour notre cerveau, répond la science.
Selon le Dr Gueguen, lorsqu’un enfant est puni, humilié, ou qu’on lui crie dessus, il n’apprend pas la leçon. Il apprend la peur, la colère et le ressentiment. Son cerveau, submergé par le stress, se met en mode « survie ». Résultat : les zones dédiées à la réflexion et à l’apprentissage se déconnectent. Le seul message qui passe est : « Mon parent, ma source de sécurité, est devenu une menace. »
La punition, loin d’être une solution, détériore le lien parent-enfant, qui est pourtant le seul véritable levier d’une éducation réussie.
L’Empathie : Le Véritable Engrais du Cerveau
Si la punition est le poison, l’empathie est l’engrais. Les neurosciences affectives et relationnelles sont formelles : un cerveau se développe de manière optimale lorsqu’il baigne dans un environnement de sécurité, de soutien et de bienveillance.
Lorsqu’un parent répond avec empathie à l’émotion de son enfant (même si son comportement est inacceptable), il active les zones supérieures de son cerveau. L’enfant se sent compris et en sécurité. C’est seulement à ce moment-là qu’il devient capable d’entendre la limite, de comprendre la règle et d’apprendre pour le futur.
Mais Alors, On Laisse Tout Faire ?
C’est l’objection numéro un : « Si on ne punit pas, c’est l’anarchie ! » Le Dr Gueguen est très claire : l’éducation bienveillante n’est pas une éducation laxiste. Il s’agit de poser un cadre et des limites fermes, mais sans jamais humilier.
L’alternative à la punition, c’est l’autorité parentale juste, qui consiste à :
- Dire « non » avec respect, en expliquant la règle.
- Accueillir l’émotion, même si on refuse la demande (« Je comprends que tu sois frustré, mais la réponse est non. »).
- Chercher le besoin caché derrière le comportement (un enfant « capricieux » est souvent un enfant fatigué, qui a faim, ou en manque de connexion).
- Faire confiance à la capacité de l’enfant à progresser, et l’encourager constamment.
La Révolution est en Marche
Le Dr Gueguen est optimiste. Elle sent qu’une « révolution éducative » est en cours en France. Une révolution qui demande du courage : celui de remettre en question ce que nous avons nous-mêmes vécu, et de résister à la pression sociale.
Accompagner les parents, former les professionnels de l’enfance et diffuser ces connaissances scientifiques sont les clés pour que les enfants d’aujourd’hui deviennent les « adultes de demain » : des êtres plus empathiques, plus équilibrés et plus heureux. Le message est clair : l’avenir de notre société commence dans la manière dont nous parlons à nos enfants aujourd’hui.