Parents, jugeons-nous objectivement le comportement de nos enfants ?

Avons-nous une perception réaliste du comportement de nos enfants ou sommes-nous victimes de biais qui consistent par exemple à se focaliser sur les comportements problématiques de nos enfants ? 

Les parents peuvent avoir une tendance à signaler des comportements négatifs chez leur enfant, même si ces comportements ne sont pas réellement problématiques, selon une étude publiée dans le Journal of Consulting and Clinical Psychology.

Les chercheurs ont examiné les rapports de parents sur les comportements de leurs enfants âgés de 6 à 17 ans. Les parents ont signalé des comportements tels que l’agression, l’hyperactivité et la dépression. Les enfants ont également été évalués par des cliniciens indépendants.

Les résultats ont révélé que les parents étaient plus susceptibles de signaler des comportements problématiques que ce que les cliniciens ont observé. Les parents ont signalé des comportements problématiques chez 46% des enfants, alors que les cliniciens n’ont observé que des comportements problématiques chez 18% des enfants.

Les auteurs de l’étude soulignent que les parents peuvent être influencés par leur propre état émotionnel et leur perception de la situation de leur enfant. Ils notent également que les parents peuvent signaler des comportements problématiques dans l’espoir d’obtenir une aide pour leur enfant.

Les chercheurs recommandent que les cliniciens prennent en compte les biais potentiels dans les rapports de parents et utilisent d’autres sources d’information pour évaluer les comportements de l’enfant.

 

Comment contourner ce biais ?

Si nous reprenons les sources possibles de ce biais, nous parvenons à déduire quelques actions simples :

  1. Être conscient de nos propres émotions : les émotions modifient notre perception. Si nous jugeons le comportement d’un enfant alors que nous sommes déjà énervés, nous aurons une perception plus négative de ce comportement
  2. S’entrainer à faire des observations sans jugement  : c’est un principe de non-jugement que nous pourrions tenter d’employer. Au lieu de dire : « mon enfant me fait une crise pour obtenir un bonbon » nous pourrions simplement observer : « mon enfant semble avoir des difficultés à gérer sa frustration. Je sais que son cerveau immature ne lui permet pas cette régulation. Je peux l’aider en restant calme et en verbalisant son émotion. »
  3. Éviter les généralités et les sources de croyances erronées : « tous les enfants sont … » lorsqu’un « expert » évoque une image particulière relative à l’enfant, nous pouvons être tentés de le croire et de confirmer les informations transmises par un biais de confirmation. Les « experts » qui s’expriment activent l’effet blouse blanche, ce qui signifie que nous pouvons plus prêter caution à leurs dires. Or, s’ils ne citent pas de sources reproduites fidèlement, leur propos peuvent-être totalement subjectifs. Évitions aussi les médias alarmistes qui utilisent des stratégies rédactionnelles pour « captiver » (sensationnalisme, peur, …). Enfin, les croyances populaires véhiculent aussi de fausses informations que nous pourrions être tentés de valider par désir d’appartenance et d’acceptation sociale.
  4. Garder une perspective globale : Les parents peuvent garder une perspective globale sur le comportement de leur enfant en prenant en compte les comportements positifs ainsi que les comportements négatifs. Cela peut aider à éviter de signaler des comportements comme problématiques qui peuvent être normaux pour l’âge ou le stade de développement de l’enfant.
  5. Favoriser le renforcement positif : lorsque nous remarquons oralement les comportements positifs de nos enfants, nous corrigeons le biais de focalisation négative, favorisons la mémorisation des comportements positifs chez nous et l’enfant, augmentons la fréquence de reproduction de ces comportements car l’enfant se sent valorisé par notre attention et visualise les étapes d’apprentissage, …
  6. Éviter les étiquettes : quand on pense et on dit qu’un enfant est « difficile », nous cristallisons un état (voir cet article)

 

Source : Journal of Consulting and Clinical Psychology, Vol 77(5), Oct 2009, 788-798.

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