Estime de soi chez l’enfant : les garçons se surestiment, les filles se sous-estiment
|« Mon fils de 6 ans est un casse-cou ! Il n’arrête pas s’égratigner ! »
« Ma fille a tendance à se dévaloriser. Pourtant elle est brillante et est appréciée de tous ! »
Rassurez-vous, ces comportements sont normaux chez l’enfant. Explication.
« Des études ont démontré que, dès l’enfance, les scores moyens d’estime de soi sont plus élevés chez les garçons, qui ont tendance à surestimer leurs capacités, à surévaluer leurs compétences, que chez les filles. » via
Comme le précise Christophe André, chez l’enfant, l’estime de soi recouvre au moins cinq dimensions :
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L’aspect physique (« est-ce que je plais aux autres ? »)
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La réussite scolaire (« suis-je bon élève ? »)
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Les compétences athlétiques (« est-ce que je suis fort(e), rapide, etc ? »)
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La conformité comportementale (« les adultes m’apprécient-ils ? »)
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La popularité (« est-ce qu’on m’aime bien ? »).
Ces dimensions ne se distribuent pas forcément de manière homogène : un enfant peut, par exemple, présenter une estime de soi élevée dans les domaines de l’apparence physique, de la popularité et de la conformité, mais s’autoévaluer négativement en matière de résultats scolaires et de compétences athlétiques. Un autre phénomène cognitif intervient également, c’est l’importance accordée à chacun de ces domaines : si l’enfant se juge favorablement sur le plan scolaire mais estime que ces compétences ne sont pas si désirables que cela dans le milieu où il évolue, l’estime de soi n’en sera alors pas confortée pour autant. Il est probable que ces composantes sont assez proches chez adulte : il faut simplement remplacer la réussite scolaire par le statut social ; quant aux compétences athlétiques, importantes dans la cour de récréation (savoir se défendre ou échapper aux grands) ou lors du cours de gymnastique (ne pas se déshonorer aux yeux des autres), elles le sont moins dans les couloirs de l’entreprise ou autour de la table familiale. Elles peuvent cependant redevenir importantes pour un adulte dans certains milieux (travailleurs manuels) ou contextes spécifiques (comme les vacances, où les capacités physiques sont remises en avant au travers du sport ou de la mise à nu partielle des corps). Via
Quelle est la cause de cette différence d’estime entre les filles et les garçons ?
Selon Christophe André et François Lelord, la source de cette différence serait l’environnement social et plus particulièrement familial. « Les parents ont tendance à plus encourager leurs garçons à défendre leurs intérêts et à affirmer leur personnalité qu’ils ne le font chez les filles. Ils tolèrent plus la timidité chez les filles et les incitent à être dociles, obéissantes et coquettes-des comportement peu propice au développement d’une estime de soi stable et forte. » via
Notons que les données concernent des études menées entre 1950 et aujourd’hui et que, fort heureusement, notre époque connait un bouleversement en profondeur. Les mouvements féministes et l’accès progressif des femmes aux postes à responsabilité modifient la donne.
Les sociologues pensent que ce phénomène va s’accentuer car la force physique perd peu à peu de son utilité. Certains archétypes deviennent démodés.
Comment renforcer l’estime de soi chez l’enfant ?
Comme nous venons de le voir, c’est dans le comportement des parents qu’il faut puiser les clés du renforcement de l’estime de soi.
Le site apprendreaeduquer.fr répertorie au moins 7 manières d’y parvenir :
- Valorisation des tentatives qu’elles se soldent par un succès ou un échec
- Protection sans hyperprotection
- Un comportement exemplaire des parents
- De l’écoute et de l’attention
- Pas de pression ni d’emploi du temps de ministre mais un stock suffisant de temps libre
- Des réponses à leurs questions et à leurs complexes
- Une juste mesure à trouver entre plaisir et contrainte
Sources :
L’estime de soi : s’aimer pour mieux vivre avec les autres de Christophe André et François Lelord.
André Christophe, « L’estime de soi », Recherche en soins infirmiers 3/ 2005 (N° 82), p. 26-30
URL : www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2005-3-page-26.htm.
DOI : 10.3917/rsi.082.0026