De la nécessité de s’entraîner à l’empathie
|Votre enfant pleure.
- Vous avez aussi de la peine (synchronisation). [Mon corps réagit comme mon enfant. Je ressens la même émotion.]
- Vous voulez l’aider (intention de réconfort et d’accompagnement) [Je veux l’aider/le consoler mais je suis très affecté par son ressenti. Je ne parviens pas à réfléchir clairement]
- Vous comprenez ses pleurs et êtes capables de lui apporter une aide, y compris par anticipation. Vous devinez les états émotionnels de votre enfant même s’il ne les a pas encore exprimés. [Mon enfant ressent une émotion. Je distingue son émotion de mon émotion. Je suis capable d’agir par anticipation avec calme]
Je viens de vous décrire les 3 stades de l’empathie tels qu’ils apparaissent dans l’excellent livre de Catherine Belzung « Neurobiologie des émotions ».
Le premier est « basique » tandis que le dernier fait appel à un processus intellectuel beaucoup plus élaboré.
Si je vous présente ces 3 formes d’empathie, c’est pour vous permettre de vous situer et de vous positionner (avec de l’entraînement et une méthode) sur la 3eme forme car c’est elle qui est la plus « efficace » pour aider les enfants à accueillir, décrypter, exprimer et réguler leurs émotions.
Cela nécessite de s’exercer à passer du « Je ressens l’émotion et je ne peux presque pas réfléchir. C’est frustrant. » (cerveau émotionnel) à « Il ressent l’émotion et il a besoin d’aide. J’agis dans ce sens. » (cerveau supérieur). Si nous restons sur la première et la deuxième forme d’empathie, nous sommes quasiment aussi submergés que nos enfants. C’est comme si nous nous noyions avec eux… Nous répondons à la colère pas la colère, nous pleurons en même temps qu’eux,…
La 3ème forme est le moment où nous leur portons assistance sans nous noyer nous-mêmes (en leur jetant une bouée ou en plongeant avec des bouteilles à oxygène pour les sauver).
Pour parvenir à cela, je partage avec vous une méthode conseillée par Isabelle Filliozat. Grâce à elle et la métaphore du bol ou de la vasque, il est possible de prendre suffisamment de distance pour faire preuve d’empathie (et de pragmatisme).
Méthode pour écouter les émotions
Etape 1 : Mise en condition
- Videz votre tête de vos jugements et croyances (comme « il m’en veut »). Concentrez-vous sur votre respiration pendant quelques secondes pour cela.
- Nourrissez cette pensée : « mon enfant a besoin de mon aide. «
- Mettez-vous au même niveau que lui dans une attitude bienveillante
- Regardez votre enfant pour vous « connecter » avec lui. Laissez émerger l’empathie.
- Respirez profondément en ressentant ce qu’il éprouve.
Visualisez à présent cette scène :
Imaginez que vous tenez une vasque dans laquelle l’enfant va déverser ses émotions, ses larmes, sa colère, des mots de haine ou de désespoir…Il est important d’imaginer que tout cela tombe dans une vasque en dehors de vous car vous risqueriez d’être top affecté pour continuer.
Etape 2 : Faciliter l’expression
- Enclenchez la discussion avec empathie : « Je vois que c’est dur pour toi » , « tu as l’air énervé. » , « j’ai l’impression que tu es triste… »
- Si l’enfant se ferme, n’insistez pas. Rassurez-le : « Tu es touché par ce que je t’ai dit et tu ne sais pas comment répondre, c’est difficile pour toi de m’en parler…« . Dites alors ce que vous ressentez : « Je me sens triste et démuni. J’aimerais pouvoir t’aider. Veux-tu me dire ce que tu as sur le coeur ?« . Puis marquez un silence.
- L’enfant va parler. Ecoutez-le et encouragez-le avec des « phrases reflets ». S’il dit « Je te déteste », répondez « tu es en colère contre moi ». Ou émettez des sons comme « hum » , des « oui » ou faites des hochements de tête pour marquer votre totale attention sans l’interrompre. Evitez absolument les « pourquoi », les reproches, les jugements, les réflexes d’auto-défense, etc. qui bloquent le dialogue. Facilitez l’expression et guidez-le pour trouver et verbaliser le besoin derrière ses émotions.
Pour compléter :
Vocabulaire des émotions :
Besoins d’outils ?
25 outils et méthodes pour la gestion des émotions des enfants