10 conseils pour aider les enfants à apprivoiser leurs peurs
|La peur est une émotion fondamentale. La nier ou l’enfouir ne sert qu’à en augmenter l’intensité et à s’exposer au risque qu’elle surgisse plus tard.
Pour les enfants, la peur est réelle. Nous nous devons de la respecter et de fournir les outils pour apprendre à l’écouter et à l’apprivoiser si elle devient trop envahissante.
A chaque âge ses peurs
Dans le coffret « J’aide mon enfant à dépasser ses peurs« , nous avons appris que les peurs n’étaient pas les mêmes selon l’âge des enfants :
De 6 à 24 mois : peur des visages, des endroits non familiers, des bruits soudains, de l’obscurité, des animaux,…
De 2 à 6 ans : peur d’être seul dans le noir, de se perdre, des personnages fantastiques, des animaux, des éléments naturels (eau, tonnerre,…)
De 6 à 12 ans : peur de l’école, des autres, de prendre la parole en public, peur de l’échec, peur des accidents, de la mort de ses parents et de sa propre mort, des voleurs, du médecin,…
Voici maintenant 10 conseils pour aider les enfants à apprivoiser leurs peurs :
1) Poser des mots et localiser la peur : favoriser la pleine conscience.
La peur est à la fois une pensée et une sensation. Poser des mots dessus et ressentir la sensation dans le corps permet d’en diminuer l’affect.
Vous pouvez poser ces questions à votre enfant : « Que ressens-tu ? », « Où le ressens-tu ? »
Aidez-le en reformulant ce qu’il vous dit et en y insérant du vocabulaire qui représentera mieux son ressenti.
A ne pas faire :
– lui poser trop de questions (préférez une écoute bienveillante à base de « je vois », « oui », « oh », « ha »,…)
– nier sa peur : « Mais non, tu n’as aucune raison d’avoir peur ! » « Sois courageux ! »
– l’humilier : « Il n’y a que les bébé qui ont peur ! » ‘ »Ton copain, n’a pas peur, lui. » « tu me fais honte ! Tu es le seul enfant à avoir peur comme ça !
– l’ignorer : « Sinon, tu veux manger quoi à midi ? »
2) Tenir un discours positif sur la peur : la peur est utile
Avoir peur est naturel. La peur est comme un voyant lumineux qui s’allume sur un tableau de bord qui nous alerte de dangers possibles et nous invite à faire attention. La peur est donc une protectrice. Elle a juste besoin qu’on la sécurise parfois car elle peut avoir tendance à imaginer des choses qui n’existent pas réellement.
3) Associer la peur et la joie
Les attractions d’une fête foraine, un toboggan rapide, de l’accro-branche, etc. sont d’excellents exercices pour apprendre à surmonter la peur et éprouver de la joie (et une décharge d’adrénaline selon l’activité). Cette alternance peur/joie aide à se débloquer.
Afin de favoriser l’ancrage positif, rejouez la scène avant/pendant/après : « tu avais de l’appréhension/tu as testé/tu as éprouvé de la joie/tu as dépassé cette peur et maintenant, tu veux recommencer ! ». Cette description sans jugement (accompagnée d’une verbalisation émotionnelle) facilite la mémorisation et aide l’enfant à avoir confiance en lui.
4) Changer l’image qui déclenche la peur
La peur peut se déclencher par une pensée qui prend la forme d’un mini-film mental ou d’une image. Ainsi, on peut montrer à l’enfant qu’il est possible de modifier ce mini-film et cette image pour les rendre moins impressionnants.
Voici comment :
« Je vois que le monstre dont tu as rêvé t’a vraiment effrayé. Et si il avait une voix très aigue comme celle d’un dessin animé ? A quoi ressemblerait-il avec une robe blanche avec des pois rouges ? Et si tu lui dessinais des moustaches ? Faisons rentrer le monstre dans un canon et envoyons-le sur une autre planète ! Et si tu buvais une potion qui te rendait dix fois plus grand et fort que le monstre, tu crois qu’il prendrait ses jambes à son cou ? »
5) Rationaliser et expliquer :
La peur est-elle justifiée ? Pour le savoir, prenons une feuille et listons tout ce qui peut arriver. Voyons ensuite si c’est réaliste ou pas.
Cette approche rationnelle va permettre aux fonctions supérieures du cerveau de votre enfant de reprendre le dessus sur le cerveau d’en bas (et calmer l’amygdale) (voir cet article).
Il est ainsi judicieux de s’improviser « enquêteur scientifique » en guise de jeu de rôle. L’objectif est de s’amuser à trouver des explications pour chaque peur : »une ombre effrayante sur le mur ? C’est celle de ton doudou. Regarde, si nous éteignons ta veilleuse, elle disparait ».
N’hésitez pas à faire des schémas qui sont encore plus évocateurs pour l’enfant (de plus, il pourra utiliser une gomme, qui lui servira aussi d’outil mental).
6) Confier vos propres peurs
Exprimer vos peurs et surtout les actions que vous menez pour les surmonter quand elles sont trop excessives est très important pour votre enfant. Vous êtes son modèle. Il vous imite et les émotions que vous ressentez, il les ressent aussi (et les voit/entend par les micro-expressions faciales, la voix et l’attitude). Ce témoignage personnel permettra aussi à l’enfant d’apprendre à raconter ses propres expériences et à acquérir du vocabulaire pour cela. La narration est un moyen de clarifier ses pensées.
7) Dessiner la peur (+astuce des ombres chinoises)
Afin de nourrir l’imaginaire de l’enfant et lui faire comprendre le pouvoir qu’il possède sur les images qui s’affichent dans sa tête, organisez un concours du monstre le plus horrible, celui qui ferait le plus peur.
Une fois le dessin terminé, dites à l’enfant de se débarrasser de ce monstre en utilisant la manière qui lui convient parmi celles-ci en récitant une formule magique comme « C’en est fini de toi ! Je suis plus fort que toi ! »:
– déchirer la feuille en mille morceaux
– recouvrir le monstre de peinture chatoyante
– gommer le monstre
– lui dessiner des habits amusants
– tremper le dessin dans l’eau pour qu’il se dissolve
Autre manière d’illustrer cette idée de maitriser la peur : faites un concours d’ombres chinoises pour construire le monstre le plus terrifiant avec l’ombres des mains sur un mur et transformez-les en lapins ou autre animal inoffensif.
Ce jeu est aussi l’occasion de s’amuser à faire peur, une association d’idées efficace ! Ci-dessous, photo du livre « Que font les monstres quand ils ne se cachent pas dans l’ombre ?« .
8) S’entrainer à la peur : livres, films,…
Les histoires lues ou entendues ainsi que les films d’animation ( comme vice-versa ou Monstres & compagnie) permettent à l’enfant de se familiariser avec la peur dans un environnement sécurisé et serein (une sortie familiale, une co-lecture dans le salon,…).
Il est donc essentiel de discuter de ce que votre enfant a vu, de qu’il a ressenti et lui apporter des explications supplémentaires si besoin. Je pense notamment à une scène de Zootopie où les animaux redeviennent sauvage. Pour ne pas créer de traumatismes et faire naitre de nouvelles peurs dont l’enfant taira l’existence, engagez le dialogue et facilitez le décryptage, tout en précisant qu’il s’agit d’une fiction. Cette dernière notion est primordiale car l’enfant ne fait pas de distinction entre la fiction et la réalité avant 5/6 ans.
Pour les livres : laissez-lui choisir ceux qu’il préfère (adaptés à son âge) et remarquez (sans juger) son intention : « Je vois que tu as emprunté ce livre dans la collection « frisson ». Tu pourras me raconter et me dire ce que tu en as pensé ? ». Le fait de raconter organise les pensées de votre enfant et diminue l’affect des expériences désagréables. Je vous conseille même de l’entrainer à devenir un conteur de ses aventures quotidiennes ! 🙂
Autre idée : Exemple de Jeu pour apprivoiser les peurs de l’enfant
9) Les encouragements et le renforcement de la confiance en soi
La peur peut naitre d’un déficit de confiance en soi. Il est donc important pour l’enfant de s’entendre dire par ses parents « Je crois en toi », « Tu es capable » ou encore « Je vais te raconter comment tu as réussi à apprendre à faire du vélo malgré ta peur. »
10) Le talisman et la formule magique
Le talisman est une manière de mobiliser l’attention de votre enfant sur sa force intérieure. Ainsi, invitez-le à choisir une « pierre de la chance », un bracelet ou encore une carte qu’il gardera sur lui. C’est spirituel et efficace. Vous pouvez associer cette démarche à l’adoption d’une formule puissante autant que « magique » : « Donnez-moi la force ! » « Peur à la noix, je n’ai pas besoin de toi ! » (extraits de « paroles de fées et d’enchanteurs »)
Outils :
- Des outils pour verbaliser et localiser la peur et les autres émotions.
- La pleine conscience avec la roue de Dan Siegel : cette roue permet d’apprendre à l’enfant à se dissocier de ces pensées et à choisir sur quoi se concentrer. Précieux.
- Les histoires du soir : voici une sélection de livres pour apprivoiser la peur.
Balthazar n’a pas peur du noir.
L’ogre qui avait peur des enfants.
Que font les monstres quand ils ne se cachent pas dans l’ombre ?
– des livres pour lutter contre la peur du noir chez les 3/5 ans.
- La méditation : elle aidera l’enfant à observer ses pensées et à focaliser son attention.
Calme et attentif comme une grenouille est le meilleur choix.
- Un livre d’activités pour gérer les émotions (3 à 10 ans):
- le mini-coffret d’activités « j’aide mon enfant à dépasser ses peurs«
Autres idées et ressources :
Le jeu des cartes anti-peur : pour démystifier les peurs des enfants
Vice-versa : un excellent support pour expliquer les émotions aux enfants ?
Bonjour, merci pour cet article et pour les autres que je lit régulièrement, ce n’est jamais trop tard pour apprendre et progresser. J’ai déjà tenté quelques unes de ces techniques mais sans succès pour l’instant. Mon fils aîné a 7 ans et régulièrement peur d’être abandonné. Peur souvent exprimée le soir avant d’aller se coucher ou plus récemment lors de l’arrivée de la bbsytt qui vient garder nos enfants (en sachant que l’on fait appel à des bbsytt depuis sa naissance et que ce sont souvent les mêmes, peu de rotation). Si votre expérience vous permet un conseil, je vous écouterais ! Merci d’avance !