Un bébé doit-il « faire ses nuits » ?

L’idée de « faire ses nuits » — c’est-à-dire dormir toute la nuit sans réveil — est souvent présentée comme un objectif à atteindre dès les premiers mois de la vie d’un bébé. Mais qu’en dit vraiment la science, et qu’est-ce qui est raisonnable comme attente ? Dans sa conférence, Héloïse Junier, psychologue spécialiste de la petite enfance, invite à repenser ces injonctions et à mieux comprendre ce qui se joue derrière le sommeil de nos tout-petits.

Ce que cela signifie vraiment de « faire ses nuits »

  • Tout d’abord, il n’existe pas de moment universel où un bébé « doit » faire ses nuits. Les attentes varient selon les cultures, les familles, les besoins individuels de l’enfant.
  • Le sommeil des bébés est fragmenté : les cycles sont plus courts, le sommeil profond est moins long que chez l’adulte, il y a des micro-réveils. Ces réveils ne sont pas « anormaux » mais physiologiques.
  • La notion de « nuit complète » est souvent biaisée : beaucoup de parents sous-entendent dormir 6-8 heures d’affilée, mais même les adultes ne le font pas dans la plupart des cas.

Facteurs influençant le sommeil chez les bébés

Héloïse Junier met en lumière plusieurs variables importantes :

  1. Tempérament, réactivité
    Certains bébés sont naturellement plus sensibles au stress, aux changements, à l’environnement. Cela influence leur capacité à s’apaiser, à se rendormir seuls après un réveil.
  2. Environnement et rythme jour-nuit
    • Une lumière tamisée le soir, silence relatif, confort matériel aident la mise au calme.
    • L’exposition à la lumière naturelle pendant la journée permet de marquer la différence jour/veille.
    • Des rituels réguliers sont bénéfiques pour donner des repères (histoire, berceuse, bain, câlins, etc.).
  3. Attachement et proximité
    • Répondre aux pleurs, tenir compte du besoin de réconfort, ne pas voir cela uniquement comme une « mauvaise habitude » mais comme une réponse à un besoin humain de liaison, de sécurité.
    • Le portage, le contact physique sont souvent naturellement apaisants.
  4. Température, confort, bruit
    • La chambre ne doit pas être trop chaude, les vêtements adaptés.
    • Réduire les sources de bruit ou lumière parasite pendant la nuit.

Mythes & idées reçues à déconstruire

L’article / la vidéo insiste sur plusieurs illusions fréquentes :

  • « Un enfant doit apprendre à dormir seul dès que possible » : ce n’est pas universellement vrai ni souhaitable pour tous les enfants.
  • « Le cododo nuit à l’autonomie » : pas nécessairement — ce qui compte surtout c’est le sentiment de sécurité, la transition progressive selon les familles.
  • « Dormir beaucoup = bon sommeil profond » : le sommeil des bébés est par nature plus léger, avec plus de réveils, et ce n’est pas signe de problème à moins que cela crée de la fatigue extrême ou des difficultés pour les parents et l’enfant.

Que peuvent faire les parents concrètement ?

Voici des pistes pratiques, issues des conseils de Héloïse Junier et des recherches en psychologie du sommeil :

Pourquoi relâcher les attentes peut aider

  • Réduire la pression sur les parents, diminuer le stress, la culpabilité.
  • Favoriser un attachement plus serein, parce que répondre aux besoins d’un bébé renforce le sentiment de sécurité.
  • Mieux respecter le rythme physiologique de l’enfant, ce qui souvent permet à terme d’avoir des nuits plus longues naturellement.

À lire : « Le sommeil du jeune enfant » d’Héloïse Junier

 

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