Par quoi remplacer « si tu n’es pas sage, le Père Noël ne passera pas »
|« Si tu n’es pas sage, le Père Noël ne passera pas », « le Père Noël te regarde… », bref, le Père Noël n’existe pas mais il a bon dos…à tel point qu’on pourrait parfois le confondre avec le Père Fouettard (qui n’existe pas non plus).
Mais pourquoi ???? Pourquoi utiliser le matérialisme et la promesse de cadeaux comme levier pour modifier le comportement de nos enfants ?
A moins que cela soit de l’humour, style second degré ? Dans ce cas, assurons-nous que les règles de cette blague soit acceptées et comprises par tous. C’est essentiel car l’humour et le second degré ne sont pas directement accessibles aux très jeunes enfants (ils ont d’autres priorités neurologiques avant…) et encore à de nombreux adultes.
Sinon, si ce n’est pas de l’humour, il ne s’agirait tout de même pas de…non, je ne peux le croire, de CHANTAGE ????
Je ne peux pas le croire car le chantage est évidemment source de stress et de souffrance pour les enfants (amour conditionnel, soumission) et c’est aussi un aveu d’impuissance pour les parents.
Alors, pourquoi faire appel à du chantage ?
- parce qu’on en a soi-même subi ? (la pratique se transmet en effet, c’est bon à savoir)
- parce qu’on en subit soi-même en ce moment ? (au boulot, dans le couple,…)
- parce qu’on n’a plus d’idée pour être écouté ?
- parce qu’on copie les autres qui affirment que c’est le seul moyen d’être respecté ?
- parce que c’est pratique en cette période où les Pères Noël pullulent (dans centres commerciaux, dans les rues, sur les catalogues, dans les pubs, etc.)
- [ écrivez ici votre raison ]
Solutions possibles
Pour balayer ces hypothèses, voici 7 alternatives au chantage (et ce n’est qu’un échantillon de ce que vous trouverez dans la littérature sur l’éducation bienveillante).
- L’amour, l’attention et l’écoute empathique : « je t’aime parce que tu es toi », « je te regarde » « je t’écoute » « je vois que tu es blessé/triste/… » C’est une base pour rétablir des rapports dépollués de condition et autres rapports de forces. L’enfant se sentira considéré, en sécurité émotionnelle et affective et apprendra à verbaliser sans violence ses besoins/émotions. Moins de stress, plus d’écoute, plus d’harmonie.
- L’expression de nos sentiments agréables quand l’enfant adopte un comportement voulu et la description de ce que nous voyons (sans jugement): « j’aime te regarder faire ceci… » Ainsi, l’enfant à une preuve d’attention, un support de visualisation/mémorisation (la description de ses actes) et est encouragé à recommencer.
- La proposition de choix : « tu préfères te laver les dents maintenant ou après avoir mis ton pyjama ? » En proposant des choix, l’enfant sent qu’il a du pouvoir, s’habitue à prendre des décision et il s’engagera d’autant mieux dans les actions (motivation intrinsèque).
- Décrire et interroger sur les conséquences logiques sans juger, donner des informations pour laisser l’enfant trouver une solution et permettre la réparation : « en tapant ainsi ta soeur, elle pleurera et ne voudra surement pas jouer avec toi à l’avenir. » « Tu as choisi de mettre les sandales au lieu des bottes. Il pleut. Comment seront tes pieds une fois qu’on sera à l’extérieur ? est-ce agréable ? » « je te fais confiance pour réparer. »
- « Stop », « go » et règles : le mot « stop » permet de stopper un comportement. Et de rediriger vers un comportement autorisé (« go »). Les comportements autorisés font partie des « règles », à établir, expliquer, afficher… et à « adapter » en cas d’incohérence ou de meilleure proposition.
- Formulation positive : au lieu de dire ce qu’il ne faut pas faire, dites ce que vous attendez. « Je t’ai dit de ne pas jouer avec la télécommande ! » sera remplacé par « tu peux jouer avec ton train électrique ». (et pour éviter les tentations, rangez la télécommande).
- Jeu et imagination : les enfants ont une imagination débordante, profitons-en ! Nommez-le « shérif du rangement » ou demandez-lui s’il se sentirait capable d’avaler une glace aussi grande qu’une fusée et même plus (l’imagination satisfait l’envie)!
Version Audio :
Matérialisme et estime de soi
Au cours d’une étude, des chercheurs ont soumis un questionnaire à des jeunes de 8 à 18 ans pour évaluer leur estime de soi.
Ils leur ont ensuite montré des images autour de 5 grands thèmes : loisirs, sport, objets, entourage et réussite sociale.
A partir de ces images, il leur a été demandé de réaliser un collage qui illustrerait la réponse à cette question : « Ce qui me rend heureux« .
Les chercheurs ont ensuite calculé le pourcentage d’images piochés dans la catégorie « objets », pour mesurer le degré de matérialisme, et l’ont corrélé avec le score d’estime de soi.
Bilan :
LES ENFANTS AVEC PEU D’ESTIME D’EUX-MÊME ÉTAIENT PLUS MATÉRIALISTES QUE LES AUTRES.
Pour vérifier cette tendance, les scientifiques ont réalisé une seconde série d’expériences.
Dans un groupe d’enfants, ils ont demandé à chacun de se complimenter mutuellement par écrit.
Les enfants ayant reçu ces signes de reconnaissance ont réduit de moitié le nombre d’images d’objets de leur collage.
LE MATÉRIALISME EST D’AUTANT PLUS GRAND QUE L’ESTIME DE SOI EST FAIBLE MAIS QUELQUES MOTS GENTILS ET DE LA RECONNAISSANCE PERMETTENT D’INVERSER LA TENDANCE.
Corollaire : la tendance au matérialisme d’un enfant est un indicateur de faible estime de soi. Le sachant, il est possible d’agir.
Materialisme et bonheur
Est-on esclave du matérialisme ? Contribue-t-il à notre bonheur ? Les valeurs qu’il prône s’inscrivent-elles dans la logique d’un bien-être pérenne, individuel comme collectif ? Christophe André nous éclaire sur cette maladie qui touche notre société dans son livre « les états d’âme : un apprentissage de la sérénité« .
Christophe André évoque le terme de maladie matérialiste. Et il est vrai qu’elle en possède plusieurs facteurs comme le caractère pandémique sur le plan planétaire et les symptômes sur notre état de bien-être.
Le matérialisme rend-il heureux ? Non. Les personnes possédant de nombreux traits matérialistes ont un niveau de bien-être plus bas que les autres.
Ce phénomène est notamment visible chez les adolescents et les étudiants, exposés à la pression sociale et publicitaire qui les contraint à penser qu’il faut « avoir » plutôt que d‘ »être ».
Le matérialisme est d’ailleurs un très mauvais investissement à long terme. C’est ce que démontre une étude menée pendant 19 ans auprès de 12000 personnes. Celles qui avaient des objectifs et des valeurs matérialistes voyaient leur qualité de vie privée et leur sentiment de bonheur dégradés des années plus tard.
Le matérialisme diminue donc nos états d’âme positifs…et augmente parallélement nos états d’âme négatifs.
Le mot de la fin
Je voulais terminer cet article par une vidéo qui me plait beaucoup et qui rejoint l’augment de cet article : Si un enfant vous réclame un jouet, offrez-lui une expérience
Moralité : préservons l’esprit de Noël. Offrons avec le coeur. 🙂
Pour moi, ranger la télécommande n’est pas la solution. On ne peut pas ranger tout ce qui se trouve dans la maison… l’enfant doit savoir qu’il ne doit pas y toucher, point.
Bonjour Lucy,
Je souhaiterai avoir plus de détails sur votre commentaire.
Y a-t-il des choses/activités que vous désirez (Voyages, alimentations…) et qui vous sont interdites pour l’une ou l’autre raison (Finance, santé,…) ?
😀
Bonjour, alors de mon point de vue cette phrase « si tu n’es pas sage etc. » poste encore d’autres problèmes. 1) un premier mensonge, le recours au père noel (pas taper 😉 ) Bon, je ne juge pas les parents qui font croire leurs enfants au pere noel et plein de gens que j’aime beaucoup le font, mais de mon point de vue c’est tout simplement un mensonge que les adultes s’autorisent parce que ça LEUR plait, sous prétexte de développer l’imaginaire, ce qui (selon moi encore une fois) est un contre sens puisque on ne développe pas son imaginaire en croyant que quelque chose est réel. On développe l’imaginaire quand on a conscience de s’amuser avec la réalité, de « créer des choses qui n’existent pas » par le pouvoir de l’esprit. Et on peut très bien « s’amuser » avec la figure / la légende du père noel en sachant très bien que c’est un personnage fictif, tout comme quand l’enfant lit ou (s’)invente des histoires extraordinaires 2) un second mensonge, dire que l’enfant n’aura pas de cadeaux. Non seulement c’est du chantage et de la menace censés faire céder l’enfant sous l’effet de la peur mais en plus… on sait très bien que c’est faux (ou alors ce serait vraiment horrible), qu’on ne va pas blesser et humilier notre enfant en le privant de ses cadeaux. C’est comme quand l’enfant ne veut pas quitter un lieu et qu’on fait « semblant » de le laisser seul sur place (« allez au revoir nous on rentre à la maison tu n’as qu’à rester là) pour qu’il se décide enfin à venir : on agite la menace de quelque chose de terrifiant en laissant croire qu’on serait réellement capables d’abandonner notre enfant ! alors qu’au contraire il doit en TOUTE circonstance, même quand son comportement nous énerve, être rassuré sur le fait qu’il ne sera pas abandonné. 3) le recours à un tiers (passons sur le fait que ce tiers n’existe pas en réalité puisque j’en ai parlé plus haut) pour « assumer » la punition. Donc on menace l’enfant de quelque chose d’effrayant, mais qu’on a même pas le courage d’appliquer soi-même !
Votre commentaire est top et je suis entièrement d’accord avec vous ! De plus il va m’aider à argumenter auprès de mes proches sur le pourquoi je ne compte pas faire croire au père noël à mon enfant (que je n’ai pas encore haha)
C’est tellement plus chouette de raconter des histoires mettant en scène le père noël tout en précisant que c’est bien un personnage fictif, c’est ça que je trouve magique personnellement. C’est un peu comme « si tu avais une baguette magique, qu’est ce que tu en ferai ? » Qu’on peut remplacer par « si le père noël existait qu’est ce que tu lui demanderai ? Moi une montagne de crème glacée, un poney, stopper la faim dans le monde, apporter du bonheur à tous les enfants dans le monde etc » Ca c’est développer l’imaginaire, enfin de mon point de vue 🙂
Je trouve l’article super, mais j’ai été choquée par une phrase « en tapant ainsi ta soeur, elle pleurera et ne voudra surement pas jouer avec toi à l’avenir. »
Il ne me semble pas normal, si un enfant tape sa soeur, de lui demander d’arrêter car cela nuiera à son propre bien-être ou à ses propres intérêts futurs.
J’aurais plutôt tendance à poser un interdit ferme « il est interdit de frapper les gens parce que c’est mal » ; et à l’inciter à l’empathie : « mets toi à sa place » « est ce que tu aimerais que toi on te tape? » « est ce que tu te rends compte qu’elle a mal ? » etc