Pourquoi je n’ai jamais utilisé le mot “bêtise” avec mon fils

La page d’un livre déchirée, une trace de feutre sur la nappe ou une crise de colère en public sont encore souvent étiquetés de « bêtises » par de nombreux parents. Pour ma part, je n’ai jamais utilisé le mot « bêtise » pour qualifier ces comportements car il revêtait une connotation négative qui me déplaisait. Avec le temps et mes découvertes en parentalité positive, psychologie et neurosciences, j’ai compris que ce mot, bien que paraissant « banal » et « anodin », pouvait avoir des impacts négatifs sur les enfants et la relation, confirmant mon intuition initiale.

Le problème avec le mot “bêtise”

En disant aux enfants qu’ils font des « bêtises », nous ne leur expliquons pas clairement ce qui convient pas. Ce mot est vague, trop général, et surtout, il donne l’impression que l’enfant lui-même est « mauvais », et non que son comportement est simplement inadapté dans ce contexte précis.

Des études en psychologie ont confirmé cela. Par exemple, des recherches sur la communication parent-enfant montrent que l’usage de termes négatifs peut affecter l’estime de soi des enfants. Une étude publiée dans Enfances & Psy explique que ce que nous appelons des « bêtises » sont souvent des tentatives d’exploration ou d’apprentissage de la part de l’enfant. Dire à un enfant qu’il fait une « bêtise » peut limiter cette exploration et freiner son développement.

Ce que j’ai décidé de faire différemment

À la place, j’ai choisi une approche plus descriptive et bienveillante. Mes lectures autour de la pleine conscience (merci Jon Kabat Zinn « Être parent en pleine conscience« ) m’ont beaucoup aidé pour adopter ce point de vue. Voici comment j’ai procédé concrètement :

1. Décrire le comportement :

Au lieu de dire « Tu as fait une bêtise », je décris ce qu’il s’est passé. Par exemple : « Je vois que tu as renversé ton verre d’eau. » au lieu de « Tu es maladroit.e ».

2. Exprimer les conséquences :

J’explique pourquoi cela pose problème, sans dramatiser : « Quand le verre tombe, l’eau se répand sur le sol, et quelqu’un pourrait glisser et se faire mal. » . Je verbalise aussi mes ressentis avec un message « je » : « J’ai peur que quelqu’un tombe » « Je suis triste que ce verre soit cassé ».

3. Proposer une solution ou une alternative :

Je guide mes enfants vers un comportement plus approprié essayant de cibler le besoin (jouer, explorer, apprendre, …): « Si tu veux jouer avec de l’eau, on peut aller dans la cuisine ou dans la salle de bain en utilisant des bassines et des serviettes. »

4. Valoriser les comportements positifs :

Plutôt que de souligner les comportements négatifs, j’essaie de valoriser les efforts : « Merci d’avoir pensé à utiliser la bassine afin d’éviter qu’il y ait de l’eau partout » « Tu as fait preuve de beaucoup d’attention et d’habileté en te versant de l’eau »

5. Offrir la possibilité de réparer

« De quoi as-tu besoin pour essuyer cette eau ? » : quand j’offre à mon enfant la possibilité de réparer, il se responsabilise et ne ressent pas de honte d’être jugé personnellement.

Les bienfaits que j’ai constatés

En m’appuyant sur cette façon de communiquer, j’ai remarqué que les comportements se modifient naturellement car il y a une compréhension réelle du « problème » et une recherche de solutions par rapport à des motivations intrinsèques. L’estime de soi se renforce, et la relation s’équilibre et s’harmonise. Ce que j’apprécie le plus, c’est que ceci invite aussi au lâcher-prise sur le « contrôle » des comportements de l’enfant qui apprend à réfléchir aux conséquences de ses actes plutôt que de simplement chercher à éviter une « punition » ou une étiquette négative (y compris en mentant). Cela développe donc, en plus de l’autonomie, l’intelligence sociale via l’empathie et le respect mutuel.

Les recherches confirment

Ce changement n’est pas qu’intuitif : il est soutenu par des recherches en psychologie. Une étude de l’Université du Québec à Trois-Rivières explique que les enfants exposés à un langage négatif ou imprécis peuvent développer des difficultés psychosociales. En revanche, une communication claire et bienveillante favorise un développement émotionnel et social équilibré.

Mon conseil aux autres parents

Si, comme moi, vous utilisez souvent le mot « bêtise », je vous invite à essayer de le remplacer par une description plus précise et constructive. Vous verrez que cela aide non seulement vos enfants à mieux comprendre, mais cela vous aide aussi à réagir avec plus de calme et de clarté.

Abandonner ce mot ne signifie pas laisser tout passer ou devenir permissif. C’est simplement un choix de langage qui reflète une parentalité basée sur la compréhension et la bienveillance. Qu’en pensez-vous ?

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