Education : pourquoi limiter les « bravo, c’est bien ! »
|Que se passe-t-il dans la tête des enfants lorsque nous leur disons « Bravo ! C’est bien ! » ?
Cyrielle d’Horizons Famille nous répond avec une grande clarté.
Les conséquences des félicitations
Les félicitations sont en réalité des récompenses selon Isabelle Filliozat . Or, ces dernières ne figurent pas sur la liste des techniques efficaces pour favoriser l’épanouissement de nos enfants.
3 arguments à retenir :
Argument 1 : Isabelle Filliozat se fait écho d’une étude qui a montré que flatteries et félicitations avaient tendance à développer du narcissisme.
Argument 2 : Un enfant habitué à être félicité va développer une motivation autour de l’acte de « faire plaisir à l’autre » et non à lui-même.
Argument 3 : un adulte qui félicite émet un jugement, ce qui place l’enfant en position d’infériorité. Ce jugement peut bloquer l’enfant dans la mesure où il réveille le pendant négatif des félicitations, c’est-à-dire les critiques. L’enfant peut donc développer une peur chronique de l’échec et un déficit de confiance en lui.
Par quoi remplacer « c’est bien » ?
Passons donc à la boite à outils pour remplacer le « c’est bien » et véritablement encourager les enfants :
- la description sans juger de ce que nous renvoient nos sens en commençant notre phrase par « je » : « je vois que tu as enlevé tes chaussures » « j’ai remarqué » tes efforts »
- les questions sur le ressenti de l’enfant : « Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as… ? » « Qu’est-ce qui t’a fait le plus plaisir ? » « De quoi es-tu le plus fier ? » « Et toi qu’en penses-tu ? » puis la reformulation en miroir (écoute active) « Je constate que tu es vraiment content. «
- la communication non-verbale : un sourire, un regard suffisent.
- la photo valorisante : « je peux prendre en photo ce que tu as fait ? »
- la gratitude : « merci de m’avoir aidé à rentrer les courses »
- la phrase descriptive + émotion+message « je » : « j’aime te regarder… (dessiner, courir, ranger tes chaussures) »
Et à éviter :
- les félicitations (qui sont des récompenses) -> voir cet article
- les jugements : « c’est bien/ c’est pas bien » -> voir cet article
- les étiquettes : « tu es… » -> voir cet article
- les récompenses : « tu auras cela si tu fais ça » -> voir cet article
Derniers mots :
Est-ce facile de cesser de dire « c’est bien » ? Non, car les habitudes sont coriaces (notamment celle de juger). En revanche, elles ont tendance à disparaitre quand nous les remarquons et quand nous prenons l’habitude de les remplacer !
Savez-vous ce qui facilite la transition vers le non-jugement ? la méditation ! On y apprend à observer plutôt que juger. 🙂
Merci pour l’article !
J’essaye souvent de m’améliorer ou de connaitre ce qui est mieux ou pas depuis que je suis ado ! Mais j’avais jamais entendu parlé de ça au niveau de « c’est bien. »..etc !! En effet, c’est une habitude coriace, on le fait tous et à plusieurs reprises ! lol
Merci encore!
Merci pour cet article ! Je suis adepte de la philosophie zen et bienveillante depuis environ 1 an, ça a changé nos vies à la maison et partout ailleurs car on relativise beaucoup plus ! Mais étant en formation pour travailler dans la petite enfance les mauvaises habitudes des « bravo, c’est bien » reviennent au galop à chaque stage et en m’entendant le dire je m’exaspère lol
Avoir des alternatives écrites auxquelles je peux me rattacher va bien m’aider !
Bonjour et merci pour votre site et les partages que vous y faites.
Mais là, quand-même! J’essaie en tant que mère de faire de mon mieux et à chaque fois, il y a une nouvelle erreur qu’on me pointe du doigt. Ça devient très culpabilisant et décourageant à la longue.
« Bravo, c’est bien », c’est un jugement, certes, mais un jugement positif qui témoigne avant tout qu’on porte de l’intérêt à la personne, mais c’est surtout un message qui sert avant tout à féliciter son enfant (ou n’importe qui d’ailleurs) et qui devrait être pris comme tel. Tout simplement. La simplicité et les messages explicites ne sont-ils pas bénéfiques à la communication et à l’éducation?
Merci de vos retours et bonne journée
Merci Marjorie vous avez exprimé totalement ce que je ressens à la lecture de cet article… et en tant que mère!
C’est intéressant mais il est vrai qu’à la longue c’est culpabilisant car plus nous avançons plus nous trouvons de comportements à changer car nocifs pour le développement de nos enfants…
Je trouve aussi.. .
D’autant qu’en avançant dans le temps les enfants sont de plus en plus turbulents, rois ou encore insolents…
Nos parents ne s’embetaient pas avec tout ça et nous semblons être des adultes responsables épanouis et de bons parents…
Je pense qu’il est surtout temps de laisser l’éducation se faire simplement sans toutes ses contraintes d’éducation pu ses peurs de porter atteinte à la santé mentale de nos bambins…
Merci c’est rassurant de voir des parents conserver un esprit critique tout en acceptant de se remettre en question. Effectivement je trouve aussi que cet article manque de nuances et n’est donc ni encourageant ni formateur pour moi. Oui au débats non aux vérités toutes faites et c’est ce que je souhaite transmettre à mes enfants : l’esprit critique
Bonjour,
Je suis d’accord, il faut évoluer, mais de grâce arrêter de faire culpabiliser les parents en leur démontrant que ce qu’ils font n’est pas la bonne solution. S’il y avait une solution ou un mode d’emploi pour élever les enfants, il y aurait des écoles qui s’empresserait de faire payer des cours pour éduquer ses enfants. Le plus important n’est-il pas tout l’amour que nous pouvons donner à nos enfants (ou petits-enfants, ou autres….) Quand nous faisons les choses avec le cœur, ces chers petits le ressentent et le comprennent très bien que nous les félicitions, encouragions ou même les réprimandions.
Bonne journée…
Bonjour a tous.
J’imagine que remplacer les notions de bien comme de mal afin de ne pas juger sera bien long vu comme notre société est basée sur le jugement, la dualité, avoir..
Moi aussi j’ai du mal à comprendre ce principe. Il me semble difficile d’accompagner un progrès sans donner son avis. Sans doute par ce que élevée selon le modèle oui bien / non mal..
Il me paraît quand-même évident que les progrès de l’enfant sont d’abord physiologiques, innés ( marche par exemple ) et que les autres de ses progrès auront pour source l’imitation avant tout..
Aussi, en tant que parents, notre jugement est souvent subjectif ( surtout lorsque il s’agit de donner son avis quand à un sujet que nous ne maîtrisons pas ) car impulsifs et commandés par nos sentiments. Ainsi, il n’est pas rare qu’un petit souffre lorsque il aura injustement été rendu fier d’un travail qui sera évalué médiocre par son instituteur.
Il est de toute manière déconseillé d’intervenir sur le plan scolaire afin de ne pas interférer avec ses acquisitions et l’idée que le jeune se fait de l’institution.
Trop félicité, il est aussi facile qu’il ne soit plus dans un rapport d’égalité avec ses camarades de classe et que cela génère auto isolement et rejet à un moment ou l’intégration au groupe est si importante.
La réalité peut alors le déstabiliser. Lui signifier que ses efforts sont inutiles!
Par ce qu’il risque de voir le monde d’une manière ou le mieux noté, le mieux vêtu, le mieux logé, mieux..etc est synonyme de meilleur! ( si, si, j’ai déjà vu des parents dire : regardes comme nous sommes pourvus de ceci de cela! Et pas untel)
Et lorsque il sera invité chez ses camarades, ses repères factices s’effondreront!!
Paradoxalement, ces enfants admirés sont souvent trop soutenus, aidés. Ce qui peut les freiner dans leur spontanéité. Sans support, certains se perdent, sont hésitants ou d’autres considèrent cette attention comme une dette et se bloquent lorsque ils ne l’obtiennent pas. Il peut en résulter un manque d’autonomie voir une inadaptation une fois adultes.
Cependant, on ne peut que constater que admiration, félicitations ont une part innée. Présente dans bien des cultures. C’est une quasi constante de l’éducation et même de la communication des adultes.
J’ai en exemple des parents rejetant les surnoms pour leurs enfants afin de ne pas faire naître le narcissisme dans leur personnalité.
Eh bien leurs enfants éduqués sans « petit amour » « mon chéri » etc tout de même sensibles à ces flatteries les recherchait ailleurs alors qu’elles devaient être étrangères a leurs pensées!
Le jugement est souvent subjectif, certains seront en admiration devant Picasso d’autres devant Rodin..Pour ce qui est du bien et mal, Il faut sûrement être mûr pour tirer bénéfice du jugement de l’autre.
Il est urgent qu’on exprime à nos enfants que l’essentiel c’est d’être content et qu’on obtient cela grâce aux efforts de chacun dont soi en particulier. Que c’est grâce à la participation de tous que cela est cohérent. Afin qu’il ne se centre ni sur lui même, ni excessivement sur les attentes d’autrui ni sur ce qu’il attend d’eux..
Quelle surprise pour moi de tomber sur cette article intéressant. Dans mon pays, le modèle d’éducation traditionnel et majoritaire évite de féliciter les enfants car cela les rendrait orgueilleux. Et l’ONG où je travaille veut mettre en œuvre un projet de développement de la petite enfance à travers des stratégies comme une éducation parentale visant à féliciter les enfants avec des ‘bravos’. Après la lecture de cet article donc je découvre que le modèle traditionnel n’est pas forcément à jeter à la poubelle. Merci.