L’humiliation publique éduque-t-elle ?
|Suite au visionnage d’images récentes où un adolescent subit un recadrage au milieu d’une foule et devant les caméras, je me suis posé cette question relativement à la parentalité :
L’humiliation éduque-t-elle ?
Voici mon point de vue, étayé par quelques informations issues de l’analyse transactionnelle et des neurosciences.
L’humiliation est un outil dont dispose le bourreau/persécuteur si nous considérons le célèbre triangle dramatique de Karpman.
Elle place celui qui en est la cible en position de victime.
Elle lui suggère aussi, lorsqu’elle est faite publiquement, que cette personne mériterait d’être mise à l’écart de ses semblables.
Or, nous sommes des créatures sociales. Nous avons besoin d’être connectés les uns aux autres et de nous sentir appartenir à un groupe. Ce besoin tire ses origines de notre histoire où la survie dépendaient (et dépend toujours) de la cohésion, de l’entraide, de la complémentarité et de la transmission du savoir.
C’est pourquoi la peur d’être rejetée est une des principales sources d’angoisse et de souffrance dans notre société.
Le rejet social est d’ailleurs ressenti aussi intensément qu’une douleur physique.
Les recherches de Naomi Einsenberg, professeure de psychologie à l’université de Los Angeles ont en effet démontré que dans le cerveau, le cortex cingulaire antérieur enregistre les rejets sociaux dans la même aire que la souffrance physique.
Et cette douleur s’exprime aussi par empathie : quand nous voyons des personnes exclues ou assistons à un rejet , nous ressentons de la souffrance. C’est ce qui se produit dans les classes où les enfants sont spectateurs de la mise à l’écart ou l’humiliation d’un de leurs pairs. Même s’ils ne sont pas directement concernés, ils en ressentent de la tristesse et de la douleur. Et cela réveille en eux la peur d’être exclu à leur tour.
Ce sont là des facteurs anxiogènes qui freinent les capacités d’apprentissage et fragilisent la sécurité affective.
Pire, ces souvenirs d’exclusion se gravent dans la mémoire et influent sur le comportement tout au long de la vie.
Donc, non, l’humiliation n’est pas un outil éducatif. C’est un outil de manipulation basé sur la peur de l’exclusion.
À bannir par conséquent si nous souhaitons accompagner les enfants et les ados dans leur développement et leur responsabilisation sans les transformer en « moutons » ni en bourreau .
Comment éviter l’humiliation :
- éviter la « morale » et les leçons en public
- pratiquer la communication non-violente et le message « je »
- rappeler les règles en privé
- interroger l’enfant/l’ado sur l’émotion à l’origine d’un comportement qu’on réprouve
- identifier l’origine de l’émotion avec lui et les besoins correspondants + solutions possibles
- refuser de rentrer dans les jeux de pouvoir comme le triangle de Karpman
- utiliser l’humour
Sources :
« Heureux d’apprendre à l’école » de Catherine Gueguen
« Victime, bourreau ou sauveur : comment sortir du piège ? » de Christel Petitcolin
« Boostez votre parcours professionnel avec le mind mapping »