La maltraitance infantile : ce que révèlent les neurosciences
Les recherches neuroscientifiques récentes confirment que la maltraitance pendant l’enfance (négligence, abus physiques, psychologiques ou sexuels, pauvreté) laisse des traces profondes et durables sur le cerveau, affectant non seulement la cognition, mais aussi les aptitudes émotionnelles, relationnelles et même la santé physique à l’âge adulte. À travers une synthèse rigoureuse d’études, Catherine Belzung dans son livre « Enfance maltraitée, les apports des neurosciences » montre que les conséquences varient selon la nature de la maltraitance et l’âge auquel elle survient, avec des vulnérabilités spécifiques pour l’hippocampe (mémoire, stress : 3-5 ans), l’amygdale (émotions : 10-11 ans) et le cortex préfrontal (prise de décision, régulation émotionnelle : adolescence).
Altérations morphologiques et fonctionnelles
La maltraitance peut réduire ou modifier le volume de certaines régions du cerveau. Par exemple:
– Le cortex auditif est impacté après des violences verbales, alors que le cortex somatosensoriel l’est plus spécifiquement après des agressions sexuelles.
– L’hippocampe, l’amygdale, et le cortex préfrontal montrent souvent une réduction de volume, ce qui influence négativement la mémoire, la gestion du stress, les émotions et le comportement social.
– On observe aussi des altérations au niveau des cellules cérébrales : moins de neurones dans le cortex préfrontal, mais davantage dans l’amygdale, rendant la personne plus vulnérable au stress et aux émotions négatives.
– D’autres types de cellules – oligodendrocytes (myéline) et cellules microgliales (immunité, inflammation) – sont aussi altérés, entraînant des phénomènes de neuro-inflammation persistante.
Conséquences comportementales et transmission
Ces modifications neuronales expliquent en partie le risque accru de troubles psychiatriques (dépression, anxiété, addictions), mais aussi certaines pathologies physiques à l’âge adulte : obésité, caries, etc. Fait préoccupant, certaines de ces altérations pourraient même se transmettre d’une génération à l’autre.
Un espoir par la prévention et la résilience
Face à ces constats, l’ouvrage insiste sur la nécessité d’identifier et de protéger le plus tôt possible les enfants exposés, afin de limiter les séquelles. Il existe également des facteurs de résilience – individuels, familiaux, collectifs – permettant à certains enfants de surmonter ces traumatismes. Enfin, les neurosciences ouvrent la voie à des pistes de soins adaptés et à une meilleure prise en charge par les professionnels de l’enfance.
Ce livre rappelle l’importance de la prévention, du repérage et de l’accompagnement spécialisé pour réduire durablement l’impact des violences faites aux enfants, pour leur avenir et celui des générations futures.
Source (ce livre est disponible gratuitement ici) : 

