La galère d’une séparation avec deux modes d’éducation différents

Être parent solo n’est parfois pas une sinécure surtout lorsque les deux parents qui ont une garde partagée pratiquent des éducations littéralement différentes.

D’un côté une éducation qui se veut consciente et bienveillante avec une recherche et une remise en question permanente.

De l’autre une éducation pour le moins laxiste et émotionnellement aseptisée qui n’accepte pas la remise en question.

L’enfant qui grandit entre ces deux éducations s’adapte et montre un visage à deux facettes pour contenter l’un et l’autre en évitant les conflits de loyauté. Il pratique aussi facilement le mensonge et la dissimilation pour les mêmes raisons. Il profite de l’absence de règles et de cadre d’un côté car elles le contraignent. Comment l’en blâmer ?

En s’adaptant ainsi continuellement à la personnalité de l’un et l’autre des parents, il n’est jamais tout à fait lui même, du moins lorsqu’il est dans le champ d’attention (ou d’inattention) de l’un ou l’autre de ses parents.

Il se réfugie alors dans son monde, pour tenter de se retrouver un peu. Ou il cherche un nouveau repère pour s’orienter en s’entourant de ses pairs dans les yeux desquels il traque son image.

Il trouve aussi un certain réconfort en se confiant à un psychologue ou autres adultes empathiques et neutres.

Le parent conscient du problème subit une énorme pression et se sent souvent coupable et impuissant. Son désir d’aider son enfant n’est pas satisfait, loin de là.

Il évoque les recours légaux mais s’est déjà heurté aux incohérences d’un système qui manque cruellement de finesse et d’humanité.

Alors, il se remet à l’espoir tout en essayant de se préserver un minimum car s’il perd la santé, il ne pourra plus compenser les lacunes de l’adulte auquel il a été autrefois lié sous le même toit. Lacunes qui transpirent d’une semaine sur l’autre.Car les émotions, la fatigue, les besoins insatisfaits,… s’expriment dans le milieu où on se sent le plus en sécurité. L’enfant prend la parole où il est écouté sans être jugé.

Dans un tel déséquilibre, le parent solo subit une charge mentale double. Il fait de son mieux lorsqu’il garde l’enfant, tâche de rétablir l’équilibre, panse les blessures de son enfant et lui apporte des preuve d’amour inconditionnel. Et il s’inquiète les semaines où l’enfant n’est pas là, jusqu’à en perdre le sommeil, imaginant le pire et rêvant d’une rébellion d’un enfant devenu adolescent. Une rébellion pour affirmer sa volonté et ignorer le chantage et les menaces voilées. Déjouer les tentatives de manipulation, sortir des jeux de pouvoir, s’extraire de la « rivalité » entre ses deux parents.

 

Ce qui aide le parent conscient dans ce cas est de s’entourer, de consulter des thérapeutes, de faire du sport, de méditer, de s’informer, de verbaliser, d’écrire et d’agir, même un peu.

La lâcher-prise est quasiment impossible car l’attachement est trop puissant, la responsabilité trop lourde pour être simplement posé. Il serait pourtant grandement salvateur car nourrir des angoisses est stérile et usant.

Il reste le divertissement et les activités qui développent l’optimisme et effacent le pessimisme, le fatalisme et la rancoeur.

Car il suffit parfois d’un rien pour que tout bascule du bon côté.

Ayons foi en la bienveillance, prenons soin de nous et continuons d’oeuvrer avec le coeur pour que notre lumière intérieure soit un guide et une source de confiance pour ceux que nous aimons.

 

Pour parler plus spécifiquement des différentes visions de l’éducation au sein du couple ou pour des parents séparés, je vous invite à lire cet article :

L’éducation non violente et bienveillance au sein du couple (Isabelle Filliozat)

 

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