Être un parent suffisamment bon : le parent « parfait » n’existe pas

Le pédiatre et psychanalyste Donald W. Winnicott a introduit le principe de « Good enough mother » (mère suffisamment bonnne).  Suffisamment signifie ni parfaite, ni idéale, ni omniprésente mais simplement « juste assez ». Cette vision implique que le parent fait des erreurs qui lui permettent de mieux comprendre son enfant et de répondre à  ses besoins. Répondre, certes, mais pas tout le temps car il y a une limite aux « pouvoirs de divination (pour deviner les besoins ») et combler tous les besoins de l’enfant par anticipation est quasi impossible. De plus, l’enfant doit lui-même progressivement gagner en autonomie pour identifier ses besoins et agir pour les satisfaire.
Ainsi, le parent « suffisamment bon » fera de son mieux, apprendra au fil de ses erreurs et aidera l’enfant à devenir autonome, ce qui implique une dose progressive de lâcher-prise (mais pas de laisser faire ou de laxisme).

Le droit à l’erreur du parent est un concept libérateur car il débloque les capacités d’apprentissage. C’est d’ailleurs le cas aussi pour l’enfant à qui nous n’imposerions pas l’idée de perfection avec la rigidité que cela implique.

Nous sommes parents, nous sommes humains et nous accompagnons le développement d’humains avec son lot d’approximations et de ratés qui constitue la base de l’apprentissage jour après jour.

Alors, être un parent « suffisamment bon » est une étiquette, j’en conviens. Mais elle me semble stratégiquement pertinente pour s’opposer à une confusion désagréable entre « bienveillant » et « parfait ».

La perfection n’existant pas, inutile de se mettre la pression.

Ces quelques réflexions proviennent d’un chapitre du livre de la psychologue spécialiste de  l’enfance Nathalie Parent « Enfants stressés ». Elle nous y propose une liste de suggestions pour nous guider sur le chemin du parent « suffisamment bon ».

  1. Entendre l’enfant dans son besoin ou son émotion, sans chercher absolument à les combler
    En ne cherchant pas à combler absolument tous les besoins de l’enfant, il s’engagera lui-même à le faire et cela l’aidera à devenir autonome. Ce qui compte est d’être présent. Ce constat n’est évidemment pas valable pour les besoins essentiels à la survie d’un tout-petit qui sera dans l’incapacité de subvenir à ses propres besoins fondamentaux (boire, manger,…). Pour les plus grands, nous pouvons nous appuyer sur l’écoute empathique qui, sans donner de solutions directement, encouragera l’enfant à réfléchir à la meilleure façon d’agir pour régler son problème et à cerner ce qui se passe en lui (verbalisation émotionnelle).
    Pour illustrer ce principe, voici quelques exemples de phrases :
    « C’est frustrant pour toi, je comprends… »
    « On dirait que tu aimerais que je reste avec toi ce matin, c’est difficile de partir… »
    « C’est frustrant pour toi de devoir attendre, tu voudrais l’avoir tout de suite… »
    « Ma réponse ne te convient pas, je comprends, tu aurais préféré que je te dise oui. »
  2. Prendre conscience, en tant qu’adulte, des sentiments, souvenirs, blessures, que l’enfant éveille en nous
    Il se peut qu’une situation douloureuse vécue dans le passé fasse de nouveau son apparition lors d’une expérience avec l’enfant. C’est là qu’il est important de distinguer cette expérience d’un vécu antérieur et de ne pas confondre les deux car chaque individu est différent et nécessite un comportement adapté. En revanche, l’adulte peut s’engager dans un travail de fond pour clarifier son passé et débloquer des émotions (EMDR, EFT, dialogue avec l’enfant intérieur, hypnose,…).
  3. Rester présent à ce qu’il vit, être à ses côtés ou y penser et chercher à le comprendre
    Offrir une présence à l’enfant est plus important que de le conseiller ou se lancer dans ds explications sans fin. Cette attitude est à la fois mentale et physique. Suis-je présent à mon enfant/mon adolescent. Est-ce que je lui envoie des signes de cette présence par mon attitude ? Est-il conscient de mon attention et de mon intérêt pour ce qu’il vit et ressent ? Sait-il que je souhaite l’aider et le soutenir, que je lui fais confiance ? Tout cela se transmute principalement par le non-verbal.
  4. Inclure l’enfant dans le processus de réflexion 

    Collaborer avec les enfants implique de leur demander ce qu’il pense de telle ou telle situation. De leur proposer des choix ou de leur demander quels choix ils ont. Attention de correctement ajuster cette inclusion dans le processus de réflexion en fonction des capacités cérébrales de l’enfant.

  5. Trouver des moments pour soi en tant qu’adulte 

    Les moments de plaisir et de divertissement en dehors du rôle de parent sont importants pour l’équilibre. De plus, cette prise de distance apporte de nouveaux éclairages et des idées pour mieux agir avec les enfants ( sérendipité et prise de recul).

  6. Orienter l’enfant vers le jeu, l’encourager à aller vers l’extérieur, à la rencontre de ses amis
    Être en « vase clos » n’est pas sain car les tensions s’accumulent et une dépendance se crée. Il est donc important de côtoyer des pairs en développant ainsi l’intelligence émotionnelle et sociale.
  7. Se rappeler qu’une partie m’appartient en tant qu’adulte et qu’une partie appartient à l’enfant
    Le parent ne peut pas régler tous les problèmes de son enfant. Ce qui est source d’un sentiment d’impuissance qui fait partie de la vie. Alors relativisons.
  8. Avoir un regard compatissant et aimant vis à vis de l’enfant même quand nous sommes fâchés
    L’amour n’est pas une récompense ou un objet de chantage que l’on pourrait retirer à tout moment. L’enfant, pour progresser, a besoin de se sentir aimé inconditionnellement.
  9. Quand nous sommes inquiets pour l’enfant, se demander ce que nous pouvons faire dans le moment présent
    Offrir un câlin, lui dire que nous l’aimons, que nous le soutenons, que nous sommes là,… sont des actions ancrées dans le moment présent. Elles soulagent autant l’adulte que l’enfant.
  10. Se rappeler que se donner le droit d’être un parent imparfait mais « suffisamment bon » va donner le droit à l’enfant d’être imparfait et « suffisamment bon »
    Se donner et offrir le droit à l’erreur est primordial pour réduire le stress, booster la confiance et développer la tolérance pour soi et les autres.

 » Enfants stressés » de Nathalie Parent est disponible sur :

 

 

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