Entre parent et enfant : les scénarios voués à l’échec
|Certains scénarios sont voués à l’échec dans l’éducation. La complexité de leur dépistage est qu’ils sont parfois ancrés dans nos croyances et nos habitudes car nous les avons aussi vécus pendant notre enfance. Je me dis souvent, en considérant que 1% de l’activité du cerveau est cognitive et que le reste est de l’ordre du « non-conscient » qu’un travail de pleine conscience est indispensable. Il peut passer par des questions simples comme :
« Est-ce que je fais cela parce que je le veux ou est-ce parce mes parents faisaient ainsi ? Est-ce que que j’agis ainsi par habitude ou par choix ? ». Nous reviendrons sur ce passionnant sujet très bientôt.
En attendant, voici des pistes de réflexion et d’action pour travailler à améliorer notre parentalité. Elles nous sont transmises par le psychologue mondialement connu Haim Ginott dans le livre « Entre parent et enfant ».
– les menaces : une invitation à mal se conduire.
Dans la formulation suivante « Si tu recommences à … », l’enfant va surtout comprendre « recommences » et même penser qu’il s’agit d’une sorte de défi lancé par ses parents.
Il est plus judicieux de dire ce que l’enfant doit faire (une consigne précise et affirmative) et d’établir des règles en collaboration avec lui.
– manipulations : le piège du « si tu-alors »
« Si tu es sage alors tu auras un bonbon ».
Cette phrase laisse entendre à l’enfant que nous ne croyons pas en ses capacités à progresser. L’autre inconvénient est que l’enfant va peut-être dégrader intentionnellement (puis involontairement avec l’habitude) son comportement pour gagner une récompense lorsqu’il répondra enfin positivement au nouveau « si…alors » posé par ses parents.
Enfin, ce système peut vite mener à un cercle vicieux du marchandage permanent.
– Autre facette de la manipulation : la comparaison.
Lorsqu’on dit à un enfant « ta soeur y arrivait, elle. », il va ressentir de la honte, de l’animosité envers sa soeur et une envie de camoufler ses défauts (par le mensonge et l’évitement de situations qui pourraient le mettre en difficulté). Ces comportements ne permettent pas de progresser et posent des « complexes », ralentissent la sociabilisation et encouragent l’esprit de compétition plutôt que de collaboration .
– l’étiquetage : il fige l’image des enfants.
Lorsqu’on dit à un enfant : « tu es bête » « tu es intelligent », etc. Il modifie l’image qu’il se fait de lui-même.
Il est donc nécessaire de ne pas juger ni étiqueter mais de préférer une approche descriptive de ses actes, lui proposer des choix, lui donner des consignes précises et des outils pour qu’il s’inscrive dans l’idée qu’on peut toujours progresser, que rien n’est figé et encourager ses efforts et ses intentions.
– promesses : des attentes irréalistes qui peinent tout le monde
Les promesses ne doivent ni être faites, ni être exigées. Quand on promet, on envoie un message négatif derrière lequel se cache un déficit de confiance et on s’expose à de nombreuses frustrations.
« On ne doit ni exiger ni extorquer des enfants la promesse d’une bonne conduite future, pas plus que la cessation d’une mauvaise conduite passée. Quand un enfant fait une promesse qui ne vient pas de lui, il signe un chèque sans provision« .
– le sarcasme : un obstacle à l’apprentissage
« Tu te prends pour un génie ? ahah ! Laisse faire les grands pour régler ça. »
Les sarcasmes, l’ironie et autres moqueries sont des attaques qui incitent l’enfant à contre-attaquer pour se défendre. Rien ne justifie le fait de le dévaloriser à ses yeux et aux yeux des autres. De plus, cette approche coupe la communication entre parent et enfant.
– autorité rime avec concision : moins de mots, plus d’efficacité.
Les enfants ont surtout besoin d’être écoutés et compris. Ainsi, en leur accordant de l’attention et en reformulant ce qu’ils disent en « miroir »(ou en gardant le silence quand il faut), on leur permet de trouver des solutions seuls. C’est ainsi qu’ils apprennent le mieux et renforcent leur confiance en eux.
Il est donc conseillé de parler moins. Ainsi, lorsque les chaussures ne sont pas rangées, dites simplement « chaussures » en vous adressant à l’enfant.
– mensonges : apprendre à ne pas l’encourager
Lorsque vous connaissez déjà la réponse à une question comme « »As-tu nettoyé ta chambre comme je te l’avais demandé? ». Vous posez un piège pour l’enfant qui sera obligé de mentir ou de se justifier car une menace pèse.
Préférez le mode descriptif qui poussera l’enfant à comprendre par lui-même :
« Je vois que ta chambre n’a pas été nettoyée ».
Un mot en particulier est à bannir : « pourquoi ».
En bref, évitons les accusations et les menaces afin de garder sincérité et confiance dans les échanges.
« Entre parent et enfant » est disponible sur Amazon.fr ou chez votre libraire préféré.
Merci pour tous vos posts avec lesquels je suis tellement d’accord. Mais le mode éducatif punitif est ancré profondément chez nos contemporains. Tous ensemble, nous parviendrons à les convaincre des bienfaits de la parentalité positive, éclairée et bienveillante. Encore merci ☺
Bonjour, oui, faisons chacun notre part pour aider à modifier les croyances et répandre la bienveillance. Merci pour vos encouragements. A bientôt. 🙂
J’ai bien lu cet article et en fait, j’applique, dans la mesure du possible, certaines méthodologies. Le problème, c’est que les autres personnes qui s’occupent de ma fille (enseignants, atsem, animateurs, etc.) sapent ce qui est fait. La comparaison, la manipulation font parties des méthode des d’apprentissage en dehors de la maison. Alors comment faire pour équilibrer ? Comment expliquer à l’enfant et à l’adulte concerné que c’est injuste de la comparer à sa petite copine parce qu’elles sont différentes et qu’elles apprennent à un rythme différent ? J’ai parfois l’impression de me battre contre un torrent…
Bonjour, merci pour votre message. Quel âge a votre fille ?
Bonjour,
J’adhère totalement!
J’ai une question : sauriez vous expliquer pourquoi on ne doit pas dire pourquoi à un enfant? Et jusqu’à quel âge ?
Merci!
Merci beaucoup pour vos post
Voici une remarque et témoignage d’une alternative sympa à la récompense qui n’est plus une récompense mais un pari « même pas cap ! « « cap ou pas cap » c’est un défi-jeu Ce n’est pas vécu comme un chantage récompense
S’il gagne il a une sucette et sinon c lui qui m’offre la sucette avec ses sous
Du coup il me pose de vrai question sur comment être calme en classe, ce qu’il ne faisait pas avant
C un échange
Il se pique au jeu et maintenant est sage à l’école !
En fait tout ce qui est dit ici me rappelle les paroles des educs lorsque j’assiste aux activités éducatives des jeunes (handicap). C’est triste. Car ils pensent être dans le juste chemin. Mais je pense au fond de moi qu’on peut faire autrement. Mais comment faire changer cela?