Colère, agressivité,… : les conseils d’une pédiatre pour réagir avec bienveillance
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Dans son livre « Vivre heureux avec son enfant », Catherine Gueguen répond à une problématique que rencontrent de nombreux parents au quotidien : Mon enfant fait des colères, il est agressif, il tape, il mord. Comment réagir avec bienveillance ?
Voici ses conseils.
Comprendre
« Entre 1 et 3 ans, si l’enfant se trouve dans des situations très émotionnelles qui le mettent en état d’insécurité, s’il se sent en danger, si des besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits (besoin d’affection, d’attention, de jouer, de calme,…), son cerveau archaïque va le dominer et le conduire à avoir des réactions instinctives d’attaque, de fuite ou de sidération. «
Dans ce cas, la réponse idéale de l’adulte n’est pas la répression par la punition, la menace, l’isolement ou la violence mais bien l’écoute émotionnelle, la facilitation de l’expression verbale et la fermeté avec un rappel et une explication des règles. Cette approche douce permet au cerveau de l’enfant de devenir mature et de prendre progressivement le contrôle de ses impulsions.
Les cris, menaces, postures menaçantes, violences physiques et orales de l’adulte face aux crises d’un enfant ralentissent la maturation de son cerveau. De plus, l’humiliation et la peur induites, loin de stopper le comportement agressif, provoqueront encore plus d’agressivité (les neurones miroirs aident l’enfant à imiter ce qu’il vit) et pourront rendre l’enfant anxieux et dépressif.
A retenir :
- L’enfant n’est pas « méchant », il ne cherche pas à provoquer ses parents.
- Son cerveau est trop immature pour maitriser ses émotions. Il a besoin d’aide.
- L’empathie et la bienveillance aident l’enfant à développer son cerveau tandis que le stress induit par l’humiliation non, au contraire.
- Peu de mots suffisent, les neurones miroirs permettent à l’enfant de nous imiter. Si son environnement est empathique et bienveillant, il le deviendra aussi. A l’inverse, s’il subit et assiste à de la violence, il la reproduira.
Comment réagir
1) Déconnecter les processus inconscients et soigner son propre enfant intérieur
Face aux crises de l’enfant, et avant toute réaction sous l’emprise de la colère et qui emmènera à de la violence physique ou orale, se demander : « Est-ce moi qui réagis ainsi ou est-ce que je reproduis ce que j’ai subi pendant ma propre éducation ? » Voici une question qui peut déconnecter les processus inconscients qui nous entrainent sur le même chemin éducatif que nos parents.
Il se peut d’ailleurs que la croyance selon laquelle « c’est la meilleure manière d’éduquer » soit fortement ancrée grâce à la répétition, dans l’enfance, de messages culpabilisants ou erronés ou encore d’étiquettes qui ont modelé la personnalité de l’enfant que vous étiez et de l’adulte que vous êtes :
« C’est pour ton bien. » « Tu me rends dingues » « Qu’est que tu as encore fait » « Tu es insupportable » « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un gamin pareil » « Heureusement qu’on t’a puni car tu aurais fait encore plus de bêtises » « Tu n’as pas le droit de pleurer avec tout ce que je fais pour toi » « Tu es trop gâté » »Qui est le coupable ? Qui a renversé ce vase ? » « Tais-toi ! quand on est aussi méchant que ça, on n’a pas le droit de parler. » « Obéis ou alors… » « J’en ai marre de toi. » »Ta soeur au moins est plus sage que toi. »,etc.
Il est donc important de percevoir l’impact de ces phrases entendues pendant notre propre enfance et de soigner notre enfant intérieur pour ne pas les reproduire.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire cet article à ce sujet : 5 étapes pour guérir son enfant intérieur.
2) Adopter les réflexes bienveillants et empathiques
Catherine Gueguen conseille, lorsqu’un enfant s’apprête à taper, d’arrêter son geste avec douceur et sans élever la voix. Songez que son cerveau est immature, que l’enfant ne se contrôle pas, qu’il a besoin de votre présence pour l’aider à satisfaire ses besoins et calmer ses émotions et que vous l’aimez par dessus tout.
Si l’enfant est en colère, lui parler n’aura pas d’effet. En revanche, une étreinte physique produira de l’apaisement.
Une fois la crise surmontée, il est essentiel de poser des mots sur les émotions et de rappeler les règles tout en suggérant des solutions.
« Tu étais très en colère n’est-ce pas ? Je comprends que tu sois en colère mais jeter et mordre ne permettent pas de trouver des solutions, au contraire, cela nous en éloigne. Parler oui. »
Cette question peut également aider (après 5 ans) : « Comment t’y prendrais-tu pour calmer un enfant en colère ? »
Enfin, Catherine Gueguen nous invite à renforcer la confiance de l’enfant afin qu’il progresse :
« Tu vas apprendre à faire autrement, je te fais confiance, tu vas y arriver. »
3) Connaitre les besoins de l’enfant :
Connaitre les besoins de l’enfant est indispensable pour comprendre et réagir à ses comportements. Un besoin inassouvi provoque une émotion. Et c’est cette émotion que son cerveau immature ne peut gérer.
Dans son livre, l’auteure propose un tableau complet par tranche d’âge avec les besoins affectifs fondamentaux ainsi que les conséquences lorsqu’ils sont satisfaits ou pas. Précieuses informations.
4) Les actes à éviter :
- dévaloriser l’enfant « tu es méchant » « ce n’est pas bien ce que tu as fait »,…
- crier, menacer, punir, humilier, faire les gros yeux.
- lui demander de réfléchir à ce qu’il vient de faire, surtout en dessous de 5 ans car l’enfant n’a pas la maturité pour analyser ses actes et prendre du recul.
Source : « vivre heureux avec son enfant » de Catherine Gueguen.
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- fnac.com,
- decitre.fr
- cultura.com
Pour aller plus loin :
Aider son enfant à gérer ses émotions : technique du ballon
Agitation des enfants et alimentation (par Isabelle Filliozat)
Merci 😀 Très instructif ! <3
Merci pour ce partage…rarement lu un article si pertinent sur ce sujet.
Bonjour !
cela me parle et m’inspire beaucoup mais…j’ai du mal à trouver l’équivalent pour les « coleres » d’un bébé de 4 mois ( pleurs de decharge et frustrations, lors de conflits de besoin avec moi, par ex : elle veut mes bras ou du mouvement, je suis crevée et incapable / ou bien : elle est frustrée mais je ne comprends pas son besoin, que faire, etc