La bienveillance éducative ne s’acquiert pas en un jour
|Ceci est un article un peu plus personnel que d’habitude. Je souhaitais aborder le sujet de la difficulté de pratiquer l’éducation bienveillante définitivement et en un jour.
C’est d’ailleurs plus que difficile. C’est IMPOSSIBLE. Et ce n’est pas un système binaire : je suis/je ne suis pas bienveillant. C’est un effort permanent qui passe par une phase d’initiation et d’expérimentation. Puis on essaye de maintenir le cap.
La bienveillance, selon mes critères, est d’abord de causer le moins de souffrance possible chez soi et chez les autres.
La deuxième facette de la bienveillance est de favoriser l’émergence d’émotions agréables chez soi et chez les autres.
On travaille donc des deux côtés : diminution de la souffrance/augmentation des moments de bien-être.
Le problème est qu’il n’existe pas de tableau de bord pour nous guider.
Il faut donc s’en confectionner un basé sur deux visions : nos émotions et les émotions d’autrui. Pour être capable de mesurer ces émotions, il est essentiel de :
1) Accéder complètement à nos émotions
2) Apprendre à lire les émotions des autres
Accéder à nos propres émotions implique de se donner le droit de le faire. De ne pas considérer cela comme une faiblesse mais bien une chance de se reconnecter à notre moi profond. Et on a souvent des surprises quand on arpente ce chemin intérieur : on croise des injonctions (n’ais pas peur, ne pleure pas, sois fort,…) qui sont devenus de coriaces croyances limitantes, on voit aussi remonter des souvenirs du passé encore chargés de leurs émotions parasites avec des personnes que nous côtoyons encore aujourd’hui,… bref, la bienveillance débute par ce nettoyage interne et ce soin des bases affectives sur lesquelles nous nous sommes construit. Là, un à un, nous changeons les rouages qui font fonctionner les automatismes. C’est là que les réflexes qui causent la souffrance ont leur moteur. C’est là que la violence envers soi ressort vers autrui. C’est là que tout se joue pour créer un décor mental bienveillant, pour élaborer une boussole émotionnelle opérationnelle pour naviguer plus sereinement .
On ne peut donner ce que nous n’avons pas. La bienveillance commence donc par soi. D’abord s’écouter et se comprendre pour être capable d’écouter et de comprendre les autres.
Passons maintenant au deuxième point : Apprendre à lire les émotions des autres. Et là, bonne nouvelle. Nous sommes équipés pour cela avec un groupe de neurones appelés « neurones miroirs » qui nous autorise à nous connecter aux autres quasiment en wi-fi. Il suffit (presque) d’observer pour absorber ! C’est naturel. Enfin, pas tant que ça quand même. Car si nous ne savons pas interpréter ce que nous voyons, nous aurons juste une vague impression qui ne nous aidera pas beaucoup pour agir. On doit donc travailler un peu. En acquerrant par exemple un vocabulaire des émotions et en reliant les micro-expressions et sensations à ces émotions.
Ensuite vient l’accompagnement concret de l’enfant ou de l’adulte en face de nous. Tendre l’oreille, reformuler sans juger, parler positivement, encourager, câliner, collaborer, se tromper, recommencer, s’excuser… tout cela dans un même mouvement, dans le « feu de l’action ». Et toujours, rappelons-le, en gardant un oeil sur l’indicateur « souffrance/émotions agréables ». Wow !
Digne d’un pilotage d’avion en pleine tempête !
Et justement, c’est là où je voulais en venir.
L’éducation positive est une discipline qui s’intègre pas à pas, dont les écueils sont impossibles à éviter, qui nécessite du travail et de la compassion pour soi et les autres, du coeur aussi, bien-sûr. Les pratiques bienveillantes sont comme une danse pendant laquelle nous oeuvrons pour ajuster nos mouvements en fonction de nos aptitudes et de l’évolution de l’enfant tout en s’efforçant de suivre le rythme de la musique. Attentions aux pieds !
Ce qui est important est de progresser et non de savoir danser du jour au lendemain.
Alors, faisons de notre mieux en considérant nos deux indicateurs, testons, remettons-nous en question, inventons, excusons-nous si nous chutons un instant et surtout, surtout, aimons.
C’est dans cette optique que j’ai ouvert ce blog. J’espère qu’il vous aide dans ce défi. Nous sommes tous dans le même bateau : celui de la parentalité. Alors, tâchons de profiter du voyage (ou de la danse si vous préférez). 🙂
Merci pour cette éclairage sur la bienveillance car en lisant cela paraît simple et naturel hors c’est un travail important qui vaut le détour donc courage à tous persévérance reste le maître mot bonne journée
Bonjour Jeff
Je te remercie de ton article, plus personnel.
Je te rejoins, c’est un parcours du combattant, où il faut garder la foi.
C’est une aventure, où il faut sans cesse se remettre en question.
L’esprit kaizen que j’ai découvert en tant que patron agile prend ici toute sa force.
La critique face à la parentalité positive arrive très rapidement, mais on ne peut critiquer en l’essayant une seule journée, je suis bien d’accord avec toi !
Au plaisir
Evan
Merci beaucoup pour cet article je suis parfaitement en accord avec vous !
Merci pour cet article qui est très rassurant et redonne confiance… J’essaie de pratiquer l’éducation bienveillante avec mes enfants mais parfois c’est vraiment compliqué de ne pas trébucher et lorsque je crie ou que je perds patience, je me dis parfois que je n’y arriverai jamais et que je détruit mon enfant. Les mots que j’ai lus ici me rassurent beaucoup, merci ! Il faut dire que ma fille est en plein terrible two…
Merci beaucoup c’est encourageant pour notre cheminement.
C’est exactement ça.justement dit !votre site est une source précieuse d informations.
Merci pour ce très bel article qui donne la force de continuer. (et qui nous sort de la culpabilité, tellement relayée par tout ce qu’on peut lire du style « oui éduquer sans crier c’est possible ») La bienveillance commence par soi-même effectivement… Merci encore.
En effet, il faudrait cesser de se gendarmer et de gendarmer les autres: l’empathie est très importante. Cet article est excellent. J’ai fait une analyse freudienne orthodoxe et j’ai une maîtrise en hautes sciences de l’information et de la communication du CELSA/ La Sorbonne. Je sais ce je dis.Bravo !
Excellent article qui va beaucoup m’aider j’en suis certaine merci beaucoup de votre aide. J’apprécie vraiment
Article génial que je partagerai sur ma page « 3 petits tours pour grandir heureux », je le fais pour la majorité de vos articles et celui-ci a quelque chose de spécial, il redonne confiance aux parents et aux éducateurs, il ouvre le champs du droit à l’échec, si décrié encore, mais qui est pourtant si enrichissant pour peu que l’on communique pour de vrai avec son enfant ou son entourage, » je te demande pardon, je regrette cette attitude », et pour soi, « comment je pourrais faire autrement , quand je sens cette fatigue, cette colère, cette impuissance, comment je pourrais mieux communiquer » et si on a pas été éduquer dans la bienveillance, mais dans la discipline un peu rigide(ce qui est souvent le cas) se donner un objectif de participer à ce merveilleux système et d’accepter la notion de essai /erreur merci pour cet article bienveillant
Ton article ravive en moi des plaies .
Je pense que j’étais fondamentalement bienveillante de nature.
Mais c’est pas comme ça que j’ai été élevée loin s’en faut.
J’enseigne dans la bienveillance c’est d’ailleurs un terme avec lequel tous mes chefs m’ont évalué. Bien avant que ce soit a la mode.
Mais voilà. Ayant appris a ne pas l’être avec moi puisqu’on ne l’a jms été je ne le suis pas toujours avec mes enfants.
Je pète des plombs
Je m’impatiente
Je ne sais pas comment gérer leur violence l’une envers l’autre sans moi même gueuler.
Dire que je l’étais naturellement… Et j’ai été harcelée a l’école pour ça.
Bref je ne suis plus bienveillante il me faut parfois faire de gros efforts comme si nous étions deux dans le même corps.
Votre réflexion est d’une grande lucidité, c’est déjà très positif et courageux.
Donc il n’y a rien de perdu!
Il est très difficile de toujours être Zen …..
bon courage!
Merci pour cet article et ce blog qui m’aide à tenir le cap ☺️ Autour de moi, on me juge de mère laxiste, pratiquant l’éducation libre… Bref, c’est un chemin pour tous et les résultats sur mes enfants « clouent le bec » avec le temps
Un grand merci pour cet article plein de sincérité et d’authenticité.
Comme vous le précisez, la bienveillance est un travail quotidien, rien n’est véritablement acquis du jour au lendemain et lorsque l’on se trompe, que l’on n’agit pas en cohérence avec ses principes, il est doux de se rappeler qu’on à le droit, que c’est ok, et qu’en accueillant cet écart avec également de la bienveillance, on en sortira plus fort.
Merci.