Astuce pour mieux collaborer avec les enfants : transformer les reproches en demandes
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Dans son dernier livre « Heureux d’apprendre à l’école », Catherine Gueguen consacre un chapitre complet à la Communication Non Violente qu’elle préfère d’ailleurs nommer communication bienveillante, empathique ou consciente.
Elle nous alerte notamment sur un défaut de langage qui consiste à reprocher au lieu de tout simplement demander ce que nous attendons.
Ainsi, une maitresse, au lieu de dire « J’en ai assez de ce désordre et de passer mon temps à ranger. Rangez immédiatement ! » par « Je suis fatiguée de tout ce désordre et j’aimerais vraiment ne pas me sentir seule à ranger la classe, seriez-vous d’accord pour m’aider ? ».
D’une critique et d’un ordre qui ont tendance à couper le dialogue, nous passons à une proposition de collaboration basée sur un argument essentiel : le besoin d’ordre, ceci en passant par une observation non jugeante et la verbalisation d’une émotion sans accusation.
On comprend aisément que les enfants qui entendent la deuxième version ne sont pas tétanisés par la peur de représailles, la culpabilité et par le volume sonore menaçant. Ils sont au contraire prêts à aider. De plus, par imitation, ils apprennent eux-mêmes à formuler ce qu’ils attendent au lieu de reprocher. Idéal pour des relations apaisés avec leurs pairs et leurs proches !
Les reproches sont des attaques. Des attaques car, quand nous les proférons, nous nous sentons nous-mêmes attaqués et stressés car un de nos besoins est défaillant sans que nous nous en rendions compte. Cette réaction d’attaque par le reproche, nous l’avons peut-être apprise et assimilée inconsciemment en la subissant dans notre enfance et nos interactions sociales par la suite. C’est du copier/coller cimenté par des croyances limitantes.
Reprocher n’est pas le meilleur moyen de chercher et de trouver des solutions. Quand on reproche, on se tourne tout de suite vers l’autre pour le rendre coupable d’une chose qui est pourtant en nous. La CNV permet de se recentrer sur cette chose en nous. Et une fois le message intérieur décrypté (émotion, besoin), nous le transformons en solution. Nous dépassons le problème (le reproche) pour nous occuper de nos besoins.
Les reproches alimentent les râleries et dégradent notre moral
L’autre point important concernant les reproches répétitifs est qu’ils orientent nos pensées vers le pessimisme et la victimisation. Or, ceci est vecteur de stress et nous entraine dans un cercle vicieux de la mauvaise humeur. Pire, si râler est une seconde nature, cela peut occasionner des problèmes graves de santé. Les neurosciences expliquent cela ainsi :
Si nous éprouvons souvent de la colère ou de la tristesse, les circuits synaptiques (entre les neurones) adéquats se renforcent car ils sont de plus en plus empruntés. Or, ces émotions désagréables créent du stress que l’on peut mesurer par le taux de cortisol (son hormone) dans notre organisme.
Ce cortisol a des effets très négatifs à moyen terme : baisse des défenses immunitaires, augmentation de la pression artérielle, maladies cardiaques, gain de poids, réduction de la longévité… mais aussi : blocage des capacités d’apprentissage, dégradation de la faculté de mémorisation, etc.
Conclusion
Pour résumer, c’est ce que je vous propose de tester au quotidien :
« Dès que vous êtes sur le point d’émettre un reproche CONTRE, faites pauses et essayez de remplacer celui-ci par une demande claire qui mènera peut-être à une collaboration AVEC l’autre…ou vous-même. »
Ça change la vie avec les enfants et les adultes !
Pour faciliter la tâche, prenons l’habitude d’utiliser le « JE » à la place du « TU ».
Pense-bête CNV
Merci à Isabelle Padovani pour ce schéma :
Par IsabellePadovani — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, Lien
« Heureux d’apprendre à l’école »de Catherine Gueguen est disponible chez votre libraire et sur :