Une astuce pour exprimer sa colère sans agresser l’enfant
|La colère est légitime chez les humains. Elle peut même s’avérer utile dans certaines situations où notre vie est en danger. Mais la plupart du temps, cette colère est disproportionnée et surtout dirigée vers quelqu’un au lieu d’être simplement acceptée, écoutée et régulée.
Ce qui compte est que l’autre (enfant ou adulte) soit informé de notre colère sans pour autant être agressé. Car s’il se sent agressé, il réagira soit avec violence soit en se résignant par peur mais la situation problématique n’aura cependant pas été réglée. Juste différée. La colère aura été inutile, douloureuse et aura abimé la relation pour rien.
En effet, lorsqu’on expulse notre colère sur quelqu’un, le cerveau de celui-ci déclenche le mode survie, un mode où le cortex préfrontal est déconnecté. Or, c’est ce cortex préfrontal qui nous permet d’être empathique, d’apprendre et de communiquer calmement au lieu de se battre.
De plus, un enfant sur lequel on déverse de la colère n’est plus apte à apprendre, ni à comprendre comment changer de comportement pour répondre à nos attentes. Son cerveau supérieur est KO.
L’astuce pour ne pas agresser : Le message « je »
Quand nous, adultes et parents, ressentons de la colère ou une autre émotion désagréable, nous pouvons par réflexe attaquer l’autre en commençant nos phrases par « tu ». C’est presque un réflexe défensif.
Ce « tu » donne malheureusement la direction vers laquelle nous lançons notre colère. Tu->sur toi.
Elle s’exprime dans :
- les insultes : ‘Tu es débile ou quoi ??? »
- les prévisions négatives « Tu finiras en prison si tu ne travailles pas à l’école »
- les menaces « Tu vas voir ce que tu vas prendre si tu continues »
- les accusations « Tu me cherches ! »
- les ordres « Tais-toi, tu fais ceci sans broncher ! compris ! c’est moi qui commande »
Autant dire que ces manières de parler sont blessantes, dégradantes et ne contribuent absolument pas à la collaboration.
Pour nous calmer avant de parler et éviter de lancer notre colère comme un boulet de canon, il suffit de faire une pause et de dire :
« Je ressens de la colère »
« Je suis fâché »
Lorsque nous nous exprimons ainsi, il se passe deux choses :
- nous diminuons l’intensité de l’émotion (le cortex préfrontal régule l’amygdale dans le cerveau)
- nous laissons à l’enfant et l’adulte en face de nous l’accès à ses capacités de compréhension, de connexion et de coopération
Il y a une troisième conséquence à l’utilisation de cette phrase « je » :
L’enfant apprend à verbaliser lui-aussi ses émotions sans agresser autrui.
Et la suite ?
Une fois votre émotion exprimée, décrivez ce qui ne vous convient pas et ce que vous attendez.
Voyez également ce qui bloque l’enfant pour ne pas accéder à vos attentes :
- manque de pratique : l’apprentissage demande du temps et la mémorisation repose sur de nombreuses répétitions physiques et orales pour être totalement intégré
- une émotion qui le dérange et l’empêche de réfléchir et de se rappeler
- la fatigue
- la non-compréhension de ce que vous attendez (l’avez-vous formulé comme une règle (efficace) ou comme un interdit (inefficace))
Cette approche respectueuse établit une ambiance bienveillante perçue par l’enfant. Il sait qu’il peut être en confiance pour apprendre et collaborer sans violence. Il gagne alors rapidement en autonomie.
« Dans les situations embarrassantes, les parents sont plus efficaces s’ils expriment leurs propres sentiments et leurs opinions sans attaquer la personnalité et la dignité de l’enfant. En commençant leur phrase par le pronom « JE », ils peuvent exprimer leur colère, pour ensuite décrire la conduite répréhensible e l’enfant sans devenir insultants ni dégradants. » Haim Ginott