Pourquoi faut-il tenir la main d’une femme qui accouche ?

Je partage aujourd’hui avec vous un article qui répond à une question essentielle : Pourquoi faut-il tenir la main d’une femme qui accouche ? . Il a été rédigé par Anne Belargent, Doula sur la région Parisienne et Geraldine Pineau-Hua, éducatrice de jeunes enfants depuis 20 ans. Anne et Géraldine sont les co-créatrices de Naissanciel, société qui propose d’accompagner les parents et futurs parents dans tous leurs projets, de la grossesse à la naissance puis au cours des grandes étapes du développement des enfants. Je vous invite à visiter leur site et à poser vos questions auxquelles elles répondront avec plaisir. 

 

Anne et Géraldine

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Savez-vous que donner la main à une femme qui accouche constitue bien plus qu’un signe d’encouragement exigé légitimement par les femmes ? (S’il y a bien un jour où l’on mérite d’être le centre du monde c’est le moment où l’on donne naissance à nos enfants !)

Soutenir une femme qui accouche peut influencer directement le cours des évènements le jour J. Mais alors qu’est ce qui est concrètement en jeu ?

Lui tenir la main pour qu’elle sache qu’on l’aime et qu’elle n’est pas toute seule ? Oui, mais pas seulement.

Une femme soutenue a plus de  chance de connaître un accouchement plus court et moins médicalisé.  C’est ce que démontre une étude américaine qui relève les impacts d’un soutien émotionnel et physique pendant l’accouchement :

  • 50% de diminution du taux de césarienne,
  • 25% de réduction du temps de travail,
  • 60% de réduction de demande de péridurale,
  • 30% de réduction d’utilisation d’analgésique,
  • 40% réduction de l’utilisation de forceps.
In The Doula Book How a Trainer Labor Companion Can Help You Have a Shorter, Easier and Healthier Birth, Second edition- by Marshall, Phyllis Klaus and John Kennell (Perseus Press, 2002)

Pourtant, accompagner une femme qui accouche n’a jamais semblé aussi compliqué qu’aujourd’hui.

  • pour la sage femme dont cette fonction importante est de plus en plus difficile à assurer (à  cause de l’évolution du métier, du manque de temps et de la surcharge de travail dans les maternités)
  • pour le père qui a parfois du mal à trouver sa place et se sent parfois démuni ou gauche, ou qui n’est tout simplement pas préparé à jouer ce rôle le jour j,
  • pour la femme elle-même qui ne sait pas que de ce soutien peut dépendre l’efficacité des contractions et sa capacité à vivre son accouchement comme elle l’entend.

A la veille de leur accouchement, rares sont les femmes qui ont été informées des processus physiologiques qui allaient être en jeu et de leur capacité à les accompagner. Par contre, en général elles sont bien informées sur les procédures et gestes médicaux. Si cette information est utile, on constate parfois que les femmes les intègrent comme faisant partie intégrante d’un accouchement classique (Si mon corps est défaillant, les médecins seront là pour m’aider).

Les besoins fondamentaux d’une femme qui accouche sont ainsi souvent mis au second plan.

De quoi une femme qui accouche a-t-elle besoin ?

Elle a surtout besoin de se sentir bien et en confiance ! Et cela n’est pas la revendication désepérée d’une mère en manque de tendresse !! Non. C’est ce que démontrent plusieurs scientifiques et gynécologues qui se sont intéressés aux interactions entre notre cerveau et notre corpsau moment de la mise au monde, ce que certains appellent la physiologie de l’accouchement.

Ces scientifiques expliquent que la production de certaines hormones est au coeur du processus de la naissance, là où d’autres hormones ralentissent voire bloquent le travail utérin lorsqu’elles sont produites pendant l’accouchement…

Les bonnes hormones, dont la pièce maîtresse est l’ocytocine, sont produites uniquement  dans un contexte où notre cerveau perçoit que nous sommes dans notre zone de  confort, et qu’il n’y a pas de risque imminent. La moindre source de stress peut stopper la production d’ocytocine, sous l’effet de l’adrénaline.

Ce jeu subtile des hormones nous vient de l’époque où nous accouchions dans un monde hostile, peuplé de bêtes féroces et qu’il nous fallait pouvoir fuir aux premiers signes d’un danger (et aller mettre au monde notre enfant dans un endroit plus sûr).

C’est étrange de réfléchir ainsi, mais nous ne sommes pas faites nous les femmes pour accoucher dans un milieu inquiétant. Il nous faut du calme et de l’amour. Ca aussi c’est démontré physiologiquement.

Du calme, du toucher et de l’intimité

Comment agit l’ocytocine? Les scientifiques l’appellent l’hormone du calme et du contact. Sa production est directement liée à une situation où l’on se sent protégée et en confiance. L’échange ou simplement le contact humain (les caresses, les massages) contribuent aussi à sa production. Tout ce qui peut favoriser un sentiment d’intimité et de douceur.

Son action est tellement complète et subtile que je pense que j’y consacrerai bientôt un post dédié. Il faut retenir que c’est une puissante alliée pour rendre les contractions plus efficaces mais aussi moins douloureuses. C’est aussi un « euphorisant » qui nous place sur un petit nuage.

N’est-ce pas l’hormone que l’on produit lorsque l’on médite, que l’on mange un bon repas ou que l’on a un orgasme ? On en veut aussi lorsqu’on accouche !

Sachez aussi que c’est de l’ocytocine sous forme synthétique que l’on administre aux femmes (parfois sans leur dire) pour relancer ou accélérer le travail. Mais l’ocytocine sous forme chimique provoque des contractions plus brutales, moins intégrées dans un équilibre naturel fabriqué par notre propre corps. Elle a aussi l’inconvénient de saturer les capteurs et d’ordonner à notre cerveau de stopper la production de l’ocytocine naturelle.

Tenir la main alors et puis c’est tout?

Il est ainsi essentiel de tenir la main d’une femme qui accouche, au sens propre comme au sens figuré. Il est aussi important de réfléchir avec elle ce que l’on peut aménager dans la salle de naissance pour qu’elle se sente plus confortable (baisser les lumières, placer un objet familier, demander au personnel soignant de frapper délicatement à la porte avant d’entrer, se placer de manière à ne pas être face à la porte et s’exposer aux regards lorsqu’elle est ouverte…).

A ce sujet, toutes les femmes sont différentes et seront sensibles à des paramètres variés. Mais leur poser la question et leur montrer qu’on le porte le plus grand soin à les aider à s’installer dans leur petit cocon est déjà un moteur important pour favoriser la production des hormones qui les aideront à mettre au monde leur enfant.

Je finis juste en soulignant que cette attention particulière fait partie du job des doulas, directement et/ou en soutenant le père dans ce rôle. Certaines de mes consoeurs disent que nous sommes des usines à ocytocine. J’aime beaucoup cette image !

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Retrouvez Anne et Géraldine sur

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