Le jour où un virus nous a fait comprendre ce que vivent les enfants
|Je vous propose aujourd’hui un article invité offert par Evelyne Mester, auteure du livre Mon enfant, mon égal (éd. Le Hêtre Myriadis).
Evelyne est coach certifiée et coformatrice, praticienne en Programmation neurolinguistique (PNL), formée à la Communication NonViolente de Marshall Rosenberg et mère de quatre enfants. Elle a cofondé avec Stéphane Witzmann Le Jeu de la vie, un organisme de formation au coaching et à la communication respectueuse.
Aujourd’hui, elle nous offre justement un « jeu de miroir » qui nous permettra de réfléchir à cette notion d’obéissance dans l’éducation et ailleurs…
« Je sais pas si vous vous sentez comme moi, en cette période de crise sanitaire due au Coronavirus, j’ai l’impression d’être retombée en enfance.
-Je peux aller faire un tour mais pas trop loin.
-Je dois rentrer à l’heure sinon je suis punie.
-Je suis surveillée et je me cache derrière un arbre même si je n’ai rien fait.
-On me rabâche sans cesse la façon dont je dois me laver les mains et comment je dois me comporter avec les gens dans la rue.
-Si je manifeste mon désaccord je suis fermement priée de me taire.
-On s’adresse à moi par sarcasmes quand on croit m’avoir prise en faute.
-On prend des décisions sur mon quotidien sans me concerter.
-On me cache des choses, j’entends chuchoter mais je ne connais pas la vérité.
-Mes besoins essentiels sont soumis à approbation.
-On me met en place des tableaux de comportements bons ou mauvais.
-J’ai le droit d’exprimer mes émotions, mais je dois respecter le cadre et les limites.
-Je ne participe pas à la résolution du problème car mon cerveau n’est pas assez développé et je dois rester à ma place.
-On me contraint mais c’est pour mon bien, pour me protéger.
-J’ai la trouille, alors je fais ce qu’on me dit.
Je suis interpellée par le vent de révolte que je commence à percevoir parmi la population : « Comment est-ce possible qu’on nous prive autant de nos libertés fondamentales ? On ne sait même pas si ce qu’on nous impose est la bonne stratégie pour nous protéger… On est totalement infantilisés !»
Même les plus disciplinés d’entre nous ne savent plus où donner de la tête avec les injonctions mettant à mal leur logique personnelle.
On voudrait parfois refuser, du moins changer des choses, ne pas devoir accepter ce qui n’a pas de sens, et en même temps on a peur, et puis on est coincé de toute façon : qu’est-ce qui est en notre pouvoir ? On risque tant si on conteste les décisions… alors on courbe la tête et on attend que ça passe. On verra plus tard, un jour on sera libres.
Bienvenue dans le monde des enfants.
« Eux c’est pas pareil justement, c’est des enfants. Ils ont besoin d’être guidés. »
Et si ce n’était pas le cas ?
Et si les parents faisaient fausse route dans leurs croyances ?
Vous rappelez-vous votre propre enfance ? Vos envies de liberté ? Votre sentiment d’injustice profond, ou d’impuissance ? Votre empressement à grandir pour enfin atteindre l’âge où vous pourrez choisir votre vie, au bout de dix-huit longues années soumis à la volonté des adultes ?
« Oui mais dans la vie il y a des règles, faut bien leur apprendre à les respecter, sinon c’est le bordel !»
Le chaos est tout à fait évitable, nous sommes juste trop habitués à fonctionner sur le modèle dominant-dominé et connaissons rarement d’autres façons d’interagir au quotidien.
Or nous pouvons apprendre à nous connaître profondément nous-même, à savoir respecter nos propres limites et celles des autres membres de la famille, et non pas celles arbitrairement posées, à communiquer aux autres nos besoins et à trouver des résolutions de conflits gagnant-gagnant avec eux.
Si chacun de nous sait faire cela, en ayant le courage d’aller en introspection en soi et d’être transparents et authentiques envers les autres de tous âges, il est possible de vivre ensemble quasiment sans autres contraintes que celles qu’on décide de se mettre à soi-même par choix.
« Ohhh mais quelle belle utopie ! »
Oui, ça paraît infaisable et pourtant personnellement nous le vivons au quotidien chez nous et nous ne sommes pas les seuls.
Exiger l’obéissance est plus facile et efficace à court terme, tellement rassurant pour ceux qui décident. Les parents sont souvent convaincus que l’espace contenu entre les limites que l’on impose aux enfants, telles des murs infranchissables guidant leur chemin, sécurise leurs petits. Il sécurise les parents, ça j’en suis sûre.
Et grandir enfermé ne semble pourtant pas le plus efficace pour développer son plein potentiel, ses particularités, son assertivité, son sens des responsabilités, et son esprit critique.
Mais encourager l’émergence de personnes confiantes en elles et libres est-il dans l’intérêt des « plus grands » ?
Pour aller plus loin, je vous invite à :
- vous abonner à la chaine Youtube du « jeu de la vie »
- visiter le site internet « Mon enfant mon égal »
- Lire le livre « Mon enfant mon égal » au format papier et numérique
Disponible sur :
Merci c’est interressant mais concraitement, il faut eduquer ses enfants de quelle façon ?
Bonjour Axis Mundi, merci pour ton commentaire, je me permets de répondre, je suis l’auteure de l’article.
C’est justement une première réflexion utile pour nous positionner au quotidien autrement de ce qu’on fait par habitude ou répétition par rapport aux générations précédentes : ouvrir les yeux chaque jour sur la façon dont on traite les enfants, et les laisser reprendre une place de choix dans la société, en cessant de les soumettre aux adultes. Certes ça parait bien complexe, commençons donc déjà dans nos maisons, avec cette simple question à chaque instant : « comment je ferais si c’était un adulte ? Qu’est-ce que je dirais si c’était un adulte ? » Et voir comment adapter notre attitude à nos prises de conscience.
Je propose un changement de point de vue qui mène à la créativité au quotidien, en invitant les familles à fonctionner à leur façon, sans méthode éducative, mais sur une base de connaissance de soi et de communication avec les autres. Car il ne s’agit plus d’éducation, mais juste de cohabitation avec partage en tous sens de ce qui a envie d’être partagé, en veillant les uns sur les autres et sur soi-même.
Tu peux trouver de nombreuses pistes pratiques dans les liens vers mon blog et notre chaîne Youtube que Papapositive a mis en bas de l’article. N’hésite pas à venir me questionner directement sur mon blog ou sous mes vidéos.
Merci Merci Merci
J’ai été profondément touchée par cet article. Je me suis sentie rejointe.
Je vais le partager pour qu’il soit lu par le plus grand nombre d' »anciens enfants »… et je démarre ma journée emplie de gratitude et d’ouverture.
Encore un grand merci.
Ton commentaire Tuyet Ngoc, me réjouit beaucoup (je suis l’auteure de l’article). Merci à toi.
Bonjour, comment on doit réagir avec son fils de 19 ans quand il laisse tout ce qu’il a à faire pour demain ( et demain arrivé il ne le fait pas non plus) mais il n’aime pas qu’on lui dit où qu’on insiste qu’il faut qu’il réagis…?
Bonjour @petrachi
Je te poserais la question à toi : qu’est-ce qui te touche dans son comportement ? Où ça fait mal en toi ? Qu’est-ce que ça vient gratter de tes valeurs, des besoins, tes envies, ta vision de la vie ?
Une fois que tu as pu prendre la responsabilité des ressentis que cette situation a enclenchés en toi, tu peux voir lesquels de tes besoins ne sont pas satisfaits, voir comment en satisfaire une grande partie seul(e), et exprimer aussi tes émotions et besoins à ton fils, sans jugement, sans exigences, avec sincérité sur ce qui se passe en toi.
Il se peut que des miracles d’empathies apparaissent (attention de ne pas glisser vers le chantage affectif, ce n’est pas de ça qu’il s’agit, mais juste de sincérité et transparence, sans sous-entendus), et il te faudra peut-être aussi accepter que ton fils pourrait ne pas en tenir compte. Et donc trouver d’autres moyens pour satisfaire ces besoins-là, que de passer par lui.
Bon courage. N’hésite pas à visiter mon blog où tu auras plein de pistes.
Evelyne.