Les inconvénients d’une éducation stricte et trop autoritaire (+ alternatives)
|Nous pouvons croire qu’une éducation stricte produit des enfants mieux éduqués. Or, les dernières études psychologiques et les découvertes en neurosciences affectives (relayées brillamment par Catherine Gueguen) ont démontré que c’est l’empathie qui permet à un enfant de devenir responsable, respectueux et autonome. C’est d’ailleurs cette empathie qui est également centrale dans l’apprentissage en général (voir cet article).
Il est donc temps de cesser de penser qu’un « bon » parent sait se faire obéir et doit utiliser des méthodes qu’ils n’aimeraient pas lui-même subir (et pour lesquelles il s’oppose peut-être dans un autre contexte comme le travail) : punition, chantage, menace, violence, humiliation, interdit, reproche,…
D’ailleurs, il n’y a pas réellement de « bon » ou de « mauvais » parent. Nous agissons tous selon ce que nous pensons être la meilleure voie jusqu’à une étincelle de conscience qui nous incite à tester autrement pour obtenir des résultats différents. C’est ainsi que nous apprenons et avançons.
Je voudrais aussi balayer un argument qui apparait souvent :
« L’éducation « à la dure » prépare les enfants au monde dans lequel ils vont vivre. »
Je réponds « non ». Le monde dans lequel les enfants vont vivre est celui qu’ils vont construire (ou réparer). Autant qu’ils le fassent ensemble, dans l’entraide et en paix avec eux-mêmes plutôt que dans une constante opposition/compétition.
Ajoutons qu’on peut aussi éviter de préparer à une hypothétique violence par l’exposition à la violence. A quoi bon tenter d’habituer à la souffrance et à la domination. Car on façonne ainsi le regard des enfants pour qu’ils ne craignent et ne voient que cela dans le monde dans lequel ils vivent…or il n’y heureusement pas que cela (en dépit de ce que peuvent présenter les médias).
6 inconvénients d’une éducation stricte et trop autoritaire
Sur son blog Aha Parenting, Laura Markham évoque les inconvénients d’une éducation stricte et autoritaire et la nécessité d’accompagner l’enfant dans le développement de l’auto-discipline et de l’auto-régulation (plutôt que de le rendre dépendant et soumis à une autorité extérieure).
Elle cite ainsi :
- L’éducation stricte prive les enfants de la possibilité d’internaliser l’auto-discipline. Ce qu’on leur impose (via des limites, des interdits) de force n’est pas accepté car ne venant pas d’une conviction profonde.
Solutions : établir des règles, proposer des choix, formuler positivement ce qu’on attend (et non ce qu’on ne veut pas) - L’autorité est basée sur la peur et apprend aux enfants à acquérir ce mécanisme de manipulation avec autrui.
Solutions : l’écoute émotionnelle et l’aide à la verbalisation - Les punitions provoquent dépression et colères. Une éducation stricte dégrade l’estime de soi des enfants qui se sentent impuissants, seuls. Elle fait naitre de l’agressivité (réflexe auto-défense, crainte d’une souffrance à venir).
Solutions : voir cet article - Les enfants élevés avec une discipline stricte pensent que le pouvoir/la force a toujours raison : avec une autorité stricte, les enfants apprennent à se plier et à obéir mais n’apprennent pas à penser. De plus, ils peuvent utiliser le mensonge et la manipulation pour éviter les punitions (le peur de la punition est la première motivation pour mentir selon Paul Ekman)
Solution : la discipline positive - Les enfants élevés avec une discipline stricte ont tendance à se rebeller en grandissant : en effet, la discipline stricte empêche l’enfant de développer son auto-régulation émotionnelle et les enfants sont donc plus exposés à des explosions de colère par exemple. Une fois ado et adulte, ils vont s’opposer à cette autorité et à ses symboles. Notons que l’intelligence émotionnelle est utile pour comprendre autrui et entretenir des relations de qualité. L’éducation stricte est un frein au développement de l’intelligence émotionnelle.
- L’autorité stricte aseptise la relation parent/enfant et affaiblit les liens : la pratique de l’autorité stricte prive les parents de leur empathie et les place dans une perspective de rapport de force avec les enfants. Ceci crée un déficit d’amour et d’affection des deux côtés.
Les alternatives à l’autorité stricte :
L’alternative principale à l’éducation autoritaire est l’éducation positive (qui n’est pas permissive ou laxiste). Elle allie bienveillance et fermeté. C’est le sujet central de ce site.
Vous pouvez opter pour la discipline positive dont voici 5 astuces extraites du livre de Jane Nelsen :
- Être le miroir de l’enfant
Plutôt que de reprocher une chose à l’enfant, il est judicieux de lui de décrire ce que vous voyez en formulant une phrase telle que celle-ci : « Je vois que ton vélo est dehors et il commence à pleuvoir ». Cette manière de procéder ne place pas en défaut l’enfant qui va comprendre par lui-même ce qu’il doit faire. Cette notion de miroir sert également à valider les émotions (et à développer l’intelligence émotionnelle et relationnelle) : « Je vois que ceci te rend triste ». - Être attentif
Un des besoins fondamentaux de l’enfant est l’attention qu’on lui porte. Donc prenons l’habitude de leur accorder totalement. Cette attention s’exprime surtout par une attitude et par des mots. L’attitude inclut le regard (en se baissant au même niveau pour se connecter) et la posture d’écoute. Les mots appuient cette attitude : « je vois que… » « j’ai l’impression que tu es fatigué » « j’aime te voir lire. » Si nous ne pouvons pas accorder tout de suite une attention totale, prenons 30 secondes pour l’expliquer à l’enfant et assurons-le que nous nous libérons dès notre tâche terminée. Ces 30 secondes sont souvent suffisantes pour apaiser un enfant dans un premier temps. Notez que tenir notre promesse est essentiel. - Enseigner aux enfants ce qu’ils peuvent faire
Au lieu de dire aux enfants ce qu’ils ne doivent pas faire, indiquons-leur et montrons-leur ce qu’ils peuvent faire. Exemple : » Ne cours pas ! » deviendra « Marche doucement » ou encore « Ne touche pas à la lampe ! » deviendra « Tu peux jouer avec les casseroles ». On peut aussi les aider à apprendre en leur posant des questions : « Comment fais-tu pour marcher doucement ? » « Où joue-t-on à la balle ? ». Donnez ainsi la règle, par la limite ! - Montrer sa confiance
Un enfant en qui on a confiance fait des miracles ! Si une erreur est commise, inutile de reprocher, faire la morale ou se substituer à l’enfant, dites-lui « J’ai confiance en toi pour réparer cela ». C’est en testant et en ajustant qu’on apprend et qu’on devient autonome. - Choix limités
Pour guider un enfant et augmenter son engagement, inutile de lui ordonner de faire telle ou telle chose. Proposez-lui plutôt des choix limités : « Tu préfères enfiler ce pantalon vert ou ce jogging rouge ? » « On va à la voiture en sautillant comme des lapins ou en marchant comme des crabes ? » « Tu préfères te brosser les dents maintenant ou après avoir mis ton pyjama ? » Cette méthode apprend à l’enfant à prendre des décisions et à analyser leurs conséquences. Il gagne ainsi en autonomie.
D’autres ressources ?
La discipline positive au quotidien (téléchargement pdf gratuit)
10 astuces efficaces pour que les enfants écoutent (par Véronique Maciejak)
40 astuces, infos et conseils pour une éducation bienveillante
Yes !
On peut aussi lire le passionnant « C’est pour ton bien » d’Alice Miller qui montre bien les ravages d’une éducation basée sur l’autorité et l’obéissance. Outre le constat de l’inefficacité, elle nous montre combien il est difficile (mais pas impossible) de sortir de la compulsion de répétition : le violenté violente…
On peut aussi lire « les 5 blessures » de Lise Bourbeau qui a le mérite de nous replacer dans un schéma d’analyse qui peut être rassurant et facile d’accès.
Merci pour cet article !
Merci pour vos messages et ces conseils lectures. A bientôt. 🙂
Merci
Cela fait du bien… pour éviter la chaîne infernale de la répétition..
Au nom du père
Je me remets doucement d’une rupture avec une femme toxique +++, après la phase de sideration devant l’etendue de la manipulation dont on a été victime, on s’interroge sur la proie qu’on est resté depuis 20 ans et là : BOUM ! Je me rends bien compte que mon éducation m’avait déjà formaté pour me laisser manipuler ainsi…nouvelle étape de sideration…Mais j’avance ! L’autorité est nécessaire mais elle brise les gens.
@boul
20 ans de mariage avec une femme autoritaire, égoïste ou que la punition était une solution pour chaque conflit. J’ai l’impression d’avoir rater l’éducation de mes deux enfants (15 et 10 ans)
Il n’est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ. Nous avons tous une capacité de résilience . Le regret nous empêche cependant de nous concentrer sur le présent. Donc mieux vaut essayer de vivre l’instant en y insufflant les valeurs de cœurs que nous souhaitons. L’amour et la bienveillance font des miracles. 🙂
Malgré l’éducation non punitive et empathique que j’ai donné à mes 3 enfants (1 garçon et 2 filles), mes filles de 12 et 14 ans argumentent constamment et cela depuis toujours. J’espère qu’un jour elles vont s’accorder mais en attendant c’est difficile.
Tellement vrai….
J’ai eu droit à une éducation stricte, papa militaire oblige…
Je tente de faire mieux avec mes enfants mais quand « bienveillance » flirte avec « chassez le naturel, il revient au galop », ça crée des incohérences…. qui j’espère ne feront pas trop de dégâts… Heureusement, on parle bcp….et on exprime ses émotions, et là, au moins pour ça , je sais que je ne me plante pas.
Vos articles m’aident bcp à me recadrer, à progresser. MERCI vraiment.
Mon fils a 4ans
Et le souci edt que lorsque je lui demande tu préfère meyre ce pantalon ou le bleu .. il me repond ni l’un ni l’autre.. quoi répondre à ça.
Et lors des repas c’est toujours les mêmes disputes qui reviennent car il ne reste pas a table il veut jouer.. idem quoi faire ?
Il a une sorte de manque de confiance en lui comment faire poyr qu’il est confiance?
J’avoue que je l’ai éduqué avec la mise au coin ce qui me fais un peu culpabiliser quand je lis votre article car j’ai vu que ce n’est pas la solution.. se peut-il que son manque de confiance vienne de là ?
Merci d’avance pour vos reponse
Bonjour ,
Oui pas toujours facile de trouver les bons mots ou la bonne façon de réagir dans certaines situations. Mon garçon a 5 ans et très souvent il a un comportement qui me gonfle . Et souvent aussi je me dis qu il est formidable . Le mieux qu on puisse faire à mon avis c est de lui dire ce qu on ressent , essayer de le traiter comme on aimerait être traité et accepter que parfois ça ne marche pas et apprendre à « lâcher » de temps en temps . Dans le cas du repas en famille , lui expliquer pourquoi c est important de manger ensemble et essayer de passer ensemble des bons moments . Nous vivons en Norvège et l approche éducative est très souple . Le norvégiens sont extremenent tolérant avec leurs enfants qui au standard français sont très mal éduqués (c est d ailleurs pour nous parfois un problème quand nous voyageons en France) . Après le résultat c est peu ou pas de crise d ado , et des jeunes adultes Très respectueux des autres et qui ont beaucoup de confiance en eux même . Conclusion accepter que son gosse n est pas parfait et au lieu de lui apprendre les bonnes manière à table lui donner envie de partager et de passer des bon moments ensemble .
Matt
PS: pour le coin ça ne sert à rien de culpabiliser , aucun parent n est parfait et tout peut se rattraper!
Bonjour ma fille de 13 ans pense qu’on a une éducation stricte . C’est elle qui nous a guidé sur cette page. On a toujours discuté on a toujours laissé le choix mais bien sûr avec des restrictions car si on lui laisse faire elle sortirait tous les jours avec des personnes qu’on ne connaît pas
On l’a surpris fumant la chicha
Du coup on a fouillé sur ses réseaux sociaux et là : découverte de vidéo et photo limite pornographique
Quand je l’autorise à rester avec des copines à la sortie de l’école elle ment en me disant qu’elle est avec untel alors que ce n’est pas vrai… et ne respecte pas les horaires et j’en passe
Elle est dans la manipulation nous met sous pression en nous menaçant de fuguer et dans tous les cas partir de la maison à 17 ans
J’ai besoin d’aide
Nenette,
Peut-être lui expliquer qu’il y a une difference entre l’éducation stricte et une éducation tout court.
A 13 ans, sortir seul c’est dangereux. Un enfant en danger se retrouve vite devant le juge des enfants (ça apparaît comme une menace mais c’est surtout un état de fait).
Fumer de la chicha n’est pas autorisé par la loi, donc ce faisant elle s’expose aussi àune visite au tribunal.
En gros si elle continue, elle pourra toujours vous reprocher de lui avoir imposé une éducation stricte si ça l’amuse mais elle fera moins la maligne devant les autorités. Si elle décrit sans mensonge la façon dont vous dites l’avoir élevée, elle perdra toute crédibilité. Elle se rendra compte que ce n’est pas elle qui a raison (ou que tout le monde a tort sauf elle…).
Dans tous les cas, la ramener a la réalité en lui exprimant ce que son comportement provoque comme sentiment chez vous (beaucoup d’inquiétude j’imagine). Or pour calmer cette inquiétude, il faut qu’elle montre que vous puissiez lui faire confiance, ce qui ne se fait pas en mentant et en commettant des infractions.
Y a 20 ans quand j’éduquais ma fille, et que pendant 2 heures au soir, t’essayais le dialogue, l’empathie, la négociation, de lui faire comprendre que c’était pour son bien, bref, de jouer au psy, et que ta fille te boude toujours ses haricots parce que c’est pas bon en te faisant comprendre de manière hautaine et en croisant les bras qu’elle les mangera pas (attitude que j’adore particulièrement et qui ne me met pas du tout en rogne n’est-ce pas)… Eh ben, un bon aller retour, le nez dans l’assiette, et au lit ! !! Le lendemain au réveil, ptit dej aux haricots de la veille au soir, et ne vous inquiétez pas, ils sont mangés avec le sourire. Quand je vois aujourd’hui dans les magasins ou dans certains lieux publics, des enfants qui se roulent par terre, ou qui piquent des crises, je me dis qu’il faut pas trop abuser de l’éducation non punitive non plus… Une autre époque… (Je précise que ma fille va bien aujourd’hui, elle a bientôt 30 ans, elle a 2 enfants, un bon métier, et elle n’a pas de problèmes mentaux.)
MoiMohamed j ai 13 ans je vis avec ma grand-mère je la trouve stricte elle veut
Pas que je sorte donc je suis toujours a la maison mon oncle a acheter une nintendo swich pour moi .
Elle l’a prise et là mise dans le placard comme pour justifier son action elle dit
Parce que j ai pas suffisamment etudié alors qu elle sait très bien que j apprendre
Vite ,et chaque trimestre je suis 1er ou 2e jai de bonne note quoi
Je ne fais rien de ma journée a part mourir d ennuis.
Quelqu’un n a pas de solution a mon problème?
Merci d avance
Je suis 100% en accord, je pratique tout ça au quotidien.
Cependant tout ça c’est chronophage ! On négocie tout le temps.
Alors oui quand on a le temps, pas d’enjeu, genre en rentrant le soir si il n’y a pas de devoirs, le we.
Mais au quotidien c’est simplement inapplicable.
Ma fille de 2 ans et 1/2 fait toujours traîner le lavage de main, le brossage des dents, le coucher, l’habillement du matin… Le we je lâche prise, c’est pas grave.
Mais en semaine, faut aller bosser, la déposer chez la nounou, le soir faut se coucher avant 23h, les dîners on peut pas les faire durer 2h. Et il faut aussi s’occuper de son petit frère de 7 mois.
L’année prochaine l’école ferme les portes à 8h30, on va faire comment pour la déposer à l’heure alors qu’on galère à la déposer à la nounou avant 9h15 ?
Alors ok quand on a le temps pas de contraintes pro ni perso ou qu’on a la chance de vivre dans un pays où il y a peu de contraintes pour les enfants, mais penser qu’on peut tout le temps faire comme ça c’est irréaliste.