Comment aider un enfant à surmonter sa timidité ?
|Tout d’abord, sachez qu’entre des 10 et 15% des enfants sont « timides » et qu’un tiers de ses enfants ne le sont plus à l’adolescence.
Ensuite, prenez note que les timides sont très appréciés dans notre société pour de nombreuses raisons. La première étant qu’ils savent écouter (et sont plus empathiques). La deuxième est que cette capacité d’écoute leur permet de prendre du recul pour mieux décider…ils évitent ainsi de nombreuses erreurs. Et la troisième est que la timidité n’empêche ni bonheur ni succès ! De nombreux acteurs hollywoodiens sont timides !
Je précise tout ceci pour éviter que vous exprimiez de manière inconsciente votre stress par rapport aux hypothétiques conséquences dramatiques de la timidité. Votre enfant sentira que « quelque chose ne va pas » et il risque de prendre encore plus de distance avec ses pairs.
Donc, restez zen. Vous avez envie que votre enfant ait des amis ? Peut-être lui-même n’aspire-t-il pas à une grande popularité. Un ou deux amis lui suffiront. L’essentiel est de respecter son choix, d’être à l’écoute de ses besoins et de ses émotions et de suivre les quelques conseils suivants :
– établissez des règles (expliquées, démontrées) précises dans votre éducation. Ce sont les repères principaux de l’enfant pour gagner en confiance et oublier sa timidité. La peur de l’inconnu tétanise (ou pousse au retrait défensif si vous préférez).
– encouragez les efforts et utilisez le renforcement positif : « j’aime te regarder faire ceci » , « Je suis épaté par ce que tu viens de faire. » « Tu m’autorises à raconter cela à … / à prendre une photo. »
– ne faites pas à sa place ce qu’il sait faire. La confiance en soi s’acquiert par la pratique et chaque réussite aussi infime soit-elle compte.
– aidez-le à valoriser ces réussites sous la forme d’un journal de réussites (quotidien, hebdomadaire) ou affichez un paperboard dans sa chambre où vous listeriez ces « exploits ».
– ne l’étiquetez pas en tant que « timide » ni devant lui ni devant quiconque. Donc, ne dites jamais « voici mon fils Jocelyn, il est timide ». Oubliez ce mot, on parvient très bien à s’en passer, croyez moi. 🙂
– ne le forcez pas à parler ou à agir. Ce n’est pas une injonction qui le motivera. Au contraire.
– évitez les phrases telles que « n’ais pas peur » ou « ils ne vont pas te manger » ou encore « tu ne risques rien ». Les images qui naissent dans la tête d’un enfant qui entend cela sont « peur », « manger » « risque » car le cerveau le comprend ainsi. Donc à bannir.
– si l’enfant se dévalorise en parlant, répétez et reformulez sa phrase en introduisant une notion de temps. « Je n’y arrive pas. Je suis nul. » deviendra « Tu n’y es pas encore arrivé, c’est vrai. Mais ce n’est qu’une question de temps. Tu te souviens de la dernière fois où tu as réussi à finir ce puzzle tout seul ? On avait même envoyé la photo à mamie.«
– si l’enfant doute de ses capacités sociales, évoquez un copain ou une copine qu’il a eu dans le passé et rappelez-lui la première fois où ils se sont rencontrés. Puis quand ils ont fait connaissance, échangé leurs cartes, fêté leurs anniversaires, etc. Soulignez qu’ils étaient de parfaits inconnus avant cela et que c’est votre enfant qui est à l’origine de ce lien social. Vous le replacez ainsi comme acteur du changement social via un ancrage positif.
– employez les phrases de la confiance en soi (voir cet article)
– donnez-lui l’occasion de gagner en confiance en aidant les autres à s’intégrer socialement : « as-tu remarqué que Zoé est toute seule depuis quelques minutes ? On dirait qu’elle a envie d’avoir de la compagnie pour jouer. Qu’en penses-tu ? «
– déclenchez des opportunités de s’entraîner à communiquer : allez au parc, inscrivez-le dans un club de sport ou d’échec,… de plus, le sport permet de gagner en confiance en soi.
– faites des simulations avec ces jouets. « La poupée aimerait devenir amie avec le dinosaure. Que pourrait-elle lui dire ? Que dit-on quand on croise quelqu’un pour la première fois ? Hey, imagine que ces deux là aient la même passion ? Ils vont parler pendant des heures !«
Ces jeux de simulation sont précieux car l’enfant est dissocié de son expérience personnelle. L’affect est donc moindre. Cela lui permet de s’exercer à des réfléxions et des décisions qu’il pourra dupliquer naturellement dans sa vie.
– apprenez-lui à se servir de sa voix : la voix est un outil essentiel pour communiquer. Il est important d’en maitriser les nuances et de se familiariser avec ses effets. Pour cela, amusez-vous à faire des imitations de ces personnages préférés (de film ou de dessins animés) et glissez progressivement vers des saynètes sociales.
– à partir des imitations, invitez-le à mimer les personnages : Buzz l’éclair marche avec le torse bombé, Captain America est rapide et agile, Elsa, la reine des neiges bouge gracieusement,… L’idée de ses exercices de mime est d’apprendre à votre enfant à adopter les attitudes de la confiance en imitant ceux qui ont confiance. « Faire comme si » fonctionne très bien. Essayez de marcher lentement, le dos courbé, la tête baissée. Comment vous sentez-vous ? Recommencez en accélérant le pas, la tête haute, le dos bien droit ? Vous vous sentez mieux ?
– vous êtes vous-même timide ? Tant mieux. Vous pouvez relire les conseils depuis le début est rejouer les scènes de votre passé pour leur rattacher des émotions positives. Ne le faites que si vous complexez d’être timide. Sinon, restez ainsi. Tout va bien. Quoi qu’il en soit, si votre enfant vous voit vous engager dans un effort social, il sera d’autant plus motivé. Faites-en un défi sympa entre vous en comparant vos tableaux des succès. 🙂
Dans ce processus, il se peut que vous mettiez le doigt sur une expérience sociale douloureuse de votre enfant comme une humiliation publique par des enfants dans la cours de l’école ou autres. Si c’est le cas, profitez-en pour pratiquer une écoute bienveillante (voir cet article) et aidez votre enfant à verbaliser ses émotions. Cela évitera aussi l’effet élastique qui risque de le poursuivre toute sa vie .
Ce conseil est aussi valable en cas d’échec dans ses tentatives sociales. Aidez-le à verbaliser et apprenez-lui à relativiser. A ce sujet, lui apprendre l’optimisme s’avèrera un formidable cadeau : j’en parle ici.
Lecture conseillée :
La timidité : livre de Catherine Dolto + outils
Un conte thérapeutique pour aider les enfants à avoir confiance en eux
Sources :