7 alternatives aux menaces dans l’éducation
|« Si tu ne fais pas ça tout de suite, tu vas voir ! »
« Continue de jeter les jouets et je te les enlève tous ! »
« Atttteeenntion… je ne vais par tarder à m’énerver… »
Les menaces sont une forme de violence verbale qui bloque le cerveau des enfants. Plus particulièrement, lorsqu’ils les entendent et qu’ils ont subi les conséquences de ces menaces, ils réagissent par peur et par stress au lieu de comprendre et de mémoriser ce que nous attendons vraiment d’eux.
Ce fait est facile à imaginer : si nous, adultes, sommes menacés par un autre adulte, notre système de protection se met en action. Nous envisagerons inconsciemment la fuite, le combat ou la sidération et agiront en fonction pour préserver notre intégrité physique et morale. C’est l’amygdale qui vibre, alerte le corps et mobilise les ressources.
À l’inverse, si nous recevons un message claire sur un ton respectueux avec un interlocuteur, nous aurons plus tendance à réfléchir et à modifier notre comportement de façon pérenne et consciente. Là, c’est notre cortex préfrontal qui est en marche. Il nous permet de nous connecter à autrui, de faire preuve de logique et de mémoriser/d’apprendre.
Une fois ces données neuroscientifiques et psychologiques assimilées, nous parents, pouvons nous engager dans des attitudes qui s’appuient sur notre cortex préfrontal et sur celui de l’enfant sans nous laisser emporter par les réflexes archaïques issus de l’amygdale. Nous pouvons, sous-entendu, avec de l’entrainement quotidien car, les habitudes et les conditionnements sont tenaces. En effet, si nous avons été éduqués par l’intimidation et la menace, nous appliquerons ces méthodes tant que nous ne prendrons pas conscience de leur utilisation systématique et automatique ainsi que des émotions désagréables et des blessures d’estime de soi qu’elles génèrent chez autrui.
Afin d’offrir à notre cerveau des alternatives aux menaces, je vous propose une liste qui visera à développer la collaboration plutôt que la confrontation avec les enfants.
Toutes ces alternatives impliquent d’avoir l’attention de l’enfant, donc veillons à nous abaisser à son niveau pour un contact visuel et attirons doucement son attention avant de nous exprimer. Notons aussi que si l’enfant est lui-même submergé par une émotion forte, il sera nécessaire de l’apaiser avant de rétablir les voies (voix) de communication. Un câlin ou une présente bienveillante contribueront à cela.
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Parler positivement
Le cerveau d’un enfant transforme la négation en affirmation car il ne sait pas encore inhiber un geste ou une pensée et se distancier d’une expérience. Alors, pour simplifier, parlons positivement.
Disons : « marche lentement » au lieu « ne cours pas » par exemple. -
Décrire ce que nous voyons
Faisons confiance à l’intelligence des enfants. Quand nous souhaitons qu’ils adoptent un comportement déjà observé et reproduit, décrivons : « Je vois des jouets éparpillés sur le sol et les bacs de rangement vides ».
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Partager nos émotions
Lorsque nous partageons nos émotions avec l’enfant, il ne se sentira pas agressé mais activera son système empathique propice à la collaboration. « J’ai peur lorsque je vois la hauteur de cette pierre que tu veux escalader. Comment assurer ta prise ? Vois-tu un autre chemin pour arriver où tu veux ? »
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Jouer et s’appuyer sur l’imagination
Le jeu est un outil idéal pour collaborer. De plus, il diminue immédiatement les tensions. « Oh, j’entends ta brosse à dents qui s’ennuie [Imiter la brosse à dents]. Je crois qu’elle aimerait beaucoup discuter et s’amuser avec des dents. »
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Montrer ou ne dire qu’un mot
Un enfant sort sans sa casquette en plein été sous un soleil de plomb ? Montrer le haut de sa tête ou de la vôtre ainsi que le soleil. Il comprendra vite ce que vous attendez. En complément ou remplacement, dites un seul mot posément : « Casquette » .
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Proposer de vrais choix
Un cerceau qui choisit est heureux ! De plus, suggérer des choix façonne la manière de penser. Dans la vie, j’aurai des choix ou j’en créerai !
Exemples : « Tu peux commencer par les haricots ou par les tomates. Que choisis-tu ? » « Tu préfères mettre le pantalon vert ou la robe noire pour l’école ? » -
Rappeler la règle
Une règle est une consigne (et non un interdit). Etablissez-la avec l’enfant et assurez-vous qu’elle soit comprise et accessible. Pour cela, il existes plusieurs astuces : faire une affiche avec l’enfant pris en photo lorsque ce qui est attendu a été réalisé ou laisser l’enfant dessiner la règle lui-même et l’afficher dans le lieu où elle s’applique. Lorsque une règle est appliquée avec brio, remarquez-le oralement pour renforcer le comportement et favoriser sa mémorisation : « Je vois que tu as réussi à lacer tes chaussures du premier coup ! »
Cet article est clair, concis précis, merci ! Il n’est pas toujours évident de trouver des alternatives à nos réflexes archaïques… Je me laisse souvent dépassée par mes émotions et à ce moment, c’est plus facile pour moi de revenir aux vieux schémas que de faire autrement.
Il est donc d’abord nécessaire, pour moi, de faire redescendre la pression, ensuite je peux réfléchir et agir autrement, dans la communication et l’échange.
Bonjour, pourriez-vous expliquer le conseil n°5 svp ? En quoi le fait de limiter l’explicitation d’une règle/consigne présente-t-il un avantage pédagogique ?
Merci
De ce que j’en ai lu dans d’autres ouvrages:
Si la consigne est connue, le fait de dire peu de mots oblige l’enfant à reconstruire lui-même la logique entraînant la règle (il y a du soleil je devrais me protéger et mettre un chapeau) ce qui contribue à le rendre acteur. Plutôt que de lui ordonner de mettre son chapeau, le travail est pré mâché c’est moins intéressant et plus dur de se mettre en mouvement.
Il y a des moments plus propices à cette méthode que d’autres.
Si mes enfants sont en plein jeu et que j’essaie cette méthode dans le but de les faire ranger, venir à table ou finir leur jeu… en général ils m’ignorent
Je pense que ça marche mieux quand ce qu’on attend d’eux est peu disruptif dans leur activité en cours. (Mettre un chapeau pendant qu’on joue dans le sable, prendre une fourchette pour manger au lieu des doigts…)