« Si je ne crie pas, il ne m’écoute pas »

« Si je ne crie pas, il ne m’écoute pas »

Si cette croyance était vraie, nous aurions atteint un tel niveau sonore pour nous exprimer sur Terre que nous baignerions dans une cacophonie générale … ou un lourd silence de résignation.

De plus, si « crier » fonctionnait, il suffirait de crier une seule fois pour que la « leçon » soit apprise.

Un cri est comme un coup de poing envoyé au cerveau de l’autre. Le cerveau encaisse et réagit avec la même violence dès qu’il en a l’occasion…ou la blessure est tellement intense qu’elle provoque du mutisme (inhibition) et un retrait. Mais ce que le cerveau ne fait pas lorsqu’on lui crie dessus, c’est apprendre, réfléchir et mémoriser (c’est pour cela qu’on doit « crier tout le temps » quand on commence).

De plus, crier pour s’exprimer implique qu’on transmet ce modèle autour de nous : « J’ai le droit de crier quand je ne suis pas d’accord. »

Nous crions naturellement quand :

  • nous avons peur
  • nous sommes en colère
  • nous ressentons une immense joie

Si nous écartons la dernière proposition (dommage néanmoins !), nous comprenons que crier pour s’exprimer implique une souffrance de la part de celui qui crie (exaspération/colère) et pour celui qui entend ce cri (peur/sentiment de danger).

Bref, crier pour s’exprimer ne permet vraiment pas d’être écouté (au sens « compris ») mais permet :

  • de relâcher les tensions du crieur
  • de conditionner autrui en l’impressionnant (technique du dominant/dominé)

Alors, que peut-on faire au lieu de crier :

  • dire « je suis énervé.e » : c’est un signal pour les autres. Quelque chose ne va pas pour vous.
  • crier dans sa tête (le cerveau de fait pas la différence entre l’imagination et la réalité)
  • écrire au lieu de crier (ce n’est pas un presque anagramme pour rien)
  • s’isoler quelques instants pour se calmer (respirer 5 fois la main sur le ventre)
  • faire des pompes
  • se prendre dans nos bras en nous tapotant les épaules et fermant les yeux (câlin papillon EFT)
  • signer au lieu de crier 
  • créer un panneau « PAUSE » ou « STOP » à brandir au moment où nous sentons que la situation nous dépasse 

Une fois calmé, écoutons l’enfant (qui se sent déjà mal devant la poussée de stress de son parent en plus de son possible problème bloquant sa coopération) et formulons une demande claire en disant ce que nous voulons (au lieu de ce que nous ne voulons pas).

Puis établissons une règle qui encadre le cas où nous avons été obligés de crier pour « la même chose ».

[Sur un tableau, notez le jour et l’heure des cris ains que la cause]

Imprimons cette règle puis collons-la à l’endroit où elle doit être respectée.

Et rappelons ces règles a un débit de voix normal. « Quel est la règle en rentrant de l’extérieur ? » « C’est çà, les chaussures ! Merci . »

 

Mais si, une fois que j’ai fait tout cela, mon enfant ne m' »écoute » (collabore) toujours pas :

  • demandez-vous ce que vous comprendriez à sa place en entendant cette règle.
  • demandez-vous si vous comprendriez si vous-mêmes ressentiez une grosse émotion ou du stress
  • demandez-vous si l’enfant n’a pas entendu ou vu des messages contradictoires ici, à l’école, à la garderie,… les enfants observent et imitent
  • demandez-vous si l’enfant a suffisamment confiance en lui pour appliquer une règle
  • demandez-vous quel est le besoin de l’enfant pour qu’il agisse ainsi (voir aussi les objectifs mirages) et comment répondre à son besoin selon vos valeurs communes
  • demandez-vous si le cadre de vie est adapté à la règle (objets à portée de main, …)
  • demandez-vous si l’enfant a entendu des encouragements quand il a réalisé l’action correctement ou bien si uniquement ses erreurs ont été remarquées
  • demandez-vous si l’enfant a été suffisamment écouté avant d’espérer qu’il écoute (il a peut-être un souci qui le bloque)

Cela fait beaucoup de questions !

Mais en y répondant, nous cernons la complexité des rapports humains. Nous avons beau être dotés de parole, la communication est parfois difficile, surtout quand notre interlocuteur a un cerveau en plein développement et qu’il est en cours d’acquisition du langage.

Cependant, la réflexion finale est la suivante :

« Moi [citez votre prénom], est-ce que je préfère qu’on me crie dessus et qu’on me donne des ordres ou qu’on essaye plutôt de me comprendre et de me guider avec bienveillance ? »

 

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