Pourquoi les parents ne doivent pas cacher leurs émotions aux enfants

Nous avons déjà insisté sur l’importance de guider les enfants pour développer leur intelligence émotionnelle en acceptant leurs émotions, en les aidant à y poser des mots et en identifiant le besoin qui se cache derrière chaque émotion. Un pan important de cette « formation émotionnelle » est l’exemplarité. En tant que parents, il est de notre devoir d’appliquer ce que nous prônons. Il en résultera une véritable mise en cohérence de nos pensées et de nos actes ainsi qu’une meilleure connaissance de soi, pour le bonheur de tous.

Alors, bas les masques, évitons d’emmagasiner des pensées toxiques et des émotions désagréables pour adopter des habitudes saines et bienveillantes et émettre des demandes qui répondent à nos besoins. Notons que cette démarche est loin d’être naturelle. Un entrainement sérieux sera nécessaire pour lutter contre les habitudes léguées parfois depuis des générations et des générations.

Rappelons-nous de cette phrase de Haim Ginott en guise d’introduction :

« Une personne n’a pas besoin d’avoir une bonne raison pour se sentir comme elle se sent. Le seul fait d’éprouver un sentiment, c’est déjà suffisamment réel« .

Comme les sentiments sont réels pour les enfants, ils le sont aussi pour les parents. Les nier revient à occulter notre réalité du moment, à tricher, à mentir, à faire comprendre que les émotions et autres sentiments ne sont pas « normaux ». Or, ils le sont complètement. Ils sont même biologiquement normaux dans le sens où ils révèlent des besoins insatisfaits.


Voici les conseils que prodigue Haim Ginott dans le livre « Parents épanouis, enfants épanouis » à propos des sentiments des parents :

 

– chacun des parents devrait respecter ses propres limites.

– on ne peut se montrer un peu plus gentil qu’on se sent, mais beaucoup plus.

– il est important d’accepter la réalité de ses sentiments du moment.

– il est préférable d’être authentique avec ses enfants.

 

Nous comprendrons aisément que ces conseils ont une portée énorme sur notre bien-être ainsi que sur celui de nos enfants car ils structurent leur intelligence émotionnelle.

Marshall Rosenberg, instigateur de la communication non-violente, nous alerte d’ailleurs sur ces tâches que nous nous imposons. Être capable de remplacer des « je dois » par « je choisis » tout en identifiant nos motivations profondes améliorera grandement notre vie.

 

Comment procéder ?

Face aux sollicitations des enfants, marquons d’abord un temps de réflexion à ce que nous ressentons avant de répondre par l’affirmative car si nos actes sont en désaccord avec nos pensées, le stress va monter en flèche et c’est à un combat intérieur que nous nous livrerons. Et ce combat sera visible de l’extérieur. Les enfants percevront dans notre attitude que « quelque chose ne va pas ».

 

Cette étape d’introspection permettra donc :

1) d’identifier les émotions que nous ressentons (vous trouverez ici un vocabulaire des émotions).

2) de décrypter le besoin qui n’est pas satisfait dans le cas d’émotions désagréables (vous trouverez ici un lexique des besoins recensés par Marshall Rosenberg).

 

Une fois ceci réalisé, prenons la parole afin de verbaliser notre ressenti en employant le « je ». Attention à ne pas exprimer un sentiment accusateur. Ceux-ci ne sont pas tournés vers vous mais vers autrui. Ils génèrent des réactions négatives initiées par la honte, la culpabilité, etc.

En voici une liste fournie par Marshall B. Rosenberg :

Abandonné, attaqué, bousculé, bridé, coincé, contraint, déconsidéré, délaissé, dévalorisé, entrainé, exploité, ignoré, incompris, indésirable, maltraité, manipulé, materné, menacé, méprisé, mésestimé, négligé, obligé, pas apprécié, pas entendu, pas soutenu, persécuté, piégé, provoqué, rabaissé, rejeté, surchargé, trahi, trompé, utilisé.

Vous remarquerez que ces sentiments peuvent se compléter avec « par toi » et sont donc adressés à autrui comme des reproches.

 

Enfin, proposons une alternative ou émettons une demande claire qui répondra à notre besoin. Assurons-nous préalablement que la personne en face de nous est effectivement concernée par cette demande au risque de s’exposer à une confusion et une frustration.

 

Exemple de phrase :

« Les enfants, je me sens fatigué. Je me retire dans ma chambre pour une demi-heure afin de recharger mes batteries. Je suis certain que vous pourrez trouver une activité calme pendant que je me repose. »

 

Face à d’autres adultes (conjoints, amis, famille,…)

L’exemplarité est aussi valable dans nos relations avec les autres adultes. Je vous invite par conséquent à pratiquer de la sorte et à appliquer des méthodes de communication non-violente. Vous trouverez toutes les indications dans cet article. Ainsi, vous ressentirez moins de stress et de frustration avant de vous retrouver face à vos enfants. De plus, votre confiance en vous sera renforcée.

Voici un coup de pouce pour apprendre à dire non.

 

Pour finir…

Je souhaiterais rajouter une réflexion sur cette méthode : lorsque nous exprimons nos sentiments face à un enfant, il prend conscience des conséquences de ses actes sur les émotions d’autrui. Cela lui permet donc de devenir plus responsable, tolérant et empathique. Ces qualités seront très appréciées par ses pairs.

Qu’en pensez-vous ?

 

Sources :

Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) de Marshall B. Rosenberg

Parents épanouis, enfants épanouis de de Adèle FaberElaine Mazlish

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