L’isolement forcé n’a aucune vertu éducative

« VA TA CHAMBRE ! J’EN AI MARRE DE TES COLÈRES ! »

J’imagine que si nous subissions cela en tant qu’adulte, nous aurions du mal à le digérer…

Dans son livre « J’ai tout essayé », Isabelle Filliozat nous met en garde quant aux effets négatifs de l’isolement forcé d’un enfant (ou « time out »). En effet, jusqu’à 12 ans, il n’est pas capable de prendre suffisamment de distance par rapport à la situation qu’il vit (dissociation). Il est donc incapable de comprendre comment modifier son comportement de façon pérenne.

Nous savons aussi qu’ « un enfant submergé par ses émotions ne peut se concentrer et réfléchir sur qui l’a fait agir. » En gros, il ne parviendra pas à relier les causes et les conséquences ni à apprendre à modifier les causes pour transformer les conséquences. Ceci  car son cortex préfrontal, la tour de contrôle du cerveau n’est pas encore opérationnel (voir cet article). Lui crier dessus, l’isoler de force, le menacer,…ne fera que le plonger dans la panique et la confusion, laissant son cerveau émotionnel aux commandes, ce qui déclenchera une forte poussée de stress (qui, lorsqu’il est récurrent, endommage les neurones).

C’est donc plutôt à l’adulte de prendre un peu de distance afin d’éviter de crier sur l’enfant. Car ce dernier a besoin d’un accompagnement pour s’apaiser, identifier ce qu’il ressent, verbaliser et s’engager lui-même dans un processus de régulation (qu’il mémorisera progressivement).

Cette prise de distance peut aussi revêtir la forme d’un énoncé ferme des limites des parents : « Je cesse de jouer avec toi jusqu’à ce que tu agisses calmement. Les mains sont là pour s’amuser (et non pour taper) » Ainsi, l’enfant comprend peu à peu ce qui est attendu de lui et il prend conscience des limites et besoins de chacun (et de son influence sur celles-ci par ses actes).

Un mot simple donne également des résultats remarquables : l’utilisation du mot « Stop » à la place de « non » (voir cet article).

Enfin, précisons que l’isolement volontaire de l’enfant dans un « coin calme » n’est pas considéré comme un « time out » mais plutôt comme une stratégie d’auto-régulation émotionnelle.

Que se passe-t-il lorsqu’un enfant sous le coup d’une grosse émotion désagréable se retrouve enfermé et/ou isolé des autres :

  1. Il apprend à enfouir son ressenti et pense que ses émotions sont illégitimes => il ne se comprendra pas et ne parviendra pas à comprendre les autres sur le long terme (du point de vue émotionnel/besoin).
  2. L’endroit dans lequel il est isolé est « imprégné » de l’émotion bloquée. Si c’est la chambre, il ne faut pas s’étonner que le sommeil soit difficile…l’émotion désagréable se réactive à chaque fois qu’on se rend dans ce lieu.
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