Eduquer avec bienveillance ne signifie pas surprotéger ou faire croire à un monde utopiste

« L’éducation bienveillante, c’est le monde des bisounours. »

Cette phrase est un argument défensif pour éviter de remettre en question des croyances aussi fausses qu’anciennes.

Les enfants ne sont pas des mini-adultes qui ont soif de pouvoir. L’adulte peut l’être en revanche. Et l’adulte a peur de perdre ce pouvoir car il croit vivre dans un monde qui ne rêve que de le dominer ou de le dévorer. Mais le jeu du pouvoir nécessite que nous acceptions d’y participer. Or, c’est un choix étranger à l’enfant. Le jeu de pouvoir disparait quand on cesse de jouer à ce jeu. Vient alors le jeu de l’égalité et du respect. Ce jeu n’a pas de gagnant ni de perdant. Il n’y a aucune compétition. On apprend et on progresse grâce à nos erreurs (qui ne sont pas stigmatisées), c’est tout.

Lorsque nous évitons la violence verbale et physique avec les enfants, c’est pour préserver leur cerveau fragile et immature.

Quand nous décidons de les écouter au lieu de leur donner des ordres et d’exiger leur obéissance, c’est pour leur permettre d’apprendre et de réfléchir au lieu de se transformer en « moutons » dociles qui seront toujours à la recherche d’un « maître ».

Quand nous leur laissons la possibilité de réparer quelque chose qu’ils ont cassé au lieu de les punir, ils prennent conscience de la conséquence de leurs actes et acquièrent un comportement adapté par eux-mêmes.

Quand nous leur disons que nous sommes en colère au lieu de leur crier dessus et de les isoler, ils font aussi l’apprentissage de la communication respectueuse et empathique. Ils intègrent le fait qu’on peut être en désaccord sans attaquer et dévaloriser.

Quand nous remarquons leurs efforts et ce qu’ils réalisent avec succès plutôt que de les critiquer, leur confiance en eux augmente.

Ainsi, ils développent leur capacité à penser, ressentir et agir en écoutant et comprenant de mieux en mieux les humains qui les entourent.

Ils n’hésitent pas partager leurs émotions au lieu de les enfouir.

Ils croient en eux et grandissent dans un cadre défini par des règles et inspiré par des modèles qui font ce qu’ils disent, loin, très loin du laxisme…

Éduquer avec bienveillance est plus difficile que d’éduquer par la contrainte. Car cela oblige à déconnecter des élans instinctifs comme mordre, blesser ou frapper quand nous nous sentons agressés ou stressés.

C’est plus difficile aussi car cela implique souvent de s’opposer à sa propre famille, à ses amis, à la société, à la culture (les séries…), …et à soi-même, ce soi-même qui en a eu marre de dégrader le lien avec l’enfant par la violence, ce soi-même qui disait « je n’en suis pas mort » et qui a compris que la survie n’était pas un objectif valable face au fait de vraiment vivre. Ce soi-même qui a dit « non » à la violence et « oui » à tout ce qui diminue la souffrance, la sienne et celle des autres.

Bref, la bienveillance est le monde des bisounours si vous le souhaitez. Mais de mémoire, les bisounours trouvaient des solutions à leurs problèmes sans perdre leur joie de vivre et en s’acceptant telles qu’ils étaient.

 

Pour conclure, je dirai qu’il n’y a pas de concours pour remporter la coupe du meilleur parent. Il y a juste un partage de ressources récentes (et scientifiques) pour mieux comprendre ceux que nous aimons de tout notre coeur et que nous voulons voir heureux. Ce sont eux qui construiront le monde de demain. Ils sont en train de se former à cela. Voulons-nous leur transmettre des outils ou des armes ?

 

Voici la version audio de cet article :

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