Comment dire « non » à un enfant sans (trop) déclencher de crise

Quand un adulte me dit « non » sans aucune explication, j’ai un peu de mal à l’accepter malgré mon âge. La frustration passée, je me demande ce que ce « non » signifie et quel serait le « oui » qui se cache derrière. Quel est le besoin de l’autre ? Peut-on trouver une solution pour satisfaire les besoins de chacun. Ce processus est complexe (même pour un adulte), trop complexe pour un enfant.

Quand on oppose un « non » à un enfant, il aura tendance à glisser dans la colère et/ou la tristesse car son cortex préfrontal, siège de la réflexion exposée plus haut, n’est pas opérationnel et sera mis hors service par le stress inhérent à ce qu’on lui refuse. Il sera opérationnel plus tard. Patience. Et il le sera d’autant plus vite si nous, parents, accompagnons nos « non » avec empathie et bienveillance…mais aussi fermeté. Car sans la fermeté, nous sombrons dans le laxisme, une pratique éducative qui ne permet pas aux enfants de se construire correctement et de s’épanouir.

Qu’est-ce que cela signifie  ? L’empathie est la capacité de se mettre à la place de la personne en face de nous et de l’écouter afin qu’elle se sente comprise.

Quand on dit un « non » sec à un enfant et quand on exprime ce « non » avec une posture stricte et une distance trop importante, l’enfant se sent exclu du débat, sous stress, soumis voire en danger.

D’où les réactions d’attaque/défense qu’il peut alors adopter…ou de mutisme à la longue. Ce qui est pire car il a perçu qu’il n’avait pas le droit d’accueillir ses émotions…

L’idée pour éviter cet état de tension de l’enfant et de proférer un « non » en étant à ses côtés.

Quand cela n’est pas possible car nous sommes trop éloignés de la scène, nous pouvons gagner du temps en disant « STOP » (sans crier) et en levant la main pour signifier ce « Stop » pour stopper un geste en cours puis en s’approchant pour entamer le dialogue et proposer un soutien verbal et non verbal afin d’aider l’enfant à garder le contrôle de son cortex préfrontal. Sans ce cortex préfrontal, l’enfant ne mémorisera par correctement ce qu’on attend de lui. Il n’acquerra pas ce nouveau comportement que nous visons.

Une fois au contact de l’enfant, nous allons suivre ces 3 étapes :

  1. Nous mettre à son niveau, le regarder avec bienveillance et verbaliser son état émotionnel ou son stress si nous sentons que l’enfant est frustré : « Je sais que tu voulais faire cela. Je comprends que tu sois déçu/triste/en colère. » Ainsi les noeuds émotionnels se délient. L’enfant est prêt à écouter et à collaborer (son amygdale se calme). S’il est toujours stressé, proposons-lui un câlin.
  2. Dire notre ressenti avec un message « je »
    « Je ne suis pas d’accord car j’ai peur quand je vois la hauteur de cette balançoire »
    En exprimant notre ressenti avec un message « je », il se passe trois choses : La première est que notre émotion et notre stress diminuent. Nous sommes donc plus aptes à communiquer avec calme. La deuxième est que l’enfant apprend à faire de même en posant des mots sur ses affects, processus essentiel pour développer son intelligence émotionnelle. La troisième est que l’enfant n’est pas jugé et est donc prêt à écouter avec plus de sérénité. (plus d’exemples de message « je » ici)
  3. Expliciter ce que signifie notre « non » et les alternatives possibles
  • Soit en lui montrant ce que nous attendons : l’enfant observe et imite notre comportement.
  • Soit en exprimant clairement ce que nous attendons (formulation positive) : « Marche doucement à mes côtés » (au lieu de « NE COURS PAS ») (plus d’exemples dans ce tableau)
  • Soit en guidant son geste : accompagner le geste d’un enfant sur le point de taper pour le transformer en caresse.
  • Soit en lui proposant des choix d’actions : « Préfères-tu faire comme ceci ou comme ceci ? » L’enfant est ainsi plus engagé dans son action et se sentira valorisé car il aura réfléchi et décidé.
  • Soit en lui rappelant une situation identique ou proche pendant laquelle l’enfant à fait le geste approprié : « Te souviens-tu comment tu as réussi à traversé la route en toute sécurité ? C’est ça ! en regardant des deux côtés/en me donnant la main/en traversant sur le passage piéton/…« 
  • Soit en décrivant les conséquences logiques de l’action de l’enfant et en l’interrogeant : « En prenant la carafe d’une seule main, elle risque de s’échapper et l’eau va se renverser. Comment pourrais-tu faire pour que cela n’arrive pas ? Oui ! en prenant la carafe à deux mains et en rapprochant ton verre. Veux-tu que je t’aide ?« 
  • Soit en inventant un jeu : « Je comprends que tu préfères dessiner plutôt que d’aller à l’école.  Je te propose un jeu : le temps du sablier, tu as le droit de dessiner ce que tu veux et tu pourras même emporter ton oeuvre avec toi pour t’accompagner à l’école ! Tu pourrais me dessiner ! Comme ça je serai à tes côtés toute la journée ! Et attention de ne pas me faire ressembler à un hippopotame ! Merci ! « 

 

Rassurons-nous, si vous ne trouvez pas d’alternative possible sur le moment, vous pouvez temporiser.

« Je vais réfléchir et je reviens avec des idées sur ce sujet. »

Ou bien évoquer les limites des capacités de l’enfant avec humour sans le rabaisser + recherche de stratégies compensatoires : « Ce saut rempli de pierres me semble trop lourd. On va faire de la musculation ensemble et on reviendra tester notre force ! Attends, j’ai une idée. Et si on transportait les pierres une après l’autre ! Qu’en penses-tu ? »

 

Enfin, j’insiste sur le fait qu’un nouveau comportement demande du temps avant d’être intégré. Les connexions neuronales se mettent en place et se renforcent avec de l’entrainement…et avec le moins de stress possible (effets délétères du cortisol, hormone du stress).

Donc patience…et bienveillance bien sur. 🙂

 

Voici l’affiche et le fichier PDF à télécharger en cliquant ici.

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