Pourquoi les enfants mordent, frappent, pleurent, ralentissent ou se figent quand ils sont stressés

 

« Dépêche-toi  ! » « On va rater le train  » « Tu fais exprès ou quoi ? » « Vite, enfile ton manteau !!! » « Je pars sans toi ! » « Tu vas faire tes devoirs sinon… » « Tu me cherches là !! » « MARRE DE TOI ! »

Les enfants mordent, frappent, pleurent, ralentissent ou se figent quand on les stresse. Mais c’est complètement involontaire ! Cette réaction archaïque est un héritage de notre évolution comme le prouvent les neurosciences. 

 

Stress et amygdales

« Les réactions au stress et l’anxiété sont liées à l’activité des amygdales dans le cerveau. » nous explique Joël Monzée, docteur en neurosciences dans son livre « J’ai juste besoin de votre attention ».

 

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Emplacement des amygdales (Par User Washington irving/en.wikipedia)

 

Ces amygdales travaillent en boucle avec le cortex cingulaire à l’intérieur du cerveau émotionnel.

C’est dans ce cortex cingulaire que sont encodés les souvenirs et la mémoire des dangers que toute l’espèce humaine a appris à gérer.  Ce lien cortex cingulaire-amygdale permet au cerveau d’estimer si la réalité est sécuritaire, menaçante ou dangereuse. Et ce de façon automatique (ou inconsciente). C’est un mécanisme instinctif de survie.

Si jamais la situation provoque des peurs, les amygdales déclenchent les réactivités physiologiques, hormonales et comportementales de l’enfant selon deux polarité héritées de l’histoire de tous les mammifères : sous-réactivité et sur-réactivité.

 

La sous-réactivité : une réponse archaïque au stress

Un enfant qui se sent menacé, apeuré ou blessé déclenche des réponses psychomotrices spécifiques pour réguler son stress. La réponse la plus archaïque est l’immobilisation.

Cette immobilisation provient de l’action du système parasympathique dont les fibres contribuent aux activés de détente, de repos et de digestion, soit une diminution de l’activité métabolique.

C’est ce que nous observons dans la nature lorsqu’un animal « fait le mort » face à la menace d’un prédateur.Cela permet d’éviter les conséquences dramatiques d’une situation. En situation de stress, un individu aura tendance à réduire l’activité musculaire, au profit de celle des viscères, et à se dissocier de l’expérience émotionnelle en à rêvassant par exemple.

La réponse au stress par la sidération serait issue des dinosaures. À leur époque, ces reptiles géants avaient un excellent système visuel pour suivre et attraper une proie mais ils ne voyaient pas bien les détails, donc une proie immobile passait facilement inaperçue.

Les premiers mammifères qui sont apparus étaient petits et leur premier réflexe était donc de s’immobiliser pour échapper aux prédateurs.

Donc, si nous résumons, face à une situation dangereuse, le système parasympathique déclenche une sous-réactivité qui a pour conséquence deux comportements naturels illustrés par des situations inspirées du réalité :

  • Si une voiture fonce sur nous dans la rue soudainement : nous aurons tendance à nous immobiliser (ce qui n’est pas le cas si nous avons entendu préalablement le bruit du moteur et le Klaxon suffisamment tôt car dans ce cas, nous aurons une sur-réactivité pour fuir en sautant sur le côté comme nous le verrons plus loin dans l’article).
  • Si il y a un cours en classe avec une forte pression du résultat (anxiété de performance), le cerveau déconnecte de la réalité et se met à rêver. Ce n’est donc pas un déficit de l’attention, c’est là l’effet du stress.

Remplacer la voiture ou le cours anxiogène par un parent qui crie et menace, et vous comprendrez pourquoi les enfants se « bloquent », rêvent et ralentissent quand on est stresse/presse.

 

La sur-réactivité : deuxième réponse archaïque au stress

La deuxième réponse archaïque au stress est l’attaque ou la fuite.  Elle provient de l’évolution des mammifères. Les dinosaures ont disparu de la surface de la Terre et le danger a pris une autre forme moins impressionnantes…qui peut être vaincue en luttant.

Face à un chien menaçant qui fonce sur nous, nous n’allons pas rester immobile (sauf si nous sommes terrorisés). Nos systèmes végétatifs et hormonal vont mobiliser notre corps : augmentation  du rythme cardiaque, accélération de la respiration et libération d’hormones liées au stress (adrénaline, cortisol, testostérone,…). Le sang irriguera les muscles qui se tendront, prêts au mouvement. Notamment grâce à l’arrivée d’acide lactique et de molécules d’huile oméga 3-6-12 qui, en se brisant, donneront de l’énergie au corps. Combat et fuite sont alors possibles.

 

Et après ?

Le stress cumulé déclenche une saturation de l’organisme en cortisol. Le cerveau et le corps sont sous tension. Il n’est pas rare que l’enfant qui a subi ce pic de stress ait besoin de pleurer pour évacuer son stress et désactiver ses amygdales encore sensibles. Pour pleurer, l’enfant va parfois « provoquer » des situations conflictuelles afin que les adultes le « grondent ». Il est donc essentiel de ne pas rentrer dans ce cercle vicieux et de l’accompagner dans ses pleurs sans le blesser et sans tenter de les réprimer. Il se peut aussi que ce soit un simple biscuit cassé qui soit à l’origine d’une crise émotionnelle libératrice. C’est la goutte de stress qui fait déborder la vase…

Conclusion 

Que faut-il retenir de ces précieuses informations sur le stress : un cadre éducatif bienveillant, soutenant et empathique évite d’activer inutilement les amygdales dans le cerveau des enfants. Ce qui leur permet de garder leurs capacités de réflexion et d’action  indispensables à leur évolution. De plus, le stress s’avère nocif pour le cerveau. Le cortisol en trop forte concentration détruit les neurones.

 

Sources : « J’ai juste besoin de votre attention » de Joël Monzée est disponible sur :

 

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