Comment dire NON aux punitions (et autres violences)

Dans son livre « Bien comprendre les besoins de votre enfant« ,  Aletha Solter liste des arguments contre les punitions. Je vous propose de les découvrir ainsi que des alternatives efficaces et bienveillantes. 

La punition est définie ainsi : tout acte nocif ou désagréable infligé à un enfant dans le but de lui faire changer de comportement.

Selon l’auteure, il y a deux types de punition :

  1. les gestes qui provoquent de la douleur, comme la fessée ou les claques.
  2. le fait de priver un enfant d’attention, de liberté ou de privilèges (notamment par l’isolement et la privation)

Les conséquences de la fessée  :

Voici les conséquences de la fessée selon de nombreuses études :

  • elle ne change pas à long terme le comportement de l’enfant
  • si elle est utilisée à des fins éducatives, elle produit l’effet inverse en suscitant nervosité et anxiété
  • la violence se transmet. Des études ont prouvé que les enfants fessés par leurs parents se montrent belliqueux et agressifs à l’école.
  • la punition corporelle crée des distances entre les membres de la famille et les enfants qui la subissent ont un sentiment d’isolement et d’incompréhension qui les poussent à ne plus exprimer ce qu’ils ressentent.
  • l’autorité extérieure induite par la violence éducative bloque le développement de l’auto-discipline (et de l’autonomie). L’enfant est dépendant.
  • les enfants fessés éprouvent de la colère et de la méfiance à l’égard de toute forme d’autorité

Et en grandissant ?

Fessées, punitions, gifles, humiliations, provoquent de la dépression, de l’anxiété, de l’agressivité, des troubles de la personnalité, des troubles dissociatifs, des addictions…C’est ce qu’a démontré Martin Teicher, chercheur à Harvard.

cerveau

Point de vue des neurosciences  ?

C’est Catherine Gueguen qui nous en parle le mieux :

 »

  • L’hippocampe nous permet d’apprendre et d’avoir de la mémoire.

Quand les adultes sont soutenants dans la petite enfance, le volume de l’hippocampe devient plus important. Les encouragements sont donc essentiels dans le processus d’apprentissage. Les effets sont visibles au niveau neurologique.

Alors que quand on humilie l’enfant physiquement ou verbalement, l’hippocampe diminue et les circuits cérébraux sont transformés en profondeur.

  • Le stress provoque des niveaux toxiques de cortisol. Ceci détruit des neurones dans le cortex préfrontal et l’hippocampe.

 »

via : Les immenses vertus d’une éducation bienveillante (avec Catherine Gueguen)

Les alternatives aux punitions ?

La bienveillance, l’empathie et l’exemplarité sont trois axes principaux pour influer de manière pérenne sur les comportements des enfants.

 

5 façons de communiquer pour que les enfants écoutent :

  1. La formulation positive (sans jugement ni reproche):
    Disons à nos enfants ce que nous attendons (sans juger ni reprocher) et non ce que nous ne voulons pas afin d’éviter toute confusion :« Marche doucement. » au lieu de « Ne cours pas ! »« Joue avec ces cubes » au lieu de « Ne touche pas à la prise »« Parle doucement » au lieu de « ne crie pas ! »« Reste de ce côté du trottoir » au lieu de « ne traverse pas ! »Et d’une manière générale, établissons des règles plutôt que des limites.
    Plus d’explications dans cet article.
  2. La voix : au lieu de crier qui n’a pour seuls effets que de stresser tout le monde et de bloquer tout apprentissage, apprenez à vous servir correctement de  votre voix. En effet, un grand spécialiste dans ce domaine a donné la recette d’une voix qu’on a envie d’écouter :
    – parlez de la poitrine et non de la gorge ou de nez (registre)
    – prenez une voix riche, douce, chaleureuse (timbre)
    – adoptez une voix chantante et non monotone (prosodie)
    – changez de rythme d’élocution et utilisez des silences pour marquer les mots importants et laisser réfléchir (cadence)
    – variez le volume dans une échelle allant de l’enthousiasme au chuchotement.
    Plus d’explications avec Julian Treasure.
  3. La posture : pour parler à votre enfant, pliez les jambes et mettez-vous à son niveau, en face. Cela écartera toute notion de domination et vous n’aurez pas à élever la voix.
  4. L’humour : Faites parler/chanter/danser les objets/animaux ou rapporter une discussion que vous avez tenue avec eux récemment. Cette astuce qui fait appel à l’imagination des enfants est très efficace. Un jouet qui demande à être rangé dans son armoire a plus de chance de l’être (que si vous le demandez vous-même gentiment à votre enfant, c’est ainsi ! ).
    Plus d’explications et d’exemples ici et ici.
  5. L’écoute active : la meilleure manière d’être écouté c’est encore d’être à l’écoute ! Étonnant n’est-ce pas ? Si nous parlons moins et écoutons plus nos enfants, nous leur donnons l’occasion de devenir plus autonome et responsable. L’écoute optimale se traduit par une reformulation sans jugement, une verbalisation émotionnelle et un questionnement de curiosité. « D’après toi,… » « Je vois que… » « Tu dis que tu ressens de la peine… » 
    Conséquences : l’enfant a le sentiment d’être compris, respecté et a confiance en lui. Ceci le met dans une disposition favorable pour apprendre par lui-même. Pour compléter, vous pouvez le guider avec des petites questions ou des choix.
    Plus d’infos ici.

Une astuce pour garder son calme : la photo

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Pour calmer la colère (qui peut déclencher la violence) et garder le contrôle, réveillez vos instincts protecteurs avec l’astuce suivante :

Gardez près de vous une photo de votre enfant lorsqu’il était bébé. Lorsque vous sentez que vous allez perdre patience, isolez-vous quelques instants et regardez cette photo.

Souvenez-vous combien votre enfant avait et a toujours besoin de vous aujourd’hui. Replongez-vous dans vos souvenirs et laissez remonter les émotions. Cette afflux de bienveillance et d’amour vous permettra de modifier les images de colère dans votre cerveau et diminuera votre niveau de stress pour vous recentrez sur l’essentiel : le lien affectif et le bonheur que cela vous procure.

 

Anticiper les crises : la cohérence cardiaque

La cohérence cardiaque est un exercice de respiration qui « harmonise » le corps et l’esprit, diminue le stress et facilite le bien-être général.

2 ou 3 fois par jour, pendant 5 minutes, inspirez et expirez selon le rythme de la boule sur l’écran (ou utilisez une application telle que celle-ci).

 

Chercher des aides

Même si le web peut apporter une aide non négligeable, n’hésitez pas à vous entourer de personnes bienveillantes (amis, associations, professionnels,…) avec lesquelles vous pourrez échanger et qui vous soutiendront (sur place ou à distance). Il est important de se constituer un cercle de bienveillance (et de s’éloigner des sources de malveillance).

 

Ressources :

Voici quelques e-book gratuits :

« Le livret des parents » en téléchargement gratuit

La discipline positive au quotidien (téléchargement pdf gratuit)

Le livre blanc de la parentalité positive par Isabelle Filliozat (gratuit)

 

Et des liens supplémentaires vers des méthodes et informations :

Astuce parentale : la formulation positive !

20 phrases à dire aux enfants pour qu’ils écoutent

Une astuce universelle pour que les enfants écoutent

Le jeu du STOP & GO pour que les enfants écoutent

Les expressions anti-émotion à éviter avec les enfants

5 astuces de discipline positive pour tous les parents

Les enfants détestent les limites, ils adorent les règles !

LA méthode vraiment efficace pour arrêter de crier sur vos enfants

Apprendre à son enfant à ranger sa chambre en fonction de son âge

Comment s’adapter au cerveau de nos enfants ? Catherine Gueguen répond.

6 règles d’or pour encourager l’autonomie d’un enfant (Faber et Mazlish)

 

Outils supplémentaires :

27 cartes pour exprimer la colère sans violence

Le jeu des cartes émotionnelles !

 

Ouvrons le débat :

 

Peut-on être bienveillant envers les autres si on est malveillant envers soi-même ?

C’est très difficile en effet. La bienveillance envers soi-même consiste à faire preuve de patience, d’auto-compassion, de compréhension et d’optimisme.

Qu’est-ce que je ressens là, maintenant ?

Quel est le besoin qui n’est pas assouvi ?

Comment puis-je demander de façon non-violente ce dont j’ai besoin ?

Ai-je des projets en cours qui me remplissent de joie ou donnent du sens à ma vie ?

Ai-je conscience de tous les choix qui s’offrent à moi, chaque seconde ?

Suis-je capable de reconnaitre les voix malveillantes dans ma tête ? Celles qui me critiquent et me jugent ? Me contraignent au silence et à la souffrance ? A qui appartiennent-elles ? Qui m’a répété ces messages ? Qui a construit mes croyances à force de les marteler ?

Suis-je conscient de la chance que j’ai de pouvoir créer une nouvelle voix, celle de la bienveillance, celle qui me fait du bien et qui a pour objectif de rendre heureux et de contribuer à l’épanouissement de tous ?

Suis-je conscient de pouvoir observer ces voix ou ces images qui déclenchent des émotions désagréables ? De les laisser partir ? De porter mon attention sur le panorama qui me convient mieux ?

L’impulsion de bienveillance envers soi-même prend ses racines dans l’enfance. C’est là que nos croyances profondes ont commencé à grandir.

Par un jeu de miroir avec nos enfants, nous pouvons redistribuer les cartes et réécrire l’histoire, NOTRE histoire, en nous engageant dans le bienveillance et le bonheur.

Et pour cela, il est parfois nécessaire de changer de cadre (géographique et social).

 

Comment y parvenir ?

La lecture et l’écriture permettent de changer le décor de nos pensées, ou d’aérer la pièce si vous préférez.

Je pense que la bienveillance dans l’éducation est indissociable d’un travail sur soi de développement personnel.

Il faut commencer ce travail en se donnant d’abord le droit d’être heureux et de partager ce bonheur. Et ce, en s’adressant à notre enfant intérieur (voir cet article).

Ensuite, armons-nous de patience et de tolérance. Autorisons-nous à échouer, car c’est comme cela qu’on apprend.

La part la plus importante de ce voyage initiatique est la reconnexion avec nos émotions. Se redonner le droit de les écouter, de les accueillir, de les exprimer sans violence. (voir cet article et cet article)

Enfin, et pour encourager les efforts : pratiquer la gratitude. Tous les soirs, listons ce pour quoi nous sommes satisfaits et grâce à qui. Petit à petit, nous modifierons notre regard sur le monde.

J’évoquais l’écriture : elle est libératrice, simplificatrice et structurante. N’hésitons pas à nous en servir.

 

J’espère que cet article vous aura aidé.

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